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La fin de l’alliance Siemens/Alstom donne un répis à Bombardier

La Presse Canadienne|Publié le 06 février 2019

À la Bourse de Toronto, mercredi après-midi, l’action de catégorie B de Bombardier prenait 14 cents, ou 7,25 %.

Le déraillement du projet de fusion des activités ferroviaires de Siemens et Alstom devrait offrir un peu de répit à Bombardier Transport, estiment des analystes et observateurs.

La Commission européenne a décidé mercredi d’opposer son veto à ce regroupement, estimant qu’il pourrait se traduire par un nouveau monopole sur le marché européen, ce qui viendrait étouffer la concurrence.

L’entité qui aurait vu le jour dans le cadre de l’alliance entre l’allemande Siemens et sa rivale française Alstom aurait généré des revenus de 22,5 milliards $ US en plus de compter quelque 60 000 employés. En comparaison, les revenus de Bombardier Transport ont été de 8,5 milliards $ US en 2017.

Si Bombardier a accueilli favorablement la décision des autorités européennes, la réaction a été différente du côté de Paris et Berlin, où l’on souhaitait la création d’une entreprise capable de rivaliser avec CRRC, ce constructeur chinois soutenu par l’État, qui accroît ses parts du marché mondial.

À la Bourse de Toronto, mercredi après-midi, l’action de catégorie B de Bombardier prenait 14 cents, ou 7,25 %, pour se négocier à 2,07 $.

D’après Cameron Doerksen, de la Financière Banque Nationale, en regroupant leurs forces, Siemens et Alstom auraient consolidé leur « position dominante » en Europe, ce qui aurait relégué l’entreprise québécoise loin derrière au troisième rang mondial.

« Bombardier serait demeuré l’un des deux principaux acteurs en Europe occidentale, comme en Allemagne, en France ainsi qu’au Royaume-Uni », a-t-il tempéré, dans une note envoyée par courriel.

Certains estiment néanmoins que l’alliance entre Siemens et Alstom aurait pu offrir moins d’occasions à Bombardier pour s’associer avec ses deux rivaux dans le cadre de certains contrats, ce qui aurait eu une incidence négative sur ses perspectives dans le secteur de la signalisation ferroviaire, par exemple.

La décision de la Commission européenne vient donc apaiser ces craintes, a estimé le professeur Karl Moore, du département de gestion de l’Université McGill, au cours d’un entretien téléphonique.

« C’est une excellente nouvelle pour Bombardier, qui peut maintenant faire affaire avec deux collaborateurs potentiels (Siemens et Alstom), comme dans le passé, alors que le géant émanant du regroupement n’aurait probablement pas eu besoin de la compagnie québécoise. »

Benoit Poirier, de Desjardins Marchés des capitaux, a pour sa part estimé que Bombardier Transport, qui vise un chiffre d’affaires de 10 milliards $ US en 2020, devrait continuer à remporter sa part de contrats.

Dans une déclaration envoyée par courriel, le vice-président principal aux affaires juridiques de Bombardier, Daniel Desjardins, a salué la décision des autorités européennes, estimant que les consommateurs allaient sortir gagnants.

« Le secteur ferroviaire européen est le chef de file mondial en raison d’une vive concurrence interne, d’une innovation et d’investissements soutenus », a-t-il indiqué.

Bombardier n’a toutefois pas voulu dire si l’échec du projet de regroupement entre Siemens et Alstom pourrait l’inciter à ouvrir la porte à un rapprochement avec un de ses rivaux européens, comme cela a déjà été le cas dans le passé.

À plus d’une reprise, des reportages, citant diverses sources, ont évoqué des discussions entre la société québécoise et le géant allemand.

« Qui sait, mais cela constitue certainement une des options à laquelle certains dirigeants de Siemens doivent réfléchir », a indiqué M. Moore, prévenant au passage que ce scénario pouvait bien ne jamais se concrétiser.

Il est rare que des regroupements ou que des projets de fusion soient rejetés par les autorités européennes. En 30 ans, l’Union européenne a approuvé plus de 6000 ententes et n’en a rejeté que moins de 30.