L'absence d'administrateurs francophones au CA du CN est «inacceptable», dit Trudeau

Publié le 22/04/2022 à 08:13

L'absence d'administrateurs francophones au CA du CN est «inacceptable», dit Trudeau

Publié le 22/04/2022 à 08:13

Par La Presse Canadienne

«Je comprends à quel point les gens sont frustrés, moi aussi je le suis», a mentionné le premier ministre du Canada, Justin Trudeau. (Photo: La Presse Canadienne)

Ottawa — Le premier ministre Justin Trudeau trouve «inacceptable» que la Compagnie des chemins de fer nationaux du Canada (CN), établie à Montréal, n’ait retenu aucun candidat francophone pour son conseil d’administration. Face à la controverse, le plus grand transporteur ferroviaire du pays s’est engagé en fin de journée à remédier à la situation.

«Je vais être honnête. J’ai été époustouflé d’entendre cette situation-là qu’une compagnie comme le CN, une compagnie nationale, assujettie aux règles fédérales, assujettie à la Loi sur les langues officielles, n’ait pas vu ce qui s’est passé à Air Canada et n’ait pas appris la leçon qui me semblait être tout à fait évidente», a lancé M. Trudeau jeudi lors d’une conférence de presse.

«Je comprends à quel point les gens sont frustrés, moi aussi je le suis», a-t-il renchéri.

Bien qu’il ait dit estimer que les francophones du pays devraient siéger sur tous les conseils d’administration de toutes les grandes compagnies nationales, M. Trudeau a refusé de dire si la nouvelle mouture de la Loi sur les langues officielles devrait inclure des modalités sur la composition de ces groupes d’administrateurs.

M. Trudeau a précisé avoir demandé à l’un de ses ministres «de s’assurer que le CN travaille rapidement pour rectifier la situation».

Dans une déclaration en français transmise en fin d’après-midi, le CN a souligné que deux membres de son conseil d’administration termineront leur mandat «dans les prochains mois», ce qui permettra à l’entreprise de «corriger la situation» — même si aucune des 11 nominations annoncées récemment n’avait le français comme langue maternelle. 

«Le conseil d’administration est hautement conscient des enjeux», a ajouté la société.

Jusqu’à récemment, le conseil d’administration pouvait désigner au moins un administrateur francophone, l’ancien premier ministre du Québec Jean Charest, qui a démissionné pour se présenter à la course à la direction du Parti conservateur fédéral. 

Les problèmes linguistiques dans le monde des affaires de la province sont revenus à l’avant-scène en novembre, dans la foulée de commentaires du chef de la direction d’Air Canada, Michael Rousseau. Lors d’une mêlée de presse, ce dernier avait fait des commentaires, incluant une admission de son incapacité à parler en français, qui avaient déclenché un tollé. 

La cheffe de la direction du CN, Tracy Robinson, a déclaré, lors de sa nomination en janvier, qu’elle avait commencé à suivre des cours de français pour pouvoir communiquer avec les employés et les clients du CN et «profiter pleinement de l’expérience de la vie au Québec». 

Le Canadien National, comme l’ancienne société d’État Air Canada, est assujetti à la Loi sur les langues officielles du Canada, qui oblige les institutions fédérales à fournir des services en anglais ou en français sur demande. 

Bien qu’il ne comprenne aucun administrateur de langue française, le conseil vante sa diversité à un autre égard: six de ses onze administrateurs sont des femmes, incluant sa cheffe de la direction. 

Avant l’annonce du CN, le Bloc québécois avait exprimé sa «vive déception» sur l’absence de francophones au conseil d’administration.

«Force est de constater que de plus en plus, le français devient une langue optionnelle au Canada, particulièrement chez les entreprises qui desservent le Québec et qui sont soumises à la Loi sur les langues officielles, comme c’est le cas du CN ou d’Air Canada, a déclaré le porte-parole bloquiste en matière de langues officielles, Mario Beaulieu. Malheureusement, ce genre de situation se reproduira, tant qu’Ottawa refusera de laisser le champ libre à Québec dans sa volonté d’assujettir les entreprises fédérales à la loi 101.»

De son côté, le Nouveau parti démocratique (NPD) a critiqué les libéraux, qui échouent à leurs responsabilités envers les Québécois, les Acadiens et les communautés francophones en situation minoritaire, selon la porte-parole en matière de langues officielles, Niki Ashton.

«Après le manque de respect du PDG d’Air Canada, les gens sont de plus en plus en colère face aux gestes méprisants des riches dirigeants du CN envers les francophones, a indiqué Mme Ashton dans un communiqué diffusé jeudi soir. Les libéraux font semblant de se préoccuper du déclin du français, mais le Commissaire aux langues officielles a tiré la sonnette d’alarme sur l’existence d’une crise systémique du français dont les travailleurs francophones paient le prix. Assez, c’est assez!»

Le NPD a précisé qu’il fera pression sur le CN pour que les francophones soient respectés. 

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