Pas d'acquisition en vue chez Bombardier

Publié le 17/04/2009 à 00:00

Pas d'acquisition en vue chez Bombardier

Publié le 17/04/2009 à 00:00

Récession ou non, Bombardier cherche toujours à améliorer ses façons de faire. Et c'est du côté de l'automobile, un des secteurs les plus mal en point, que le président de l'avionneur et fabricant de matériel ferroviaire, Pierre Beaudoin, veut tirer un bonne partie de son inspiration. Une façon de traverser la tempête et d'attendre l'occasion de réaliser des acquisitions et des projets d'expansion.

VIDÉO : Pierre Beaudoin répond à nos questions

Journal Les Affaires - L'industrie automobile éprouve de grandes difficultés. Pourtant, plusieurs estiment que l'industrie aéronautique peut apprendre de cette industrie. Êtes-vous de cet avis ?

Pierre Beaudoin - Oui. L'automobile est l'une des industries les plus concurrentielles au monde. L'industrie aéronautique est plus réglementée et a bougé moins rapidement. Nous avons beaucoup à apprendre. Certes, l'industrie automobile connaît d'importantes difficultés, mais ce n'est pas en raison de ses façons de faire.

JLA - Plus précisément, qu'est-ce que l'industrie aéronautique peut apprendre du secteur automobile ?

P.B. - Depuis plusieurs années, les entreprises de l'industrie automobile ont remis en question leurs processus de fabrication. Elles ont beaucoup investi dans le Lean Manufacturing [production allégée], par exemple. Cela dit, ça fait longtemps que Bombardier investit dans le Lean Manufacturing. Et sous le leadership de Guy Hachey [président et chef de l'exploitation de Bombardier Aéronautique], un ancien de l'industrie automobile, on est en train de l'implanter, pas seulement projet par projet, mais dans toute l'organisation. Cette stratégie devrait nous rendre beaucoup plus efficaces et nous aider à réduire nos coûts.

JLA - Comme l'a fait l'industrie automobile, Bombardier a établi des activités de fabrication et d'assemblage de composants d'avion au Mexique. Envisagez-vous d'implanter d'autres activités dans des pays à bas coûts de production ?

P.B. - Pour l'instant, nous sommes en récession. Nous venons de ralentir la production et nous effectuons des mises à pied. Nous ne parlons donc pas de projet d'expansion dans le monde.

Cela dit, il faut toujours demeurer à l'affût des occasions d'affaires. Parfois nous investissons à l'étranger pour accéder à un nouveau marché, parfois pour adopter une nouvelle technologie, mais parfois aussi pour devenir plus efficaces, plus concurrentiels et nous permettre de sauver des emplois à Montréal.

JLA - Plusieurs entreprises sont en difficulté. N'est-ce pas un bon moment pour en acquérir ?

P.B. - Ça pourrait être un bon moment, en effet. Mais il est difficile d'évaluer la durée et l'ampleur de la récession. Alors pour moi, acquérir des entreprises n'est pas une priorité.

Bombardier a un bon niveau de liquidités. Je veux avant tout m'assurer, en cette période de ralentissement, que ces sommes servent à financer la poursuite de nos projets. Pour nous, ce n'est pas le temps d'acheter une entreprise qui va nécessiter une injection de fonds. En période de récession, nous nous concentrons sur le développement de nos équipes et de nos produits.

JLA - Malgré tout, les acquisitions ne sont-elles pas une bonne façon d'entrer dans des marchés émergents et à faibles coûts de production, comme l'Europe de l'Est et l'Inde ?

P.B. - Oui. C'est aussi un bon moyen de bâtir une gamme de produits.

Dans le passé, Bombardier a réalisé une série d'acquisitions qui l'ont bien servi. Mais depuis sept ou huit ans, on parle plutôt de croissance interne. C'est ce qui nous a permis de consolider les équipes et notre offre de produits. Mais il est possible qu'éventuellement, on envisage d'autres acquisitions.

JLA - Quel secteur vous intéresserait, par exemple ?

P.B. - Je pense aux systèmes de signalisation dans le transport en commun, un secteur où nous sommes au sixième rang mondial. Nous voudrions devenir un acteur plus important. Malheureusement, aucune entreprise ne semble intéressée à se faire acquérir en ce moment.

JLA - N'est-il pas risqué, du point de vue technologique, de transférer des activités à l'étranger ? On parle beaucoup des risques de vols de technologie en Chine...

P.B. - Il faut être prudent en Chine et ne pas y transférer toutes nos technologies. Mais cela vaut pour tout autre pays.

Pour une entreprise, l'important est d'évaluer les bénéfices qu'elle peut tirer d'un transfert technologique, et pendant combien de temps elle en bénéficiera. Adopter une stratégie défensive en restant chez soi, c'est possible. Mais cela ne correspond pas à la réalité d'aujourd'hui.

Alors, nous sommes prudents. Mais nous considérons vraiment les Chinois comme des partenaires. Au même titre que les Français, les Allemands et les Indiens. Que les Chinois veuillent s'emparer de la technologie des autres, ce n'est rien d'unique. Et ça me fait toujours rire lorsque j'entends des commentaires de ce genre provenant du Japon.

JLA - Le président d'Alstom pour l'Amérique du Nord, Pierre Gauthier, indiquait récemment dans nos pages que, depuis l'accession de Barack Obama à la Maison-Blanche, le contexte n'avait jamais été aussi propice au développement du train aux États-Unis. Est-ce votre avis ?

P.B. - Nous sommes du même avis quant au potentiel de ce marché aux États-Unis. À Washington, il y a une forte volonté d'investir dans le transport en commun.

La question est de savoir si les États-Unis seront en mesure d'investir les fonds nécessaires au développement du train. Pour un train à haute vitesse, on parle d'investissements de 20 à 30 milliards de dollars américains en comptant les infrastructures. L'administration Obama pourra probablement émettre des intentions d'investissement. Mais avec toutes les priorités auxquelles elle fait face, il reste à voir si elle pourra aussi avancer l'argent.

JLA - Au Canada, le projet de train à haute vitesse dans le corridor Québec-Windsor est sur la table depuis des années. Y croyez-vous toujours ?

P.B. - Le potentiel demeure. C'est un bon projet pour améliorer la circulation des personnes entre l'Est et l'Ouest du pays. Mais c'est un projet d'envergure, et la construction du train n'en représente qu'une partie. Mais il est encourageant de voir que les politiciens y travaillent encore.

Pierre Beaudoin, président et chef de la direction de Bombardier, était le conférencier du Rendez-vous financier Les Affaires du 9 avril dernier, à Montréal.

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