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Les coûts du transport par camion explosent en raison du conflit ferroviaire

La Presse Canadienne|Mis à jour le 23 août 2024

Les coûts du transport par camion explosent en raison du conflit ferroviaire

Des wagons de la gare de triage Thornton du Canadien National alors que des camions transportent des conteneurs de fret sur l'autoroute, à Surrey, en Colombie-Britannique, le jeudi 22 août 2024. (Photo: La Presse Canadienne)

Le conflit de travail en cours entre les plus grandes compagnies ferroviaires du Canada et leurs employés fait grimper les coûts du transport par camion, les petites entreprises étant les plus touchées.

Le cofondateur d’une jeune pousse canadienne affirme qu’il doit faire face à des coûts de transport par camion disproportionnellement gonflés en raison du conflit en cours, avec un prix proposé plus du double de ce qu’il coûterait normalement.

Le cofondateur de Brust Protein Coffee, Josh Barr, affirme qu’il perdra de l’argent s’il paie les quelque 11 000$ qui lui ont été proposés pour un chargement de camion de Toronto à Calgary.

«En tant que petite entreprise en pleine croissance, nous avons besoin de chaque dollar et nous le réinvestissons dans l’entreprise», a-t-il dit. 

«Il s’agit plus ou moins d’argent gaspillé à cause d’un différend entre la compagnie ferroviaire et ses employés.» 

Bien que le gouvernement fédéral intervienne dans l’arrêt de travail qui a commencé tôt jeudi matin dans les deux principales compagnies ferroviaires du Canada, le syndicat repousse les efforts du gouvernement de ramener les employés au travail. Il est impossible pour l’instant de savoir quand le trafic de marchandises reprendra pleinement.

La porte-parole du Conseil canadien du commerce de détail, Michelle Wasylyshen, affirme que l’industrie du camionnage ne peut pas assumer le volume considérable de marchandises normalement expédiées par train, ce qui fait augmenter la demande et les prix avec elle.

«En fin de compte, il n’y a tout simplement pas assez de capacité de transport par camion pour compenser le retard sur les rails», a-t-elle déclaré, ajoutant que plus le conflit se prolonge, plus le problème s’aggravera.

Bien que les grands détaillants puissent avoir des contrats existants avec des camionneurs à des prix plus raisonnables, toutes les entreprises qui planifient à la dernière minute seront confrontées à des coûts plus élevés en ce moment, a-t-elle fait savoir. Cela constituera un problème majeur en particulier pour les petits détaillants qui sont moins susceptibles d’avoir ce genre de contrats. 

Mais les grands détaillants ne sont pas non plus à l’abri. Mme Wasylyshen a déclaré avoir entendu d’un grand détaillant que vendredi, les coûts de transport par camion étaient jusqu’à six fois supérieurs à ce qu’ils sont habituellement. 

Un wagon de train a la capacité de deux camions, selon Warren D’Souza, directeur principal de l’intelligence de marché et responsable industriel national chez Avison Young.

«Passer aux camions imposerait des exigences à une industrie du camionnage déjà mise à rude épreuve par une pénurie de camionneurs disponibles et par des prix élevés du carburant. En attendant, des marchandises aussi volumineuses et lourdes ne pourraient tout simplement pas être transportées par camion comme solution alternative aux trains», a affirmé M. D’Souza dans un communiqué envoyé par courriel.

Trois à cinq fois plus élevés

En raison de la faible capacité, les tarifs de fret sont trois à cinq fois plus élevés que la normale, a déclaré Michael Graydon, président et chef de la direction de l’association Food, Health & Consumer Products Of Canada, dans un courriel.

Mais le problème pourrait être de courte durée si le conflit l’est aussi, a-t-il ajouté.

«C’est vraiment une question d’offre et de demande, donc si les chemins de fer se remettent en marche rapidement, les augmentations de coûts ne seront pas un problème», a déclaré M. Graydon.

Bien que les détaillants aient essayé de se tourner autant que possible vers les camions, le conflit pourrait toujours avoir des incidences sur la disponibilité et les prix d’une plus grande variété de produits, a dit M. Wasylyshen.

M. Barr a expliqué qu’il craignait que les entreprises de camionnage profitent de la situation pour augmenter leurs prix, notant qu’après avoir obtenu le devis initial de 11 000 $, il a contacté une autre entreprise et a obtenu un devis similaire de sa part. 

Normalement, ce type d’expédition ne coûterait que 2000 à 3000 $ par train, a-t-il ajouté. 

M. Barr retarde l’expédition aussi tard que possible pour éviter de payer le coût gonflé. 

«Nous ne sommes pas en mesure de dépenser cet argent, a-t-il dit. Je ne suis pas Coca-Cola, je ne suis pas Pepsi. (…) Nous sommes une jeune pousse canadienne.»

M. Barr ne peut pas attendre longtemps: il doit effectuer l’expédition d’ici lundi ou risquer de retarder son lancement prochain dans les Walmart et de faire face à des répercussions financières supplémentaires. 

«Se retrouver dans cette situation n’est pas tenable et certainement pas juste. J’espère donc qu’ils trouveront une solution très bientôt.»