L’impact du port à Contrecoeur sur la faune serait sous-estimé
La Presse Canadienne|Publié le 24 mars 2021(Photo: 123RF)
Des biologistes et experts de l’écosystème du fleuve Saint-Laurent ont publié, mercredi, un avis scientifique dénonçant les impacts du projet d’agrandissement du Port de Montréal à Contrecœur. Selon ces spécialistes de la conservation, les impacts du chantier sur le chevalier cuivré, une espèce en voie de disparition, sont grandement sous-estimés par les autorités fédérales.
Parmi les éléments dénoncés par ces experts, on retrouve les mesures de mitigation proposées par l’Administration portuaire de Montréal (APM) pour justifier la destruction de l’habitat essentiel du chevalier cuivré. Des propositions qui n’auraient tout simplement aucun fondement scientifique.
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Leur analyse du dossier soulève également d’importantes lacunes dans l’évaluation des conséquences liées à la remise en suspension de « quantités importantes de contaminants », dont une « forte contamination par les butylétains » associés aux navires-cargo. Les données évaluées jusqu’ici seraient insuffisantes pour « déterminer l’ampleur réelle de la contamination par les butylétains dans la zone ciblée par le projet d’expansion portuaire ».
Les biologistes craignent que ces contaminants toxiques viennent nuire à la reproduction du chevalier cuivré, ce qui causerait un tort majeur à une espèce en péril. D’ailleurs des scientifiques travaillent depuis des décennies à soutenir la reproduction de l’espèce afin que sa population retrouve son autonomie.
L’avis scientifique a été rédigé conjointement par Louis Bernatchez, titulaire de la chaire de recherche du Canada en génomique et conservation des ressources aquatiques, ainsi que par des biologistes cumulant des décennies d’expérience dans le domaine, Pierre Dumont, Yves Mailhot et Alain Branchaud.
Le document a été transmis la semaine dernière aux ministres compétents, soit la ministre des Pêches et Océans Bernadette Jordan et le ministre de l’Environnement et du Changement climatique Jonathan Wilkinson. Aucune réponse n’aurait été reçue à l’exception des accusés de réception d’usage.
Rappelons que l’APM souhaite agrandir ses installations portuaires dans la grande région de Montréal en aménageant un nouveau site permettant de faire transiter jusqu’à 1,15 million de conteneurs à Contrecœur. L’endroit se trouve cependant en plein cœur de l’habitat essentiel à la survie du chevalier cuivré, la toute première espèce faunique ayant obtenu le statut officiel d’espèce menacée au Québec en 1999.
Malgré ce statut, ainsi que la protection de la Loi sur les espèces en péril (LEP) qui lui a été accordée en 2007, le gouvernement fédéral a autorisé le projet à aller de l’avant et en vertu d’un Rapport d’évaluation environnementale favorable dévoilé le 1er mars dernier.