Mythes et vérités sur l'achat d'un véhicule neuf


Édition du 19 Mars 2016

Mythes et vérités sur l'achat d'un véhicule neuf


Édition du 19 Mars 2016

Par Claudine Hébert

[Photo : Shutterstock]

Devant les nombreuses options et de garanties proposées, comment être sûr de faire les bons choix? Voici quelques conseils.

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Visez le blanc, le noir ou l'argent

Pensez-y à deux fois avant de craquer pour une voiture neuve de couleur lime, jaune, rouge ou bleu turquoise. «Ce qui se revend très bien depuis une dizaine d'années sur le marché d'occasion, ce sont les véhicules de couleur argent ou noire, des couleurs classiques. Depuis trois ans, on note un regain de popularité pour les voitures de couleur blanche. Lors des encans, elles se vendent généralement de 500 $ à 1 500 $ de plus qu'une voiture identique mais d'une autre couleur», indique Yves Varin, directeur national du développement des affaires pour le Canadian Black Book.

Cette entreprise canadienne publie chaque année une liste des véhicules qui sont le moins susceptibles de se déprécier au fil des ans. Contrairement à la teinte argent, les couleurs noire et blanche font ressortir davantage le calcium et autres saletés sur la carrosserie. Il faudra donc prévoir une centaine de dollars de plus par année pour l'entretien extérieur.

Traction intégrale : non essentielle, mais...

L'option traction intégrale, qui se traduit généralement par un ajout de 2 000 $ à 4 000 $ au prix de base, n'est pas essentielle, soutiennent CAA-Québec et l'Association de la protection des automobilistes (APA). «Certes, la traction intégrale permet une meilleure accélération et tenue de route supérieure dans des virages plus serrés, mais c'est tout», dit Jesse Caron, expert automobile chez CAA-Québec. La traction intégrale, ajoute-t-il, peut même donner une fausse illusion de sécurité.

«Quatre bons pneus d'hiver performants suffisent amplement sur un véhicule à traction avant. D'autant plus que la plupart des véhicules sont maintenant équipés de la fonction antidérapage», souligne pour sa part Georges Iny, président de l'APA.

Cela dit, les voitures de luxe et les véhicules utilitaires sport (VUS) qui ne sont pas dotés de traction intégrale, surtout au Québec, seront beaucoup moins alléchants à la revente, avertit Yves Varin, du Canadian Black Book. En fait, poursuit-il, les systèmes de rouage à quatre roues motrices font partie des options dont le consommateur récupère la valeur à la revente.

GPS et écran de divertissement pour les enfants, non merci !

Tant que l'ensemble des constructeurs n'offrira pas de logiciels de mise à jour de leurs technologies, tel le GPS, ça ne vaut pas le coup de payer les 500 $ à 800 $ de plus demandés pour que cet appareil soit intégré à la voiture, précise Jesse Caron. Premièrement, le même appareil se vend la moitié moins cher dans une boutique électronique. Deuxièmement, la plupart des consommateurs utilisent un téléphone cellulaire - fixé au tableau de bord - doté d'applications qui peuvent indiquer la route à suivre.

Même avertissement aux familles tentées par les systèmes de divertissement pour occuper les enfants assis à l'arrière. «L'achat d'une tablette pour chacun des enfants se révèle plus économique qu'un système de divertissement intégré. Une option qui, de toute façon, risque d'être obsolète après trois ans. Par conséquent, cet équipement n'a aucune incidence sur la valeur de revente», souligne Yves Varin.

Toit panoramique : pour la luminosité d'abord

N'importe quel propriétaire de véhicule doté d'un toit panoramique vous le dira : une fois ouvert, l'accessoire fait un bruit d'enfer. Faut-il pour autant le considérer comme un accessoire superflu ? Ce large toit vitré, qui majore la facture du véhicule d'au moins 2 000 $, fournit une source de lumière non négligeable en hiver. «Je considère cet équipement comme un investissement au profit de la santé mentale du consommateur. Et je ne suis pas le seul. Sur le marché de la revente, plus particulièrement au Québec, les véhicules qui en sont équipés se vendent beaucoup plus rapidement, en plus d'apporter de la valeur en matière d'équipement à leur détenteur», explique Yves Varin.

