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Cenovus croit au transport de pétrole par rail

La Presse Canadienne|Publié le 13 février 2019

Cette position contraste avec celle d'autres entreprises qui critiquent l’impact du programme sur l’économie du rail.

Le chef de la direction de Cenovus Energy (CVE) a indiqué mercredi que la société envisageait d’augmenter ses expéditions de brut par rail pour les faire passer à 100 000 barils par jour cette année, en dépit des critiques d’autres producteurs qui déplorent que le fait que les réductions de production imposées par l’Alberta auraient compromis la rentabilité de ce mode de transport.

La société de Calgary a bon espoir que la province encouragera la croissance du transport de pétrole brut par chemin de fer comme une solution de remplacement aux retards dans la mise en place de nouveaux pipelines d’exportation, a observé Alex Pourbaix lors d’une conférence téléphonique.

« Je rappelle à tous que même si nous sommes dans une période de très faible écart de prix en ce moment, nous n’avons littéralement complété que six semaines de cette initiative de réduction », a-t-il souligné.

« Je pense qu’il y a eu beaucoup de bruit (…), mais je m’attends à ce que le gouvernement continue à examiner ces volumes afin de s’assurer qu’ils sont au bon niveau pour encourager le transport par rail. »

Les commentaires de M. Pourbaix contrastent fortement avec les critiques de l’impact du programme provincial sur l’économie du rail, formulées par le chef de la direction de Suncor Énergie, Steve Williams, et celui de la Pétrolière Impériale, Rich Kruger.

M. Kruger a indiqué, au début du mois, qu’il ferait passer ses livraisons de brut par rail, qui étaient de 168 000 barils par jour en décembre, à « quasiment zéro » en février. Selon lui, avec la reprise des prix du pétrole brut de l’Ouest canadien depuis l’annonce des réductions obligatoires, il est plus difficile de convaincre les clients américains de faire appel à la livraison par rail, plus coûteuse, pour livrer le pétrole aux raffineries de la côte américaine du golfe du Mexique.

Lors d’une entrevue, M. Pourbaix a fait valoir que Cenovus ne faisait pas beaucoup d’argent, mais qu’elle n’en perdait pas non plus sur les quelque 20 000 barils par jour qu’elle expédiait actuellement par rail aux États-Unis. Il s’attend à ce que la rentabilité s’améliore à mesure que l’entreprise commencera à recevoir et à remplir environ 4000 nouveaux wagons-citernes, dans les prochaines semaines.

Il a souligné que le mélange bitumineux du Western Canadian Select obtenait parfois des prix supérieurs à ceux du West Midland Intermediate négociés à New York dans les raffineries de la côte du Golfe, en raison de la pénurie de brut du Venezuela et du Mexique.

Engagement accru pour Keystone XL

En outre, Cenovus a annoncé mercredi qu’il triplait son engagement en capacité pour le futur oléoduc Keystone XL entre l’Alberta et la côte du golfe, le faisant passer de 50 000 barils par jour à 150 000 barils par jour.

M. Pourbaix a indiqué qu’une partie de cette augmentation avait été offerte à coût nul par le gouvernement de l’Alberta, sans plus de précision.

Lorsque la province s’est engagée auprès du constructeur TransCanada, il y a un an, à prendre 50 000 barils par jour sur le pipeline, elle a accepté de s’écarter du projet si le secteur privé le demandait, a expliqué, plus tard, la première ministre Rachel Notley, lors d’un événement à Calgary.

« Sans surprise, (TransCanada) a découvert qu’il y avait une demande énorme dans le secteur privé (…) alors nous sommes ravis de pouvoir faire cela avec Cenovus », a-t-elle affirmé.

Cenovus a réalisé une perte de 1,36 milliard $ lors de son quatrième trimestre, ce qu’elle a attribué à la faiblesse des prix du pétrole, aux réductions volontaires de production, à une dépréciation de ses champs pétrolifères conventionnels et à l’impact non financier lié à comptabilisation des stocks dans ses raffineries américaines.

La société a raté la cible des analystes, sa perte nette pour l’ensemble de l’exercice s’étant élevée à 2,9 milliards $.

Comme Suncor et l’Impériale, Cenovus a fait état de prix plus bas pour sa production de pétrole en amont, imputables au manque d’accès des gazoducs aux marchés américains, mais aussi de meilleures marges bénéficiaires pour ses activités de raffinage, en partie à cause du coût moins élevé des matières premières.

L’analyste Jon Morrison, de la Banque CIBC, a estimé dans un rapport que les résultats étaient négatifs, mais que les revers ne devraient pas durer longtemps.

« Plus précisément, l’écart des prix s’est resserré à l’heure actuelle, témoignant des réductions de production en Alberta, et même si nous prévoyons que cet écart se creusera au second semestre de 2019, Cenovus devrait être mieux protégée grâce aux accords sur le transport de brut par rail annoncés précédemment », a-t-il affirmé.

La perte par action de l’entreprise s’est élevée à 1,10 $ pour le trimestre clos le 31 décembre, comparativement à un profit de 620 millions $, ou 50 cents par action, au cours des trois derniers mois de 2017. Pour cette période, les résultats avaient été gonflés par la vente d’actifs en Alberta et en Saskatchewan.