Bourget: Québec prêt à devenir actionnaire de Bombardier

Publié le 14/06/2015 à 13:13

Bourget: Québec prêt à devenir actionnaire de Bombardier

Publié le 14/06/2015 à 13:13

Jacques Daoust dit encore croire aux chances du CSeries de Bombardier.

PARIS – Advenant une nouvelle ronde de financement, le gouvernement du Québec serait prêt à devenir actionnaire de Bombardier.

Prenant tout le monde par surprise, c’est ce que Jacques Daoust, ministre de l’Économie, de l’Innovation et des Exportations, a expliqué dimanche après-midi au cours d’un point de presse organisé à la Délégation générale du Québec à Paris. Le ministre est de passage dans la capitale française, à l’occasion du Salon international de l’aéronautique et de l’espace Paris-LeBourget, qui doit débuter dans quelques heures.

Bombardier connaît actuellement, comme on le sait, de sérieuses difficultés financières, liées notamment aux problèmes de développement et de commercialisation de sa nouvelle gamme d’avions CSeries, dont on ne compte plus les reports et dépassements de coûts. Au 31 mars dernier, on estimait l’aventure à 4,2G$US, soit le double de l’enveloppe de développement prévue au départ. 

Depuis, l’entreprise de Montréal a pris un certain nombre de mesures visant sa recapitalisation. Qu’on pense à une émission d’actions de 600M$US en février dernier, et à la préparation d’un premier appel public à l’épargne d’une part de sa division Transport, annoncé en mai. Mais jamais Bombardier n’avait encore parlé d’une prochaine ronde de financement, telle qu'évoquée dimanche par le ministre Daoust, ancien président d'Investissement Québec.

Le bâton et le boomerang

Questionné, ce dernier a reconnu que des discussions avaient cours actuellement avec le manufacturier, sans pour autant en dévoiler la teneur précise. Cela dit, il a reconnu que l’entreprise n’avait pas encore déposé de demande «formelle» d’aide financière auprès du gouvernement, mais que si une telle demande devait être présentée, ce dernier l'accueillerait «avec Intérêt». 

«Moi, je suis encore prêt à aider Bombardier, a-t-il déclaré. C’est une locomotive économique pour nous. (…) Ils sont attaqués tant par les Européens (Airbus) que les États-Unis (Boeing). C’est un gros défi. (…)  La Série C, on peut la remettre en question. Mais au point où nous en sommes, je ne pense pas qu’on doit l’abandonner. Moi j’ai encore confiance.»

Pour l'heure cependant, le ministre exclut toute possibilité de subvention à l'entreprise. D'autres moyens l'intéressent davantage. Comme une contribution sous forme de prêts qui permettrait à Bombardier  d'abaisser son niveau d'endettement. Ou encore par exemple sous forme d’équité, dans le cadre d’une future nouvelle émission d’actions.

«Vous savez, la différence entre une subvention et un investissement est la même qu’entre un bâton et un boomerang; l’un vous revient alors que l’autre, non.(…) Par exemple, bien sûr que je peux prendre le risque de verser 100M$. Mais au lieu de le donner en subvention, je serais peut-être mieux d’investir 100M$ en actions et avoir la chance de profiter de la croissance de leur valeur si les affaires se mettaient à bien aller.»

La dernière émission d'actions de Bombardier date de février. À cette occasion, rapportait The Globe and Mail la semaine dernière, la Caisse de dépôt et placement du Québec a proposé une participation de 300M$ à la condition que Bombardier accepte de réduire nombre de votes liés aux actions multi-votantes (détenues par les membres de la famille Beaudoin-Bombardier), ce qui lui fut refusé.

Le ministre a su éviter de s'immiscer dans ce débat, mais a précisé qu'avant que Québec ne s’engage dans une telle direction, au moyen d'un prêt ou d'une prise de participation, l’entreprise devra faire la démonstration qu’un tel financement serait spécifiquement dédié à sa gamme d'avions CSeries et surtout, que ses plans soient créateurs d’emplois au Québec. «Il faut que ça nous rapporte. Il ne faut pas oublier que derrière le gouvernement, il y a 8 millions d’actionnaires québécois».

Bombardier refuse de commenter

Appelée à réagir aux propos du ministre, la direction de Bombardier a préféré s’abstenir. D’un même souffle, elle a aussi déclaré ne pouvoir confirmer ou infirmer l’hypothèse selon laquelle l’entreprise travaillerait actuellement à la préparation d’une nouvelle ronde de financement.

 «Nous avons régulièrement des discussions avec les gouvernements, comme nous avons avec l’ensemble des parties prenantes avec qui nous travaillons, tant du privé que des pouvoirs publics», a déclaré la directrice des communications de Bombardier Avions commerciaux, Isabelle Gauthier.

Ainsi, a-t-elle poursuivi, si des discussions ont lieu avec le gouvernement du Québec, ces dernières devraient être simplement perçues que comme un moyen normal dont chacun dispose «pour entretenir de bonnes relations». Rien de plus.

Depuis le début juin, le titre de Bombardier a perdu 0,04$ ou 1,55$ à la Bourse de Toronto. À la fermeture des marchés, vendredi 12 juin, la valeur de son action s’établissait à 2,54$, en baisse de 38,8% par rapport à son cours du 1er janvier 2015.

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