Lac-Mégantic : la tragédie vue de l'intérieur

Publié le 11/07/2013 à 14:13, mis à jour le 11/07/2013 à 14:19

Lac-Mégantic : la tragédie vue de l'intérieur

Publié le 11/07/2013 à 14:13, mis à jour le 11/07/2013 à 14:19

Photo : www.spiq.ca

Imaginez que vos amis et leurs parents vivent une tragédie sans précédent. Et qu'ils soient vos clients. Vous leur apportez soutien et réconfort, tout en faisant tous les efforts pour alléger leurs tracas, car vous n'êtes pas seulement leur ami, mais aussi leur conseiller. Vous faites tout ça, et plus encore. C’est le quotidien du conseiller en sécurité financière Michel Proteau depuis samedi.

Le président du cabinet Assurances Michel Proteau est sur la ligne de front depuis samedi matin, quelques heures après l'explosion meurtrière qui a coûté la vie à une cinquantaine de personnes et dévasté le centre-ville de Lac-Mégantic.

Pour le petit cabinet d'assurances de personnes, les journées sont longues. « Hier n'a pas été facile. Je parlais avec des amis dont le fils est décédé et à un moment donné, on n'est plus capable de parler », relate Michel Proteau, qui a fondé le cabinet éponyme il y a 25 ans. C'est aussi le seul cabinet en sécurité financière indépendant qui a pignon sur rue dans la municipalité.

Ses clients, ce sont ses amis. « C'est une petite communauté, tout le monde se connaît.» Assurances Michel Proteau est le courtier d'assurance collective de la plupart des entreprises locales. La plupart des entrepreneurs sont également clients en assurance individuelle.

 

Sauvé par un texto

« Quatre des grands amis de mon fils étaient là [au Musi-Café]. Mon fils serait allé les rejoindre s'il n'avait pas raté le texto », l'invitant à se joindre à eux au bar qui s'est complètement volatilisé dans l'explosion. Avec tous les gens qu'il contenait.

Assurances Michel Proteau a pour clients les parents des quatre amis du jeune Proteau. « Un de nos conseillers, qui est très bon ami avec mon fils, a lui aussi été invité par texto par le groupe. Il a préféré rester avec sa petite famille », vendredi soir.

En pleine détresse, les clients de Michel Proteau peuvent cependant compter sur ce dernier pour qu'il allège leurs tracas. Pendant la fin de semaine, alors que le feu couvait encore, Michel Proteau et ses collègues ont créé une cellule de crise pour parer au plus pressant : communiquer avec les assureurs, faire l'inventaire de tous les dossiers des clients « disparus », consoler clients, amis et collègues, en plus d'héberger ceux qui ont besoin de bureaux.

Pour épargner davantage de soucis à leurs clients, les conseillers d'Assurances Michel Proteau prennent les devants en commençant à préparer les réclamations d'assurance-vie avant que les clients n'en fassent la demande. « Dimanche on s'est mis à l'ouvrage pour contacter les assureurs et leur expliquer que certains morts ne pourront probablement jamais être identifié », et ainsi faciliter les choses pour leurs clients.

« Les médias n'en parlent pas, mais on sait bien que les gens qui étaient au Musi-Café sont décédés », dit-il. Et comme il est loin d'être certain qu'on pourra jamais les identifier -«les corps sont en poussière, c'est horrible ! »-, il faut pallier les tracas que l'absence de constat de décès provoque.

Situé à un kilomètre du sinistre, le cabinet de Michel Proteau n'est pas touché. « Dès le lundi matin, nous avions avisé tous nos clients en assurance collective que toutes les mesures étaient en place pour eux : soutien psychologique, programme d'aide aux employés, soins médicaux, etc. », relate le conseiller.

À cet égard, les assureurs de personne disent vouloir faciliter la vie des gens touchés par la catastrophe de Lac-Mégantic, explique Yves Milette, vice-président de l'Association Canadienne des compagnies d'assurance de personne. « Mercredi, les policiers ont déclaré qu'il y avait 50 personnes de décédées. Le coroner devrait émettre un document qui facilitera la preuve de décès même si aucun corps n'est retrouvé. Ça ne veut pas dire que les gens ne devront pas aller devant les tribunaux pour demander une déclaration de décès, sans laquelle ils devraient attendre près de sept ans, mais ça facilitera le processus. »

« Il faut se relever », et refaire vivre la ville, conclut Michel Proteau, qui participera ce soir à une réunion des commerçants de Lac-Mégantic pour déterminer des façons de relancer, peu à peu, la ville.

Et lui permettre de tourner la page.

 

Avec Léonie-Laflamme Savoie.

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