Faraday Future: cette mystérieuse entreprise qui veut révolutionner la voiture

Publié le 30/11/2015 à 18:28

Faraday Future: cette mystérieuse entreprise qui veut révolutionner la voiture

Publié le 30/11/2015 à 18:28

C’est l’un des secrets les mieux gardés du moment. Ou plutôt c’était. Quelque part dans la banlieue de Los Angeles, dans un bâtiment qui abritait autrefois une cellule de recherche et développement de Nissan, le nouveau Tesla(Nasdaq, TSLA) prend doucement forme. Son nom? Faraday Future. Son pari? Fabriquer des voitures électriques et autonomes, mais gagner de l’argent APRÈS les avoir vendues. Autrement dit: changer les règles du jeu.

La petite sœur de Tesla?

Si l’on compare cette start-up sortie de nulle part à la désormais célèbre Tesla, c’est parce que la filiation est évidente. Avant de devenir le PDG de Faraday Future, Nick Sampson était connu comme l’ingénieur qui a conçu le chassis du Model S de Tesla. Mieux : 4 des 5 top managers de Faraday Future viennent de l’entreprise fondée par Elon Musk. Et le 5e n’est autre que Richard Kim, le type qui se cache derrière le design des concepts BMW i3 et i8 (pas mal non plus). Comme Tesla à ses débuts, Faraday Future dispose aussi de son Elon Musk, un argentier de l’ombre aux ressources illimitées nommé  Jia Yeuting. Derrière ce nom inconnu sous nos latitudes se cache en fait le magnat chinois qui a bâti toute sa fortune grâce à Le TV, l’équivalent asiatique de notre Netflix. Et puis il y a ce patronyme, Faraday, qui renvoie, comme Tesla avant lui, à l’un des pères fondateurs de l’électricité. On peut difficilement faire plus clair.

Faraday est-il pour autant le « nouveau Tesla » comme on le sous-entendait au début de l’article? Oui et non. Faraday Future veut fabriquer des voitures électriques, mise sur la technologie autonome et espère révolutionner l’industrie, mais la comparaison s’arrête là. D’ailleurs, le pdg de Faraday Future refuse d’entrer en compétition avec Elon Musk. Comme il l’explique dans cet article de Road & Track « c’est Faraday et Tesla contre le reste de l’industrie du moteur. Pourquoi je verrai Tesla comme un adversaire? Est-ce que Daimler et Ford se battent l’un contre l’autre, ou est-ce qu’ils essaient juste tous les deux de devenir le cheval de tête? Faraday et Tesla essaient tous les deux d’apporter des solutions plus propres et meilleures sur le marché automobile, c’est inévitable qu’on nous compare. Mais je m’intéresse d’avantage à ce que fait le reste de l’industrie, à quelle vitesse elle réagit. »

Surtout, Faraday se démarque sur un point essentiel : le modèle d’affaires. Comme Sampson l’explique dans un reportage exclusif de The Verge: « La plupart des gens regardent Tesla et se disent qu’ils ont fait différemment du reste de l’industrie automobile –et ils l’ont fait. Mais ce n’est pas pour autant qu’il n’y a pas d’autres choses sur lesquelles on peut capitaliser ». Lesquelles? Dans Tech Insider, le pdg se veut beaucoup plus précis : « Notre modèle d’affaires ne tourne pas autour de la vente du véhicule. Nous envisageons la voiture comme un téléphone intelligent. L’argent commence à rentrer une fois que le client a l’engin entre les mains. Autrement dit, nous regardons dans la direction des abonnements et des applications. »