Gare aux jantes surdimensionnées

Par souci d'esthétisme et de style, plusieurs consommateurs optent pour le modèle de véhicule équipé de jantes et de pneus d'un à deux pouces de plus que ceux du modèle standard. Erreur, selon Georges Iny. Non seulement les pneus surdimensionnés nuisent au confort de roulement, mais ils risquent de se briser plus facilement (ainsi que la jante) et accélèrent l'usure de la suspension.

Bel avenir pour les solutions anticollisions

Alors que la réelle utilité de nombreux nouveaux accessoires est discutable, certains d'entre eux sont appelés à représenter la prochaine norme. «Tout comme les freins ABS, l'antidérapage et les coussins gonflables, [qui sont maintenant obligatoires], les détecteurs pour éviter les collisions frontales, les caméras de recul, les alertes d'objet dans les angles morts sont des accessoires de sécurité qui ne seront bientôt plus des options», précise Jesse Caron. Ces solutions sécuritaires sont d'ailleurs très recherchées sur le marché de la revente, ajoute M. Varin. Le hic, c'est qu'il est difficile d'établir ce que le consommateur récupère réellement à la revente. «Ce sont, pour le moment, des options vendues dans les forfaits premium, des forfaits généralement très élevés que la plupart des gens ne sont pas prêts à payer», dit M. Varin.

Essence supérieure : est-ce bien utile ?

La demande en essence supérieure était en voie de disparaître il y a une dizaine d'années, mais les constructeurs automobiles l'ont fait ressusciter. On assiste à une recrudescence de véhicules alimentés par ce type d'essence qui coûte au moins 10 cents de plus que le litre d'essence ordinaire. «Pour afficher quelques chevaux-vapeur de plus, de nombreux constructeurs dotent leurs modèles d'une motorisation alimentée à l'essence supérieure. Dommage, car ça ne fait qu'augmenter la facture de consommation d'essence des automobilistes», mentionne M. Iny.

Avant d'acheter ce type de modèle, le consommateur a tout intérêt à vérifier si l'essence supérieure est réellement exigée ou tout simplement recommandée, poursuit-il. D'ailleurs, M. Iny se méfie du contexte actuel qui favorise une hausse des ventes de VUS. «L'eldorado des bas taux d'intérêt et d'un prix de l'essence ordinaire à moins d'un dollar le litre ne durera pas éternellement. Plusieurs pourraient avoir de mauvaises surprises.»

Acheter ou louer ?

Voilà l'éternelle question. «Il est faux de croire que la location revient moins cher que l'achat», affirme Éric Brassard, planificateur financier et conseiller en placement chez Brassard Goulet Yargeau. M. Brassard est également l'auteur du livre Finance au volant. «La location est avant tout un mode de financement. Les mensualités sont sensiblement les mêmes qu'un achat réparti sur six, voire sept ans», précise-t-il. La différence, c'est qu'il y a une valeur résiduelle garantie à payer à la fin du terme, dit-il. «À moins que ce soit un citron ou qu'il ait été accidenté, le véhicule loué peut constituer un bon achat en matière de véhicule d'occasion. Après tout, le consommateur connaît bien le véhicule, car il l'a conduit pendant quelques années», souligne M. Brassard.

Accroître ou pas le nombre de mensualités ?

CAA-Québec recommande de ne pas financer l'achat d'une voiture au-delà de cinq ans (ou 60 mensualités). «Le risque pour un consommateur ayant des mensualités qui s'étirent sur plus de cinq ans est de se retrouver dans une situation où il voudra peut-être changer de véhicule au milieu du terme. Son solde sera alors plus élevé que la valeur de revente du véhicule», explique Jesse Caron.

Éric Brassard a, pour sa part, un tout autre point de vue. «Ce serait bête de ne pas profiter des bas taux d'intérêt offerts par les constructeurs», dit-il. L'acheteur, qui étire ses mensualités sur plusieurs années a l'occasion d'utiliser son argent pour rembourser son hypothèque ou épargner.

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