EmoScienS: le logiciel qui veille sur le personnel

Publié le 18/08/2023 à 09:00

EmoScienS: le logiciel qui veille sur le personnel

Publié le 18/08/2023 à 09:00

Pierrich Plusquellec, cofondateur d'EmoScienS (Photo: 123RF)

Alors qu’un travailleur sur quatre souffre de détresse psychologique, EmoScienS espère les aider à comprendre et mieux gérer leurs émotions. Son cofondateur, Pierrich Plusquellec, explique à Les Affaires comment un logiciel peut veiller sur la santé émotionnelle du personnel. 

C’est la frustration qui a poussé Pierrich Plusquellec à troquer son chapeau de chercheur pour celui d’entrepreneur. «Quand on fait de la recherche, on crée des solutions numériques, on les valide scientifiquement et on sait qu’elles fonctionnent. Puis, rien ne se passe parce qu’on n’est pas de bons vendeurs», constate le professeur à l’École de psychoéducation de l’Université de Montréal et codirecteur du Centre d’études sur le stress humain. 

Ce passionné de technologie a donc profité d’une année sabbatique pour rejoindre l’incubateur Centech, où il a développé sa fibre entrepreneuriale. Avec deux autres scientifiques, Nathe François et Ted Hill, il a fondé EmoScienS en novembre 2019. 

Même si la liste des défis rencontrés en cours de route s’avère trop longue à énumérer, deux obstacles lui ont particulièrement donné du fil à retordre: la vitesse et la crédibilité. «Le travail de chercheur et celui d’entrepreneur ne vont pas à la même vitesse. En tant qu’entrepreneur, on va directement au marché. On teste ce que les gens veulent puis on crée ce produit-là. C’est l’approche start-up. En science, c’est complètement l’inverse», remarque Pierrich Plusquellec. 

Il sentait aussi qu’un professeur d’université qui se lançait dans le milieu des affaires manquait de crédibilité. «On me disait que ça ne marcherait jamais parce que je n’avais pas assez faim de succès pour que ça fonctionne», raconte-t-il. Trois ans après la fondation de son entreprise, il réalise néanmoins que la crédibilité s’acquiert aussi au fil des années.

 

Crever l’écran

Le fonctionnement d’EmoScienS est simple. «Il s’agit d’un logiciel qui enregistre vos émotions à partir de la caméra de votre ordinateur quand vous le souhaitez, que vous soyez en visioconférence, que vous jouez à un jeu vidéo ou que vous travaillez.» 

Celui-ci prend des photos à intervalles réguliers de l’employé lorsqu’il est assis devant son écran et l’intelligence artificielle décrypte ses expressions faciales. Un tableau de bord, auquel seul le salarié a accès, permet de voir les émotions qu’il a ressenties dans la dernière heure, la dernière journée, le dernier mois ou même la dernière année.

«Malheureusement, quand on perd le contrôle de ses émotions, on tombe à risque d’épuisement professionnel», note l’entrepreneur. Il croit donc que si les gens ont conscience de ce qu’ils vivent face à leur écran, où ils passent jusqu’à huit heures par jour, ça peut les aider à mieux prévenir leurs troubles émotionnels, comme la dépression ou l’anxiété.

Un ensemble d’outils pour mieux gérer les émotions au quotidien, notamment des ressources validées scientifiquement et des programmes d’entraînement, est aussi mis à la disposition des utilisateurs.

Les entreprises ont de leur côté accès non pas aux données de chaque employé, mais aux informations de groupes d’employés. «Si au moins dix travailleurs du même groupe souhaitent partager leurs émotions de manière anonyme, on peut fournir la moyenne du groupe en temps réel à l’employeur.»

Un dirigeant pourra ainsi prendre le pouls de chaque équipe, voir par exemple l’effet d’un nouveau contrat ou d’une fusion d’entreprise sur le moral des troupes et intervenir pour les aider à surmonter cette épreuve. Ou, au contraire, à comprendre pourquoi cela se passe si bien. 

Selon Pierrich Plusquellec, c’est la première fois que les employeurs peuvent mesurer en temps réel les émotions d’une équipe. «Ça n’existe nulle part ailleurs.»

 

L’avenir 

La jeune pousse est présentement en mode déploiement. Cinq organisations de tailles variées, dont le CHUM, ont mis sur pied un projet pilote pour évaluer le produit et voir ce qu’il peut leur apporter. Une entreprise de jeux vidéo, une autre spécialisée en technologies médicales et un centre d’hébergement pour personnes âgées font également partie de l’aventure. «Je vais aussi le proposer à une boîte de cotravail, qui veut prendre soin de ses travailleurs autonomes», ajoute le cofondateur. 

L’entreprise en démarrage travaille entretemps sur d’autres algorithmes prédictifs, pour que l’utilisateur ait éventuellement une mesure de son bien-être en temps réel. «C’est l’histoire de la grenouille dans l’eau chaude. Parfois, on ne s’en rend pas compte, mais on n’est pas du tout heureux à l’endroit où l’on est. C’est pour ça que ça vaut la peine d’avoir cette mesure.» 

Avec EmoScienS, le scientifique entrepreneur s’est donné comme mission, envers et contre tous, de démontrer qu’il est possible d’utiliser des données aussi intrusives «de manière éthique, responsable et bienveillante».

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