Le transport régional reprend de l'altitude

Publié le 25/03/2010 à 14:16

Le transport régional reprend de l'altitude

Publié le 25/03/2010 à 14:16

Par Claudine Hébert

" Chaque fois qu'on assiste à un resserrement des mesures de sécurité, on note un transfert de la clientèle d'affaires vers les vols nolisés ", dit Marco Prud'homme, directeur de l'Association québécoise du transport aérien (AQTA), qui compte bien profiter de cette situation pour redonner des ailes à une industrie qui a traversé des jours difficiles.

Cette popularité s'explique par le fait que les transporteurs régionaux ne sont pas tenus, du moins pas encore, de fouiller systématiquement leurs passagers et ni de leur faire traverser les détecteurs de métaux, car ils ont leur propre terminal à l'aéroport. " Même la porte du pilote reste ouverte en vol ", dit M. Prud'homme, qui n'ose pas imaginer la vague qui déferlera sur les petits transporteurs lorsque les scanners corporels seront installés dans les grands aéroports nationaux et internationaux...

M. Prud'homme souhaite que son industrie sorte de l'ombre, et qu'elle recrute davantage de clientèle d'affaires, une tâche colossale. Concentrés sur leurs activités, très peu de transporteurs régionaux pensent à faire de la promotion. Un sondage maison récent mené auprès d'une centaine de voyageurs à l'aéroport Jean-Lesage a montré qu'à peine 4 % des voyageurs étaient en mesure de nommer un transporteur desservant le territoire québécois autre qu'Air Canada, Transat, West Jet ou Porter Airlines.

Des billets à la hausse

Il faut dire le transport aérien régional québécois a connu des temps meilleurs. En 1980, il totalisait plus de 700 000 passagers par an. Une affluence à laquelle contribuaient les grands chantiers hydroélectriques et leurs 17 000 employés, notamment lors de la première phase. Si bien qu'à la fin de ces travaux, le nombre de voyageurs a chuté de 50 %, à 350 000. Lors des dernières estimations, en 2002, il s'élevait à 500 000.

Cette diminution du trafic a occasionné une restructuration de l'industrie du transport aérien qui s'est soldée par la disparition de plusieurs transporteurs, laissant aujour-d'hui à Air Canada Jazz presque toute la place. Un monopole dans les services régionaux qui s'est traduit par des hausses des tarifs. Selon les dernières analyses de Transports Québec, en 2002, les hausses de prix du billet d'avion représentent plus de 50 % sur les marchés régionaux, par rapport à 27 % sur les marchés nationaux. Toujours selon Transports Québec, l'imposition de nouveaux frais ou de redevances pour les transporteurs aériens à la suite du retrait du gouvernement fédéral de la propriété aéroportuaire et de l'exploitation de services a entraîné des coûts additionnels qui ont été repassés aux passagers.

Malgré tout, une cinquantaine de transporteurs de petites et moyennes tailles sont toujours en activité. Ces transporteurs (Pascan Aviation, Propair, Aéropro, Passport Hélico...) exploitent des avions ou des hélicoptères et assurent quotidiennement sous forme de vols réguliers ou nolisés des liaisons entre les 91 aérodromes et aéroports publics du Québec (Gatineau, Bagotville, Sept-Iles, Val-d'Or, Kuujuak). Le secteur aéroportuaire se concentre le long du fleuve Saint-Laurent, et le long du littoral qui ceinture le Grand Nord du Québec.

À ces transporteurs s'ajoutent plus de 250 entreprises d'entretien mécanique, d'assurance, d'ingénierie et de consultation, dont des écoles de pilotage. " Au total, cette industrie compte près de 19 000 emplois ", dit M. Prud'homme. Bien qu'il reprenne de l'altitude, le transport aérien régional demeure toujours sensible aux fluctuations des secteurs économiques comme l'exploitation minière et la construction de grands chantiers dans le nord de la province.

Outre l'apport des 500 emplois que génèrent les transporteurs des communautés autochtones (Air Creebec, Air Inuit, First Air et Aviation Québec Labrador, qui se partagent le territoire de la baie James, du Nunavik et de la Côte-Nord), très peu de données sont disponibles sur les retombées économiques du transport aérien en régions. M. Prud'homme demeure convaincu que le volume d'affaires du transport aérien québécois rapporte des centaines de millions de dollars. Et que ce marché n'a pas fini de se développer.

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