Caisse de dépôt: un investissement critiqué

Publié le 19/08/2015 à 09:17

Caisse de dépôt: un investissement critiqué

Publié le 19/08/2015 à 09:17

Par Matthieu Charest

(Photo: wookyentertainment.com)

Le 31 juillet dernier, la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) a annoncé un investissement de 6 M$ dans Wooky Entertainment, qui conçoit et fabrique jeux et jouets créatifs «destinés principalement aux préadolescentes». Mais certains produits offerts par la montréalaise sont qualifiés de «sexistes et toxiques» par plusieurs.

Fondée en 2007 et établie à Montréal, Wooky est à l’origine de centaines de produits, distribués dans plus de 50 pays par 1 500 détaillants, dont Walmart, Target et Toys“R”Us.  En outre, l’entreprise vient d’ouvrir un premier bureau à Hong-Kong, afin de percer le marché asiatique.

«Wooky représente exactement le genre d’entreprise que nous souhaitons appuyer : […] un produit innovant, une percée réussie des marchés internationaux», affirmait Christian Dubé, premier vice-président Québec de la Caisse, dans le communiqué qui annonçait l’investissement.

Levée de boucliers

Mais une petite partie des produits fabriqués par l’entreprise, du maquillage et des accessoires beauté, tout comme les images des enfants utilisés sur leur site Web en dérange certains, alors que d’autres les trouvent plutôt inoffensifs.

«Ils n’investiraient pas dans une usine qui pollue le fleuve, pourquoi ne pas faire attention aux images toxiques qui polluent nos enfants? Ça ne peut pas être plus hypersexualisé que ça. Ce n’est vraiment pas anodin, c’est très grave», martèle Lydya Assayag, porte-parole et directrice du Réseau québécois d’action pour la santé des femmes (RQASF).

En outre, «les vêtements [portés par les jeunes filles sur le site Web de Wooky Entertainment], ce ne sont pas des vêtements de jeunes filles», ajoute la directrice. «Les postures, les bouches entrouvertes... Je ne comprends pas que la Caisse investisse là-dedans, c’est de l’argent public.»

Pour Francine Descarries, professeure au Département de sociologie et à l’Institut de recherche et d’études féministes (IREF) de l’UQAM, le problème réside surtout dans la répétition des stéréotypes. «Que nos filles s’amusent avec du vernis à ongles de temps en temps, ce n’est pas très grave. Là où c’est dangereux, c’est quand leur univers se limite à ça.»

«Cette façon de représenter les filles est devenue, malheureusement, un lieu tellement commun qu’on ne se choque même plus», croit pour sa part Lilia Goldfarb, directrice des services jeunesse et d’employabilité, et codirectrice services à la collectivité au Y des femmes de Montréal.

La réponse de Wooky Entertainment

Contacté à la suite des réactions négatives, le président de Wooky, Kevin Richer, a d’abord tenu à souligner qu’ «aucun des produits offerts ou des messages véhiculés ne se veut sexiste ou hypersexualisé.» Il s’est aussi montré ouvert à discuter avec ses détracteurs.

«Notre ligne Style me up [visée par les réactions négatives], s’adresse aux jeunes filles de 8 à 12 ans. Ce public cible est souvent derrière un écran, et nous voulons leur proposer des jouets entre autres instructifs et manuels, explique M. Richer. Dans toutes nos publicités, une attention particulière est portée sur le fait que les jeunes filles mises de l’avant projettent une image saine et diversifiée.»

«Et, au final, conclut l’entrepreneur, les parents des jeunes filles âgées entre 8 et 12 ans dans plus de 50 pays à travers le monde jugent que nos jouets sont appropriés et intéressants pour leurs enfants.»

Vérification diligente

Le professeur et philosophe Daniel Weinstock, lorsqu’interrogé à propos des images et produits de Wooky Entertainment, soulève la question de la vérification diligente. «On a vu pire, mais je préférerais que nos filles ne soient pas interpellées par ce genre d’images, en général. Cependant, je m’attendrais à tout le moins de la part de la Caisse que chaque investissement fasse l’objet d’une discussion. Qui vérifie ?» se questionne le titulaire de la Chaire James McGill et directeur l’Institut de recherche sur les politiques sociales et de santé de McGill.

Rejointe par Les Affaires, la Caisse de dépôt a souligné «le large éventail de jouets» offert par Wooky, notant au passage que plusieurs d’entre eux sont éducatifs. Sans donner de détails sur le processus de vérification à l’interne, l’institution a toutefois expliqué que «dans le cadre de ses vérifications diligentes, la Caisse s’est assurée que ces jeux avaient été certifiés comme sécuritaires».

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