Le tour du concessionnaire: Sébastien Poirier, copropriétaire de Poirier Hyundai, à Val-d'Or


Édition du 20 Février 2016

Le tour du concessionnaire: Sébastien Poirier, copropriétaire de Poirier Hyundai, à Val-d'Or


Édition du 20 Février 2016

Par Claudine Hébert

Sébastien Poirier, copropriétaire de Poirier Hyundai, à Val-d’Or.

Depuis quelques mois, l'idée d'une loi «zéro émission» circule dans les coulisses de l'Assemblée nationale à Québec. Cette loi obligerait les concessionnaires automobiles à proposer davantage de véhicules hybrides et électriques aux consommateurs. Cette règle peut sans doute convenir aux commerçants des grands centres urbains, «mais pas aux concessionnaires des régions éloignées», souligne Sébastien Poirier, directeur général et copropriétaire de Poirier Hyundai, à Val-d'Or, en Abitibi.

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Les Affaires - Que craignez-vous de cette éventuelle loi ?

Sébastien Poirier - Je crains d'être pris avec plusieurs voitures qui risquent de mettre du temps à se vendre. Dans notre industrie, un véhicule reste en stock tout au plus trois mois. Actuellement, notre modèle hybride demeure plus de six mois en stock. Cela représente des coûts additionnels allant de 600 $ à 1 000 $ en frais d'entreposage. Et après un an, il faut commencer à rembourser le coût du véhicule à la banque, ce qui contribue à diminuer les liquidités de la concession.

L.A. - Pourquoi ce type de véhicules ne trouve-t-il pas rapidement preneur chez vous ?

S.P. - Les véhicules hybrides et électriques n'ont pas encore la cote en Abitibi. En 2015, il s'est vendu 1 693 véhicules neufs sur le territoire de Val-d'Or et ses environs. De ce nombre, seulement 15 étaient des véhicules hybrides ou électriques. Notre concession en a vendu un seul, soit la Sonata Hybride. Et elle est restée au moins huit mois en stock.

L.A. - Comment expliquer ce manque d'intérêt de la part de vos consommateurs ?

S.P. - D'abord, il y a la température. Nos hivers rigoureux, plus particulièrement ici en Abitibi-Témiscamingue, réduisent l'autonomie de la batterie de ces véhicules. Et puis le nombre de bornes électriques. Actuellement, on en compte moins d'une dizaine dans toute notre région. Elles sont situées principalement à Rouyn-Noranda et à Val-d'Or, où se trouve pour le moment l'unique borne de recharge ultra rapide de la région. Et il n'y a toujours aucune borne dans la Réserve faunique de La Vérendrye. Autrement dit, il faut parcourir près de 300 kilomètres avant de pouvoir recharger son véhicule entre Val-d'Or et Mont-Laurier. L'autonomie de la nouvelle voiture électrique Ionic, que Hyundai doit lancer l'automne prochain, ne sera même pas suffisante pour franchir cette distance.

L.A. - Comment pourrait-on rendre ces véhicules plus attrayants en Abitibi ?

S.P. - Il faudrait davantage de véhicules utilitaires. Dans les grandes villes, on vend 70 % de voitures par rapport à 30 % de véhicules utilitaires de type camion et VUS. En Abitibi, c'est le contraire. En raison des activités de plein air que pratique la population abitibienne, les gens recherchent des 4 x 4 spacieux. Mais là encore, je ne suis pas convaincu qu'un meilleur choix de VUS hybrides et électriques suffira. Il faudra en plus que les manufacturiers offrent de très bons prix.

L.A. - Que voulez-vous dire ?

S.P. - Malgré les incitatifs mis en oeuvre par le gouvernement pour l'achat de véhicules hybrides et électriques, la différence de coût entre un véhicule «vert» et un véhicule régulier reste d'au moins 4 000 $ à 5 000 $. En 2011, lorsque Hyundai a lancé sa Sonata Hybride, on calculait qu'il faudrait au moins sept ans au consommateur pour amortir la différence de prix entre la voiture hybride et le modèle régulier à essence. Aujourd'hui, avec un prix de l'essence qui frôle 1 $ le litre, l'écart de coût s'accentue. Il faut maintenant deux à trois années de plus avant d'amortir l'investissement. Et rappelons-nous que le consommateur moyen change de voiture tous les quatre ans.

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