Le procès criminel de Sami Bebawi, un ex dirigeant de SNC-Lavalin, se poursuit

Publié le 01/11/2019 à 15:46

Le procès criminel de Sami Bebawi, un ex dirigeant de SNC-Lavalin, se poursuit

Publié le 01/11/2019 à 15:46

Par La Presse Canadienne

Au procès criminel d’un ancien haut dirigeant de SNC-Lavalin accusé de fraude et de corruption, Sami Bebawi, un témoin a relaté comment le fils du dictateur Mouammar Kadhafi s’est impliqué pour que la firme de génie réussisse à se faire payer une réclamation importante pour un contrat réalisé en Libye.

Sami Bebawi, un ancien vice-président directeur de SNC-Lavalin aujourd’hui âgé de 73 ans, fait face à huit chefs d’accusation de fraude, de recyclage de produits de la criminalité, de possession de biens volés et de corruption d’un agent public étranger.

Jeudi matin, au premier jour du procès devant jury, il a plaidé « non coupable » à toutes ces accusations.

Les événements à l’origine de ces accusations ont débuté vers la fin des années 1990.

Une « affaire de corruption internationale et de fraude », a résumé jeudi Me Anne-Marie Manoukian, procureure de la poursuite, au bénéfice du jury.

Le plan était de payer des pots-de-vin pour régler une réclamation de la firme, puis d’obtenir des contrats en Libye, a-t-elle déclaré au jury jeudi. « En fait, ce plan est devenu le modèle d’affaires » d’une division de la firme de génie à cette époque et l’accusé en a profité, a-t-elle dit. M. Bebawi aurait encaissé quelque 26 millions $, directement ou dans des comptes qu’il contrôlait, allègue la poursuite.

Selon elle, parmi les bénéficiaires des pots-de-vin, se trouve Saadi Kadhafi, le fils du dirigeant libyen de l’époque, Mouammar Kadhafi.

Le témoin principal de la poursuite, Riadh Ben Aïssa, aussi un ancien cadre de SNC-Lavalin, a débuté son récit jeudi et est toujours à la barre des témoins vendredi, au palais de justice de Montréal.

M. Ben Aïssa était responsable de la Libye pour une division de SNC-Lavalin et son supérieur, qui devait tout approuver dit-il, était l’accusé.

Jeudi, M. Ben Aïssa avait expliqué comment un important contrat de la firme de génie a mal tourné en Libye, vers la fin des années 1990.

Le contrat avait été conclu avec un client, la Great Man-Made River Authority (GMRA), une société créée pour extraire et amener de l’eau du désert à des communautés côtières libyennes, un projet spécial de Mouammar Kadhafi. Des proches du chef de l’État ont été chargés de gérer ce projet.

Lorsque des difficultés sont survenues, le client a refusé de payer SNC-Lavalin qui réclamait aussi des sommes supplémentaires qui avoisinent quelque 100 millions $ au-delà de ce qui avait été convenu dans le contrat à forfait.

M. Ben Aïssa a été chargé par Sami Bebawi de récupérer les sommes d’argent. S’il réussissait, il allait recevoir une espèce de « prime de succès ». Le témoin a ainsi résumé son mandat : s’assurer que la réclamation soit acceptée et payée « par tous les moyens ».

Une connaissance l’a finalement présenté à Saadi Kadhafi, le fils de Mouammar Kadhafi. Les deux hommes ont développé une relation, a-t-il témoigné. Ils ont même déjeuné à Rome, pour mieux se connaître.

Vendredi, M. Ben Aïssa a expliqué au jury de 14 personnes comment l’accusé et Jacques Lamarre, alors PDG de SNC-Lavalin, lui mettaient une « pression énorme » pour se faire payer les 100 millions $. « C’était majeur pour l’entreprise », a-t-il dit.

Cette pression, il dit l’avoir passée à Saadi. « Je lui ai dit : il faut absolument régler ça sinon c’est la fin de notre existence en Libye ».

Puis un jour, alors qu’il se trouvait à Tripoli, le témoin a raconté avoir reçu un appel du bureau de Saadi Kadhafi pour lui donner des instructions : le lendemain, il devait se rendre dans la ville de Syrte, en Libye.

Au petit matin, une voiture est venue le chercher. Il l’a décrite comme « une voiture officielle, avec un numéro spécial, l’une des voitures de la présidence ».

Vers la fin du voyage de 600 km entre les deux villes, une voiture de police l’a rejoint et guidé à un « compound de l’armée ou du gouvernement ».

Un haut dirigeant du client, la Great Man-Made River Authority (GMRA), se trouvait là aussi, a relaté M. Ben Aïssa. Saadi Kadhafi a appelé M. Ben Aïssa pour lui dire que personne ne quitterait le complexe tant que la situation ne serait pas réglée.

Le responsable du GMRA a été pris au dépourvu, a résisté, fait de nombreux appels.

Saadi Kadhafi a rappelé plus d’une fois pendant les négociations ardues. Il a répété que « personne ne sort d’ici tant que ce n’est pas réglé », a rapporté M. Ben Aïssa.

Puis finalement, une entente est survenue, assortie de la promesse d’un paiement de 60 millions Deutsche Mark (DEM).

Personne n’en revenait, c’était incroyable, a déclaré le témoin.

Lors de son témoignage vendredi matin, il a aussi été question d’une visite de Saadi Kadhafi qui a eu lieu au Canada, organisée par SNC-Lavalin au début des années 2000.

Une photographie montrée au jury en témoigne : Jacques Lamarre, Saadi Kadhafi, Riadh Ben Aïssa et Gilles Laramée, tous assis dans la salle du conseil de SNC-Lavalin à Montréal.

Une soumission de SNC-Lavalin pour un yacht de 50 mètres, destiné au fils du dictateur, a aussi été discutée.

Le témoignage de M. Ben Aïssa se poursuit vendredi après-midi.

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