Une autre façon d’envisager la voiture

Le futur de la voiture selon Faraday ne résiderait donc pas dans le produit, mais dans les services auxquels il permettrait d’accéder. Dans le jargon du jeu applicatif, on parle de « in app purchase » pour désigner ces transactions qui ont lieu à l’intérieur du produit. Mais en élargissant l’analogie à la télévision, Sampson lui donne encore plus de sens: « Sur votre télévision, vous devez avoir une souscription à Verizon ou autre, mais vous téléchargez aussi des films, et vous payez pour ça, explique-t-il dans The Verge. Vous pouvez aussi regarder un événement sportif. Et vous payez pour ça. Etc. Il y a donc un flux d’argent continu qui est lié à votre télévision et surtout qui dépasse largement le profit réalisé par le fabricant ou le vendeur de cette télévision. Et si vous faites la somme de tout ce que vous payez mensuellement en services… Il y a là des opportunités gigantesques. C’est un flux d’argent qui va bien au-delà de l’achat d’une TV chez Best Buy. Vous devez penser de manière beaucoup plus large. L’important, c’est ce qui se passe après la vente. » (toute l'interview dans la vidéo ci-dessous).



L’intuition est formidable. Novatrice sur bien des plans même. Mais quels types d’applications Faraday Future a-t-elle en tête? Si le pdg n’a rien annoncé de précis à ce stade, il a lancé quelques pistes. Dans Road & Tracks par exemple : «Prenez quelque chose d’aussi simple que la navigation. Vous planifiez votre voyage sur Google Maps. Mais dès que vous êtes dans la rue, sur votre téléphone, vous devez recommencer à zéro. Et une fois dans votre voiture, vous devez programmer votre GPS qui fonctionne sur une interface radicalement différente et qui ne sélectionne pas la route que vous aviez choisi sur Google Maps. (…) Notre environnement est encore trop déconnecté. Or, dans le futur, les gens voudront accéder à Internet quel que soit l’endroit où ils se trouvent.»

Derrière cette lapalissade se dessine une réalité : il y a peu d’endroits où l’on se sent plus déconnecté d’Internet que dans une voiture. Il y a le téléphone intelligent bien sûr, mais outre le danger de l’utiliser au volant, il n’est pas encore totalement synchronisé avec votre voiture. D’où cette situation paradoxale : les habitacles sont conçus pour le bien être des passagers, pour leur faciliter la vie, et pourtant il y manque un élément clé. «Dès que vous êtes dans votre voiture, vous perdez votre connectivité, acquiesce Sampson dans The Verge. Les voitures d’aujourd’hui ne rencontrent pas les besoins des gens d’aujourd’hui, et ne parlons même pas des générations à venir! Les enfants de demain voudront être connectés tout le temps.  Si je planifie mon voyage, ma voiture devrait connaître mon trajet, me faire des propositions et trouver les endroits que je veux visiter, parce qu’elle connait mes préférences. Elle devrait apprendre quels sont nos désirs, et pas seulement ceux des conducteurs mais aussi ceux des passagers. Ça deviendrait un événement beaucoup plus social de se trouver dans une voiture.»

Arrivé à ce point de remise en question, à quoi bon s’arrêter en si bon chemin? Quitte à rebattre les cartes, autant y aller franchement.  «La façon dont les gens achètent et accèdent à la mobilité va nécessairement changer, poursuit Sampson dans Road & Track. Certaines de nos offres pourraient être ainsi non-propriétaires. Vous pourriez avoir une application sur votre téléphone et appeler la voiture que vous souhaitez pour qu’elle vienne vous chercher chez vous. Pourquoi posséder un véhicule qui soit un compromis quand vous pouvez avoir le modèle idéal au moment où vous en avez besoin? Un peu comme un service de souscription. L’industrie automobile ne bouge pas suffisamment vite dans cette direction.» Après Tesla, au tour de Uber et de Google de se retrouver dans la ligne de mire.

