Le pari pas si fou de Tesla


Édition du 10 Octobre 2015

Le pari pas si fou de Tesla


Édition du 10 Octobre 2015

Et du côté des concurrents ?

«Plus il y aura de voitures électriques, mieux ce sera», disait Will Nicholas lors de la Conférence Momentum de Novae portant sur le développement durable, le 24 septembre, à Montréal. Il commentait alors la volonté d'Apple d'entrer dans le marché automobile et celui de la conduite autonome à moyen terme.

Le Salon international de l'automobile de Francfort, à la mi-septembre, a servi de tribune à plusieurs constructeurs pour annoncer leurs futures couleurs électriques. Par exemple, Porsche y a présenté la Mission E, la voiture concept d'une future berline sport électrique dotée d'une autonomie de 500 km. Le bolide aux formes de la 911 se rechargerait à 80 % en 15 minutes. La production ne commencera pas avant cinq ans pour des raisons techniques.

Audi avait auparavant présenté un VUS électrique baptisé e-tron quattro, dont la date de sortie n'est pas confirmée. BMW, avec sa i3 et son superbolide i8, entend continuer à suivre la piste des engins hybrides pour le moment. Même Ferrari a déjà son premier modèle hybride et traction intégrale, la FF.

Quelques constructeurs offrent des voitures électriques intéressantes, mais souvent à l'autonomie encore un peu trop juste pour le grand public, même si elles conviennent parfaitement à la navette maison-boulot.

Tesla n'a donc pas de concurrent direct pour l'instant. En effet, les constructeurs perdent encore plus d'argent qu'ils n'en gagnent avec leurs modèles électriques.

Lors d'une conférence à Washington en juillet 2014, le patron de FCA Fiat Chrysler, Sergio Marchionne, déconseillait même l'achat de la Fiat 500e électrique. «À chaque fois que j'en vends une, elle me coûte 14 000 $ US. Je n'en vendrai pas une de plus que nécessaire», affirmait-il.

Il ajoutait que seul Tesla pourrait gagner de l'argent à court terme grâce au prix de son modèle S et à sa niche. Soulignons qu'aux États-Unis, plusieurs États ont adopté des lois forçant les constructeurs à produire un minimum de voitures écologiques.

Celle qui changera la donne ?

Tesla vise une production annuelle de 500 000 exemplaires de son futur modèle 3 d'ici 2020. Entre-temps, GM lancera la petite soeur de la Volt, la Bolt, sans génératrice à essence, mais qui devrait atteindre les 320 km d'autonomie, le seuil psychologique pour convaincre le grand public, selon Elon Musk.

Les Nissan Leaf et autres Kia Soul et Ford Focus verront leur autonomie augmenter. Renault, qui offre quatre véhicules électriques en Europe, tâte le terrain au Québec avec sa Twizy. La petite deux places doit encore obtenir l'homologation officielle.

Tesla a déjà profité à la dernière minute d'un coup de pouce de l'ordre de 50 millions de dollars de la part de Mercedes-Benz pour survivre. Toutefois, la plus grande aide non financière inespérée lui vient peut-être d'Allemagne, où elle peine à percer. En effet, le groupe Volkswagen respire les vapeurs toxiques du scandale de sa tricherie au diesel «propre». Les coûts en rappels et dommages punitifs se mesureront en milliards. Le malaise face au diesel profitera-t-il aux voitures électriques ?

En fait, le principal écueil potentiel devant Tesla pourrait venir de l'interne. Son VUS ne doit pas connaître de rappel important qui minerait sa réputation de faire mieux que le reste de l'industrie. La force de Tesla est dans son patron et ses employés.

Martin Paquet est très clair : «Travailler chez Tesla est une occasion de changer le monde, vraiment. On le voit bien dans la mission de l'entreprise : "Accélérer la transition vers le transport durable". Notre mission ne parle pas de profits, d'être numéro un ou de la concurrence. Si nous sommes capables de le faire nous-mêmes, tant mieux. Si nous sommes capables d'influencer les autres constructeurs dans le même sens, c'est encore mieux».

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