Le Partenariat transpacifique menace l'industrie automobile canadienne


Édition du 05 Septembre 2015

Le Partenariat transpacifique menace l'industrie automobile canadienne


Édition du 05 Septembre 2015

Par François Normand

[Photo : Shutterstock]

Le futur accord du Partenariat transpacifique (PTP) menace l'industrie automobile au Canada, car les constructeurs automobiles japonais pourraient se voir accorder le droit d'exporter en Amérique du Nord des véhicules comportant moins de contenu nord-américain. Devrait-on s'inquiéter au Québec ?

«Il pourrait y avoir des pertes d'emplois au Canada», reconnait Flavio Volpe, président de l'Automotive Parts Manufacturers' Association (APMA), dans un entretien avec Les Affaires. Mais selon lui, l'industrie au Québec serait moins touchée, car les fournisseurs d'ici sont beaucoup moins dépendants des constructeurs automobiles que ceux de l'Ontario. «Beaucoup de fournisseurs québécois ont aussi des clients dans l'aérospatiale, pour des produits en plastique par exemple.»

Douze pays participent aux pourparlers pour créer cette zone de libre-échange qui représenterait 40 % du PIB mondial : le Canada, les États-Unis, le Mexique, le Pérou, le Chili, le Japon, la Malaisie, Singapour, le Brunéi Darussalam, le Vietnam, l'Australie et la Nouvelle- Zélande.

Selon The Globe and Mail, les États-Unis et le Japon ont convenu que le futur accord de libre-échange permettrait aux constructeurs automobiles japonais d'exporter plus facilement des voitures et des composants en Amérique du Nord sans payer de tarifs douaniers.

Actuellement, l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) stipule qu'une voiture peut être importée sans tarif au Canada, aux États-Unis et au Mexique si 62,5 % de la valeur de la voiture provient de ces trois pays.

Néanmoins, Washington et Tokyo voudraient ramener ce seuil à 30 % pour les composants d'automobiles et à 45 %, pour les véhicules légers, selon The Globe and Mail. Les Japonais pourraient ainsi inclure dans leurs voitures davantage de contenu provenant de pays ne prenant pas part aux négociations pour créer le PTP, comme la Chine, au détriment des fournisseurs canadiens. Des constructeurs automobiles japonais pourraient même réduire leur production de voitures au Canada, selon l'APMA.

Au Québec, 130 entreprises sont actives dans l'industrie automobile, selon le gouvernement du Québec. Les principaux acteurs de l'industrie sont Bridgestone Canada (fabrication de pneus), Waterville TG (fabrication de bandes d'étanchéité) et Spectra Premium (fabrication de radiateurs et de réservoirs de carburant).

Spectra Premium serait peu touchée

Denis Poirier, vice-président et chef de la direction financière chez Spectra Premium, affirme que l'entreprise de Boucherville serait peu touchée par une éventuelle réduction des règles d'origine pour l'industrie automobile dans le PTP. «Nous vendons seulement 20 % de nos produits aux constructeurs automobiles ; le reste est vendu au marché de l'après-vente», explique-t-il.

Chez Bridgestone Canada à Joliette, propriété de la japonaise Bridgestone Corporation, on refuse de commenter les négociations du PTP. «Nous avons établi une chaîne d'approvisionnement durable en Amérique du Nord, et nous ne prévoyons pas de changements majeurs», affirme le porte-parole Frank Lijima, à Tokyo.

Dans un courriel, le gouvernement canadien indique que le Canada cherchait à conclure un accord qui «respecte la nature intégrée de la plateforme de production [automobile] en Amérique du Nord». Ottawa refuse de commenter publiquement les négociations du PTP.

> 1,3 G$ : Au Québec, 130 entreprises sont actives dans l'industrie automobile. Elles génèrent un chiffre d'affaires annuel de l'ordre de 1,3 milliard de dollars canadiens. Source : Gouvernement du Québec

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