Pourquoi tout le monde a envie d’y croire

Toute l’originalité du projet et du plan d’affaires de Faraday tient en fait dans cette phrase sibylline de Richard Kim également rapportée par la reporter de The Verge: « À plusieurs niveaux, c’est une voiture». Chaque mot a son importance ici. « C’est un engin mobile, poursuit-il. Et lorsqu’on interagit avec ce genre d’objet, on a cet irrépressible désir de le posséder. Notre voiture continuera donc d’être belle, elle sera le genre d’objet qu’on a envie d’avoir ». Mais, et là c’est la journaliste de The Verge qui parle, « la forme ne ressemble à rien de ce que j’ai déjà vu sur le route ».


Voilà l’inconnue : à part la journaliste, personne ou presque ne sait encore à quoi ressembleront les véhicules de Faraday Future. Ni s’ils seront en mesure de répondre aux promesses futuristes de ses concepteurs. À vrai dire, la rumeur a même couru pendant un temps qu’Apple se cachait derrière cette société mystérieuse, que Faraday n’était en fait qu’un paravent. Et pourtant: non seulement l’entreprise existe bel et bien, mais elle semble avoir déployé les moyens de ses ambitions. Autour de ses 5 top managers, la compagnie a agrégé en l’espace d’un an 400 employés venus de tous les horizons.  Des transfuges de l’automobile bien sûr (Tesla, BMW, Audi, Ferrari…), mais aussi de l’aéronautique (Space X) et du milieu des nouvelles technologies (Apple, Hulu). Un aréopage de talents que seules les meilleures start-up sont capables de réunir.

Par ailleurs, une giga-entreprise va bientôt sortir de terre. En Californie, en Louisiane ou en Caroline du Nord, rien n’est encore décidé. Tout ce qu’on sait, c’est que Jia Yeuting a mis un milliard de dollars sur la table pour la construire. On est évidemment encore loin d’une quelconque mise en production, encore plus d’une mise sur le marché. Une nouvelle marque automobile est toujours longue à mettre en branle, plus en tout cas qu’un « simple » produit électronique ou une application mobile. Le nombre de champs d’expertises impliquées dans la fabrication d’une voiture et le niveau d’exigence nécessaire à son homologation font que le tempo de cette industrie n’a rien à voir avec celui des nouvelles technologies.

Si la stratégie et le résultat demeurent encore brumeux, l’horizon est lui très clair: disposer en 2017 d’une voiture commercialisable. Soit dans moins de deux ans. Compte tenu de l’âge de la compagnie, un tel délai paraît intenable, mais Faraday semble se développer à vitesse grand V. À la question «y aura-t-il des Faraday sur les routes en 2020?», Sampson répond d’ailleurs sans l’ombre d’une hésitation : «Absolument». À cette heure, il y aurait déjà un prototype qui testerait le système électrique, la batterie et la propulsion sur un circuit californien…

Prochain rendez-vous? Le Consumer Electronic Show de janvier 2016. Cette grande messe des nouvelles technologies devrait être l’occasion pour Faraday d’en dire un peu plus sur sa stratégie et, qui sait?, de dévoiler les premières lignes de cette «voiture conçue de l'intérieur vers l'extérieur». D’ici là on aura tout le loisir de s’interroger sur cette équation automobile à plusieurs inconnues : est-ce que Tesla + Google Car + Uber + X = Faraday?

Photos: Faraday Future

À la une

Bourse: nouveaux records pour le Dow Jones et le S&P 500 à Wall Street

Mis à jour le 28/03/2024 | lesaffaires.com, AFP et Presse canadienne

REVUE DES MARCHÉS. La Bourse de Toronto est en hausse et les marchés américains sont mitigés.

À surveiller: Microsoft, Apple et Dollarama

28/03/2024 | lesaffaires.com

Que faire avec les titres de Microsoft, Apple et Dollarama? Voici quelques recommandations d’analystes.

Bourse: les gagnants et les perdants du 28 mars

Mis à jour le 28/03/2024 | LesAffaires.com et La Presse Canadienne

Voici les titres d'entreprises qui ont le plus marqué l'indice S&P/TSX aujourd'hui.