Le bénéfice ajusté dilué par action est de 5 cents, comparativement à 18 cents à la même période l’an dernier. (Photo: 123RF)
Malgré une demande vigoureuse, la rentabilité du fabricant québécois de trains d’atterrissage Héroux-Devtek a piqué du nez en raison de ses difficultés opérationnelles.
Le bénéfice d’exploitation de la société établie à Longueuil a fondu de moitié, passant de 10,5 millions de dollars (M$) à 5,1M$ au troisième trimestre, clos le 31 décembre. Le bénéfice ne représente ainsi plus que 3,6% des ventes comparativement à 8,0% à la même période l’an dernier.
Le président et chef de la direction, Martin Brassard, a expliqué que la rareté de la main-d’œuvre, des difficultés chez les fournisseurs et l’effet de l’inflation sur les coûts de l’entreprise avaient grugé la rentabilité. «Nous avons fait des progrès en augmentant nos ventes, mais notre rentabilité n’atteint pas le seuil que nous aurions aimé», a-t-il indiqué lors d’une conférence téléphonique avec les analystes visant à discuter des résultats.
La rentabilité est nettement inférieure aux prévisions des analystes. Le bénéfice ajusté dilué par action est de 5 cents, comparativement à 18 cents à la même période l’an dernier. Les analystes anticipaient un bénéfice par action de 18 cents, selon la firme de données financières Refinitiv.
Le fait qu’Héroux-Devtek est confrontée à des embûches opérationnelles n’est pas nouveau, tandis que les répercussions de la pandémie persistent et se manifestent par des perturbations de la chaîne d’approvisionnement, une montée de l’inflation et une hausse de l’absentéisme.
Au troisième trimestre l’an dernier, le variant Omicron avait provoqué une importante hausse des cas d’absentéisme, qui avait entraîné des occasions manquées équivalentes à 10% des revenus. Six mois plus tard, au printemps dernier, l’entreprise vivait toujours un «cauchemar» sur les lignes de production en raison de l’augmentation des absences liées à la COVID-19.
Même si les difficultés ne sont pas nouvelles, l’analyste Tim James, de Valeurs mobilières TD, se dit surpris par l’écart entre les prévisions des analystes et les résultats. «Nous ne pensions pas que les difficultés liées aux coûts et à l’efficacité étaient résolues, mais l’ampleur de l’impact sur les marges est étonnante.»
Pour stabiliser ses activités, Héroux-Devtek a l’intention de trouver de nouveaux fournisseurs et d’intervenir plus activement dans leurs activités. La société veut aussi accroître l’automatisation de certaines tâches. Elle compte également réviser ses prix. «Nos équipes travaillent d’arrache-pied pour améliorer notre rentabilité», a assuré M. Brassard.
Les vents contraires qui soufflent sur l’entreprise sont persistants, a reconnu le grand patron d’Héroux-Devtek. «Ça va perdurer dans les prochains trimestres. On n’a pas de baguette magique, mais on devrait voir une amélioration graduelle.»
Des fournisseurs de l’entreprise n’étaient pas prêts à la reprise de la production après le ralentissement lié à la pandémie, a expliqué M. Brassard. «L’industrie est passée au travers de deux années de perturbations. Des fournisseurs ont dû laisser partir des gens. Maintenant, il faut les ramener. C’est le défi.»
La société a souligné que le marché demeurait solide et que les ventes et le carnet de commandes étaient en ascension. «Ce n’est pas une question de commandes, c’est une question de trouver les ressources. Il y a quelques mois, le défi était de trouver des fournisseurs. Maintenant, c’est de trouver les matériaux. Et maintenant, nous parlons de plus en plus de trouver les effectifs pour produire.»
Les ventes s’établissent à 140,9M$ par rapport à 131,1M$ à la même période l’an dernier. Le carnet de commande, pour sa part, atteint «un sommet historique» de 870M$.
Héroux-Devtek n’a toutefois pas réussi à tirer pleinement parti de l’augmentation des commandes. «Nous avons le carnet de commandes pour faire plus de ventes (…) Nous avons la capacité de réaliser 150M$ de ventes par trimestre, les ventes dans le segment de la défense, comme dans le segment civil, sont freinées, car nous ne sommes pas capables d’atteindre le rythme de production que nous visons.»
L’action d’Héroux-Devtek perdait 1,61$, soit 10,4%, à 13,89$ à la Bourse de Toronto en après-midi.