La grogne règne parmi les constructeurs de drones


Édition du 17 Juin 2017

La grogne règne parmi les constructeurs de drones


Édition du 17 Juin 2017

[Photo: 123rf]

Dire que le torchon brûle entre les entrepreneurs de l'industrie du drone et le gouvernement du Canada n'est sans doute pas exagéré.

Parlez-en à Pierre Ruel, chef des normes d'opérations aériennes pour l'aviation civile à Transports Canada. Invité au Palais des congrès de Montréal il y a quelques semaines pour présenter l'état des travaux de modifications réglementaires en matière de drones, le haut fonctionnaire fut rapidement pris à parti par des entrepreneurs de l'industrie. Le problème principal concerne les délais de délivrance des certificats d'opérations aériennes spécialisées (COAS) requis par Transports Canada. À l'heure actuelle, toute personne utilisant un drone pour le travail ou la recherche doit se munir d'un tel certificat.

Le hic est que la croissance de l'industrie est telle que le ministère parvient difficilement à répondre aux demandes des entrepreneurs dans les délais prescrits de 20 jours ouvrables. Au cours de la dernière année, par exemple, on n'a donné suite qu'à 39 % des demandes pour un tel certificat au Québec en moins de 20 jours, nous a confirmé Natasha Gauthier, porte-parole du ministère fédéral des Transports.

Des entrepreneurs jettent l'éponge

«Ça n'a pas de bon sens, s'insurge David Étienne Durivage, pilote et directeur du développement des affaires de Dizifilms, un pionnier de l'industrie qui se spécialise dans le captage d'images par drones pour la télévision, le cinéma et la publicité. On nous dit que ça devrait prendre 20 jours. Mais ce n'est pas le cas. Et quoi qu'on fasse, il est impossible de parler à qui que ce soit au ministère.»

Michael Gisselere, PDG de Dronevolt Canada, une filiale du détaillant français du même nom, abonde dans ce sens. «On espère vraiment que ça va changer, car la lenteur administrative actuelle ralentit la progression du marché.(...) Il faut comprendre que ce sont des équipements dont la valeur varie de 30 à 40 000 $. Lorsqu'un contrat de 2 000 $ se présente pour une inspection de toiture, personne ne peut se permettre de dire non. Résultat, se désole M. Gisselere, ou bien l'entreprise s'exécute illégalement, ou bien elle demande un permis et court le risque de perdre son contrat.»

Jean Sébastien Jetté a vécu cette expérience à des dizaines de reprises avant de se résigner à mettre fin aux opérations de Productions Jet Stream, l'entreprise qu'il avait fondée trois ans plus tôt. «Lorsque les agriculteurs m'appelaient pour prendre des images aériennes de leur champ afin d'y détecter un problème de culture ou autre, ça devait se faire dans les 12 à 24 heures qui suivent. Avec la courte durée des saisons que l'on a au Québec, aucun agriculteur ne peut se permettre d'attendre un mois pour connaître le problème et intervenir.»

En 2016, M. Jetté a observé qu'il lui a fallu en moyenne entre 20 et 46 jours ouvrables pour obtenir les certificats requis. Dans ces conditions, et refusant de verser dans l'illégalité, il a dû se résigner à fermer boutique. «De tels délais ne sont pas tenables dans une industrie pareille. Après trois ans de dur labeur, je n'ai pas eu d'autre choix que de regarder la réalité en face et de laisser tomber mon projet entrepreneurial.»

Ajustements en vue

Il a été impossible de parler à M. Ruel, responsable des normes d'opérations aériennes à Transports Canada. En avril, ce dernier avait expliqué que le gouvernement faisait ce qu'il pouvait pour répondre à l'importante croissance de la demande.

Selon les dernières données que nous avons pu obtenir, Transports Canada a délivré en 2016 un total de 4 756 COAS à des pilotes de drones, soit le double de l'année précédente (2 480 en 2015) et cinq fois plus qu'en 2013 (949).

Et de toutes les provinces canadiennes, c'est au Québec que la croissance a été la plus marquée. Le nombre de COAS délivrés au Québec est passé de 127 en 2014 à 772 en 2015, puis à 1 702 en 2016. La province la plus active après le Québec est l'Ontario, avec la délivrance de 1 104 certificats en 2016, contre 734 deux ans plus tôt.

La responsable des communications au ministère assure que l'équipe concernée est sensible aux problèmes vécus par les entrepreneurs et qu'elle a déjà formé 15 inspecteurs supplémentaires il y a un an afin de réduire les délais de traitement de demandes pendant les périodes les plus occupées.

Officiellement, à ses yeux, la situation s'améliore. Par exemple, pour la semaine du 22 mai 2017, 98 % des 197 demandes toujours en attente de réponse au pupitre du Québec respectaient les délais de traitement de 20 jours.

 

Tableau : Certificat d’opérations aériennes spécialisées (COAS) délivrés depuis 2010

Région     2010    2011    2012    2013    2014    2015    2016    2017* 

Pacifique  4         18        88        178      296      410      710      83

Prairies&Nord 30        58        143      247      354      276      809      137

Ontario 20        39        91        309      734      864      1104    145

Québec 3          10        11        120      127      772      1702    152

Atlantique 9          34        20        95        161      158      431      35

Total  66        159      353      949      1672    2480    4756    52

*jusq’au 28 février 2017

Source : Transports Canada

À la une

Bourse: d'excellents rendements grâce aux «5 magnifiques»

BALADO. Microsoft, Nvidia, Amazon, Alphabet et Meta Platforms ont généré 40% des gains du S&P 500 au premier trimestre.

La Banque Royale du Canada confirme qu’elle a fait l’acquisition de HSBC

Il y a 27 minutes | La Presse Canadienne

En vertu de cette transaction, 4500 employés de HSBC Canada migreront vers RBC.

Bourse: nouveaux records pour le Dow Jones et le S&P 500 à Wall Street

Mis à jour le 28/03/2024 | lesaffaires.com, AFP et Presse canadienne

REVUE DES MARCHÉS. La Bourse de Toronto est en hausse et les marchés américains sont mitigés.