Qui est Vincent Bolloré ?

Publié le 27/10/2009 à 14:34

Qui est Vincent Bolloré ?

Publié le 27/10/2009 à 14:34

Par Olivier Schmouker

Son amitié avec le président Sarkozy lui est souvent reprochée. Photo : Bloomberg.

Avant tout, Vincent Bolloré est un Breton, peuple réputé toujours n’en faire qu’à sa tête. Parti d’une petite entreprise de papier à cigarette rachetée pour un franc symbolique, il a fondé un impressionnant conglomérat français, à l’aide de paris osés et de coups tordus.

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Aujourd’hui, Vincent Bolloré dirige le Groupe Bolloré et est à la tête de sa société-mère la Financière de l’Odet, du nom de la rivière finistérienne auprès de laquelle a vu le jour l’entreprise familiale OCB, spécialisée dans le papier à cigarette depuis 1822.

Son conglomérat est présent dans les secteurs du transport, de la logistique, de l’énergie, de l’agroalimentaire, de la finance, des télécommunications et des médias.

Le 18e homme le plus riche de France

Le Groupe Bolloré détient dans les médias, entre autres, Havas (sixième groupe de communications mondial), les quotidiens français gratuits Direct Soir et Direct Matin, ainsi que la chaîne de télévision Direct 8. Il assure la majeure partie de la distribution des produits pétroliers en France. Il contrôle la logistique de nombreux ports d’Afrique ainsi que le transport de marchandises dans différents pays africains. Il exploite des plantations de palmiers à huile et d’hévéas en Afrique et en Asie, ainsi que de céréales aux Etats-Unis. Il produit des films plastiques à usage industriel. Il installe des systèmes électroniques de surveillance et de sécurité dans les entreprises. Etc.

C’est bien simple, le Groupe Bolloré, dont la structure ressemble à un nœud inextricable de sociétés – 338, dont 45 implantées dans des paradis fiscaux –, compte aujourd’hui quelque 33 000 salariés et affiche un chiffre d’affaires de 7 milliards d’euros (11 milliards de dollars). Quant à Vincent Bolloré lui-même, il est considéré comme le 18e homme le plus riche de France, avec une fortune personnelle estimée à 2,2 milliards d’euros (3,5 milliards de dollars), par le magazine Challenges.

Une voracité sans frein

Comment s’y est-il pris? En suivant scrupuleusement un dicton breton : «Le secret, c’est d’être là où personne ne va encore, c’est de trouver le bon lieu de pêche», aime-t-il à répéter.

En 1981, Vincent Bolloré a racheté l’entreprise familiale OCB pour un franc symbolique, puis est parti se former à la finance au sein de la Compagnie Financière Edmond de Rothschild. Dix années plus tard, il s’est véritablement lancé en acquérant le groupe Delmas-Vieljeux, spécialisé dans le transport maritime et la logistique portuaire, ainsi que la Banque Rivaud.

En 1997, il a lancé une OPA hostile sur le groupe français Bouygues, dans le but de mettre la main sur ses chaînes de télévision (TF1, etc.) et sa division de téléphonie mobile. C’était un coup de poignard dans le dos de Martin Bouygues, un ami d’enfance depuis le CM1 (équivalent à la 3e année au Québec), qui est parvenu à faire échouer l’opération grâce à l’intervention de son avocat, un certain… Nicolas Sarkozy.

Puis, Vincent Bolloré a acheté et vendu des sociétés, en faisant à chaque fois des gains conséquents : par exemple, 290 millions d’euros (457 millions de dollars) après une OPA hostile sur Pathé. Cela lui a valu une réputation de raider qui lui déplaît particulièrement. Il a aussi consacré de plus en plus de temps et d’argent à sa marotte, les voitures électriques.

La BlueCar, une marotte de 1,6 G$

Le groupe Bolloré est le numéro 1 mondial des composants pour condensateurs. Ce savoir dans le stockage de l’électricité et l’extrusion de polymère lui a permis de mettre au point une batterie à base de lithium métal et polymère (LMP). Il s’agit d’une technologie unique au monde destinée à la BlueCar, une voiture 100% électrique.

Le projet est né en 1991, quand Vincent Bolloré a eu la vision que l’avenir automobile appartiendrait inéluctablement aux voitures électriques. Dans son fief breton, il a commencé à financer des recherches sur les accumulateurs et les batteries électriques, et ce contre vents et marées, n’écoutant pas ceux qui lui disaient qu’il dépensait son argent en pure perte.

En 2005, après avoir investi plus de 1 milliard d’euros (1,6 milliard de dollars) dans le projet, un prototype de la BlueCar a été présenté au salon automobile de Genève. Depuis, le carnet de commandes est de quelque 6 500 voitures. La première livraison est prévue pour juin 2010.

C’est dans ce cadre que le Groupe Bolloré a inauguré le 27 octobre une usine de production de batterie LMP à Boucherville, au Québec, un mois après celle d’Ergué-Gabéric, en Bretagne. En 2007, il avait acquis, auprès d’Hydro-Québec et d’Adarnako, les actifs d’Avestor, qui dispose de la technologie et des brevets permettant de fabriquer les batteries LMP.

Des histoires sulfureuses font surface

Longtemps, Vincent Bolloré a évolué dans l’ombre pour faire grandir son groupe loin des projecteurs médiatiques. Il n’est connu des Français que depuis une dizaine d’années, quand il s’est mis à acheter des médias et à chercher des appuis politiques.

Il lui est ainsi reproché d’avoir prêté, entièrement à ses frais, son avion et son yacht personnels au tout nouveau président de la République française, Nicolas Sarkozy, pour qu’il puisse passer ses congés à Malte ou en Egypte avec sa douce. Il a beau jurer qu’il n’attend aucune compensation en échange, les Français s’interrogent sur ces gestes en faveur d’un ancien ennemi…

Depuis sortent à droite et à gauche dans les médias français des histoires sulfureuses sur les activités du Groupe Bolloré à l’étranger. Par exemple, de proches collaborateurs du Groupe ont été poursuivis pour «corruption de magistrat» au Togo, et auraient été relaxés après une intervention du président français auprès de son homologue togolais, ou encore une plainte contre le Groupe à propos de la gestion du port de Douala, au Cameroun, aurait été retirée de façon similaire, selon le magazine Marianne. Tout cela ne serait que des «opérations de déstabilisation», selon Vincent Bolloré.

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