Le soja fait du bien au transport du grain


Édition du 29 Mars 2014

Le soja fait du bien au transport du grain


Édition du 29 Mars 2014

Le transport céréalier est en effervescence. La fin du monopole de la Commission canadienne du blé bouleverse les habitudes des transporteurs, mais les ports du Saint-Laurent pourraient en bénéficier.

«Pendant longtemps, la Commission canadienne du blé coordonnait tous les mouvements de grains exportés du Canada, dit Jacques Paquin, vice-président marketing et développement des affaires à l'Administration portuaire de Trois-Rivières. Maintenant, les acheteurs achètent directement des producteurs, et l'ajustement à ce nouveau procédé n'est pas encore complet.»

Cette nouvelle dynamique a eu un effet direct à Trois-Rivières : la vente du manutentionnaire Les Élévateurs de Trois-Rivières à... la Commission nationale du blé ! «Auparavant, la Commission n'avait pas le droit d'être propriétaire d'actifs pour entreposer ou livrer des grains, mais à la fin de son monopole, elle a reçu le mandat de se transformer en un réel commerçant de blé, explique Jacques Paquin. Or, les manutentionnaires des ports du Saint-Laurent appartenaient déjà à de gros joueurs comme Kargill ou Richardson, sauf celui de Trois- Rivières, qui était indépendant.»

Jacques Paquin. Photo : Sylvain Mayer

Des années mouvementées

Malgré l'arrivée de cet acteur important, 2013 a été une année de transition difficile du côté du transport du grain au Port de Trois-Rivières. Le trafic y a chuté de moitié, passant d'un coup de 1,6 à 0,8 million de tonnes métriques.

Au Port de Montréal, qui avait connu une année record de 3 millions de tonnes métriques en 2012 dans son terminal céréalier exploité depuis 2011 par Viterra, le trafic a aussi baissé, en raison de la grande disponibilité de navires sur la côte ouest. « Les taux d'affrètements étaient plus économiques qu’un mouvement par rail vers la côte Est, ce qui a favorisé les ports de la côte ouest. Cette situation conjoncturelle  a touché tous les terminaux céréalier sur le Saint-Laurent », soutient Mélanie Nadeau, chef des communications de l'Administration portuaire de Montréal.

L'année en cours, malgré une récolte record, présente aussi des défis considérables, en raison d'un hiver très rigoureux. «Lorsque l'hiver est aussi froid, il faut raccourcir les trains, car le système de freinage perd en efficacité, explique Jacques Paquin. Cela a causé des retards énormes dans les livraisons, de sorte que des bateaux se sont retrouvés à attendre pendant plusieurs semaines. Dans un tel contexte, l'absence d'un coordonnateur de la logistique comme la Commission n'aide pas.»

Perspectives favorables

Mais selon Claude Comtois, professeur de géographie à l'Université de Montréal et membre du Centre interuniversitaire de recherche sur les réseaux d'entreprise, la logistique et le transport (CIRRELT), les administrateurs des ports du Saint-Laurent auraient tort de trop s'inquiéter. Plusieurs tendances viendront favoriser une augmentation du trafic du grain sur cette voie navigable. La conteneurisation du grain, par exemple, pourrait favoriser Montréal. Déjà, environ le tiers des grains exportés du Port de Montréal sont conteneurisés, selon Claude Comtois.

«De plus en plus d'importateurs étrangers font des commandes très précises en ce qui concerne le mélange de grains, explique le professeur. Les producteurs font eux-mêmes le mélange et le nettoyage des grains, puis les placent dans des conteneurs scellés. C'est un phénomène qui en est à ses balbutiements, mais qui prendra de l'ampleur dans les prochaines années.»

La nature des céréales demandées change aussi. Les produits comme les pois chiches ou le soja sont très populaires. Or, beaucoup de producteurs québécois de soja utiliseront les ports locaux pour expédier leurs produits. «Les ports comme celui de Trois-Rivières vont vite voir le trafic augmenter», prédit Claude Comtois.

Le Port de Montréal prévoit pour sa part en 2014 une reprise importante de l’activité des terminaux céréalier sur le Saint-Laurent. « Selon Agriculture et Agroalimentaire Canada, l'année de récolte 2013-2014 sera l'une des années de récoltes les plus élevées de blé dur depuis la récolte 2000-2001 », précise Mélanie Nadeau.

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