Jeff Rubin : le monde après le pétrole

Publié le 23/09/2008 à 00:00

Jeff Rubin : le monde après le pétrole

Publié le 23/09/2008 à 00:00

Qu’il soit seul à miser sur un pétrole aussi cher à l’aube d’une récession ne l’intimide pas. «J’ai l’habitude», ironise cet économiste dont les cheveux mi-longs et les opinions à contre courant font tiquer Bay Street.

Si le pétrole grimpe, c’est que les ressources s’épuisent. La production de pétrole stagne depuis 2005 et «ce qu’on vous fait passer pour une hausse de la production est en fait du gaz naturel supplémentaire sur les marchés, mais rien pour vos voitures».

Quant à un recul de la demande, il ne faut pas y compter. De toute façon, les pays producteurs de pétrole en consomment à volonté, justement pour faire grimper le prix des barils qu’ils vendent au reste du monde. En Inde et en Chine, on noit les consommateurs de subventions sur le pétrole, leur interdisant ainsi de répondre à la hausse des prix.

Pour Jeff Rubin, la hausse du prix du baril est là pour rester. Il estime qu’on verra des prix d’une moyenne de 150 dollars en deuxième moitié de 2009.

Que les Américains, Canadiens et Européens en soient contraints de ranger leurs voitures au garage, que les prix de la courgette californienne soit astronomique en hiver à Toronto ou que l’inflation atteigne 6,5% ne rime pas avec catastrophe économique. Il y voit même des opportunités pour le continent nord-américain.

En premier lieu, cette conjoncture relance les projets des sables bitumineux en Alberta donnant un coup d’accélérateur à la croissance dans l’Ouest. Mais quid de l’Est manufacturier ? Ou des zones industrielles des États-Unis ? «Elles y gagneront aussi», soutient Jeff Rubin.

En effet, à 150 dollars américains le baril de pétrole, le coût du fret entre la Chine et l’Amérique explose. «Des emplois qu’on croyait perdus à jamais dans le secteur manufacturier vont revenir sur le territoire américain», dit-il, «les effets du coût des transport commencent déjà à se voir dans le secteur de l’acier». La proximité reprend de la valeur.

Quant aux autres continents, ceux qui se délesteront les premiers de leur dépendance au pétrole prendront les devants de la croissance économique. Ainsi, les Européens qui paient déjà des prix à la pompe nettement plus élevés que le reste du monde seront mieux positionnés. La Chine et l’Inde prendront plus de temps à s’adapter.

Et quand la planète sera libérée du pétrole, que deviendront les pays producteurs qui en dépendent? «Des producteurs de plastique !», dit Jeff Rubin qui voit le secteur de la Chimie se déplacer au Moyen-Orient.

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