L'UDA réclame une intervention gouvernementale pour soutenir le doublage

Publié le 28/11/2014 à 15:29

L'UDA réclame une intervention gouvernementale pour soutenir le doublage

Publié le 28/11/2014 à 15:29

Par La Presse Canadienne

L'Union des artistes dit craindre une mort à petit feu de l'industrie québécoise du doublage à la suite de la décision de Netflix de mettre fin sans préavis au doublage québécois de la série «House of Cards» afin de le confier à une firme française.

L'UDA estime qu'il ne s'agit là que du dernier épisode d'une tendance qui ne peut que s'alourdir d'une part en raison des nouveaux modes de diffusion numériques, mais aussi à cause du laisser-faire du gouvernement Harper, qui refuse d'imposer des obligations réglementaires à Netflix.

La présidente de l'UDA, Sophie Prégent, a lancé un véritable cri du coeur vendredi en parlant de cette industrie, une des rares où les artistes réussissent à tirer leur épingle du jeu financièrement.

«Le doublage, c'est une excellente façon de gagner sa vie. C'est le secteur où les contrats de l'Union des artistes sont les plus respectés», a plaidé la comédienne.

«J'ai le sentiment de gérer la décroissance. (...) Je ne peux pas penser que dans 10 ans, 15 ans, c'est un secteur qui va s'effondrer», a-t-elle laissé tomber en conférence de presse.

L'industrie du doublage représente des entrées de fonds annuelles de 24 millions $ et fournit du travail à environ 900 personnes, acteurs, techniciens et autres.

Le syndicat d'artistes a révélé vendredi que ses membres avaient accepté de réduire de 21 pour cent leurs tarifs pour le doublage sur DVD, un effort qui a été bien reçu par l'Association nationale des doubleurs professionnels (ANDP), qui regroupe les donneurs d'ouvrage de l'industrie. Ceux-ci n'ont toutefois pas mis en oeuvre l'entente en ce sens, au grand dam de l'UDA, prétextant vouloir attendre de régler l'ensemble des dossiers d'un coup.

«Une baisse de tarifs de 21%, ça représente une baisse énorme des revenus de nos membres. Énorme. C'est avec beaucoup de courage qu'ils ont fait ça», a déclaré Mme Prégent.

De son côté, le responsable de la commission sur le doublage à l'UDA, Sébastien Dhavernas, a indiqué que l'effort consenti par les artistes était significatif pour le marché, malgré les limites imposées par celui-ci.

«On ne pourra jamais gagner une guerre de prix parce qu'on ne pourra jamais offrir le volume de travail qu'un studio européen peut offrir à une entreprise», a précisé le comédien, ajoutant néanmoins qu'«avec ces baisses-là, on redevient concurrentiels».

Netflix soutient que sa décision d'aller doubler en France s'explique par des tarifs plus élevés au Québec. Sophie Prégent réplique qu'après vérification, cet argument est faux.

«Les Français, même s'il existe un doublage québécois, exigent un doublage français et c'est la raison pour laquelle la troisième année de House of Cards sera doublée en France», a-t-elle dit.

La réglementation française oblige en effet le doublage en France des produits qui y sont diffusés, ce qui impliquerait donc un deuxième doublage pour Netflix. La plupart des «majors» américains se soumettent toutefois à ce dédoublement afin de respecter le concept de langue de proximité des marchés.

Sébastien Dhavernas croit cependant qu'il n'est plus possible de se fier à la bonne volonté des producteurs.

«Ce qu'on demande, ce sont des règlements qui nous permettent de consolider notre marché intérieur dans un premier temps, et de pouvoir concurrencer même à l'exportation», a-t-il dit.

L'Union des artistes rencontrera d'ici la fin de l'année la ministre québécoise de la Culture et des Communications, Hélène David, afin de discuter de mesures de soutien. L'Union fait valoir, par exemple, qu'un diffuseur public comme Télé-Québec pourrait exiger un doublage québécois pour les séries qu'il diffuse.

Le syndicat espère du coup recruter le gouvernement du Québec afin de l'avoir en appui pour faire pression sur Ottawa, dont les pouvoirs de réglementation en matière de communications et de radiodiffusion sont beaucoup plus étendus.

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