Or, depuis le 1er janvier 2015, les entreprises doivent acquitter la facture des distributeurs de carburant à même leur consommation - une augmentation pour le moment estimée à 4 ou 5 cents le litre, selon M. Pineau. «Les distributeurs refilent la facture aux PME, qui n'ont pas la capacité - à moins d'aller voir la Coop Carbone - de mettre en oeuvre des projets de réduction, dit M. Gravel. C'est dommage.»
On compte 13 programmes à ce jour, dont la moitié dans le secteur des transports. Neuf d'entre eux s'adressent aux entreprises. «Des programmes sont en élaboration, note toutefois le MDDELCC. Ils seront ajoutés à la présente liste au fur et à mesure de la mise en oeuvre du PACC 2013-2020.»
Du côté du Conseil patronal de l'environnement du Québec, on a confiance que ce brouillard sera bientôt dissipé. «Le MDDELCC est en train de mettre en place des mécanismes pour que tout soit plus transparent sur la façon dont l'argent est dépensé et géré, et sur les résultats de réduction de GES de chaque projet», dit Hélène Lauzon, sa présidente.
Québec devrait faire plus
Transparence ou pas, il reste que le débat est loin d'être clos sur la meilleure façon de dépenser les 2,1 G$ du Fonds vert qui iront au secteur des transports d'ici 2020. Au cabinet du ministre David Heurtel, on cite la subvention de 2 M$ accordée en février 2015 à l'entreprise Autobus Lion pour la mise en service de six véhicules E-Lion. «Chaque autobus économise 8 250 litres de diesel par an, soit 23 tonnes de CO2, se réjouit le ministre David Heurtel. Il y a entre 6 000 et 8 000 autobus scolaires au Québec.»
Une mesure tout au plus anecdotique, note M. Gravel, puisque cette ligne scolaire existait déjà. Il ne comprend pas ce qu'attend le gouvernement pour investir massivement dans de nouveaux services, à un moment où, à Montréal, le nombre de véhicules en circulation se rapproche du million.
«Électrifier [ce qui existe déjà] ne va pas suffire : il faut développer l'offre de transport, ajouter des services», dit M. Gravel, qui croit que Québec doit convaincre les automobilistes de passer au transport collectif. «Pourquoi ça traîne ? Le gouvernement nous dit qu'il veut être prêt. Mais quand c'est trop tard, on n'est plus prêt.»