Effondrement de Heenan Blaikie: la pointe de l'iceberg?

Publié le 13/02/2014 à 11:28

Effondrement de Heenan Blaikie: la pointe de l'iceberg?

Publié le 13/02/2014 à 11:28

Paul Saint-Pierre Plamondon signera sa première chronique dans le journal Les Affaires le 20 février. En voici un avant-goût. Le vice-président et coactionnaire de la firme Delegatus nous parle d’un sujet qu’il connaît bien: le milieu juridique. En l’occurrence, la chute du cabinet d’avocats Heenan Blaikie.

L’effondrement d’un colosse de l’industrie juridique comme Heenan Blaikie est un événement véritablement saisissant: comment une firme de cette envergure a-t-elle pu disparaître si soudainement? Différents reportages ont mis en cause les difficultés internes de cette firme, mais l’effondrement de Heenan Blaikie découle avant tout de changements importants dans l’industrie juridique. Des changements qui impliquent que d’autres firmes d’avocats pourraient connaître le même sort.

Entre 1998 et 2008, les taux horaires des avocats ont augmenté à un rythme d’environ 15% par année en Amérique du Nord, tandis que l’inflation oscillait entre 1% et 3%. Ces mêmes années ont été le théâtre de rénovations aussi luxueuses qu’extravagantes et de retraites corporatives toutes dépenses payées en Floride ou à Whistler.

Au cours de ces années folles, le contrôle de la colonne des dépenses importait peu: il suffisait d’accroître ses revenus en augmentant les taux horaires et en exigeant des avocats qu’ils facturent davantage d’heures annuellement.

Ces grandes structures étaient alors bien davantage préoccupées par les heures facturées que par la satisfaction de leurs clients. Puisque les revenus donnaient l’illusion d’un potentiel de croissance infini, ces firmes ont également perdu de vue le contrôle de leurs coûts d’exploitation en raison d’un course au prestige entre elles.

Finalement, la pression de plus en plus inhumaine sur les heures facturables a entraîné le départ de plusieurs juristes de qualité, recrutés par leurs propres clients, avec comme conséquence une diminution du volume de mandats confiés aux grands cabinets.

Or, ce qui devait arriver arriva. En 2008, les circonstances économiques difficiles et l’énormité de certaines factures ont amené les clients de ces firmes à poser des questions et à demander du changement. La pression à la baisse sur les prix s’est faite sentir abruptement. La première réaction d’une structure comme Heenan Blaikie fut d’ajuster ses taux horaires à la baisse; certains concurrents l’ont même accusé de faire du «dumping».

Cette firme a aussi cherché à réduire ses dépenses en proportion de cette perte de revenus, afin de maintenir ses profits, mais avec moins de succès. En effet, le problème dans une structure titanesque comme Heenan Blaikie, c’est qu’il est bien plus simple de couper dans les taux horaires que dans les coûts d’opérations: de fait, rien n’a changé au chapitre des salaires, des locaux et des habitudes dépensières bien ancrées.

De mon point de vue, la hausse irrationnelle des prix, l’insatisfaction des clients, l’insatisfaction des avocats et l’absence de contrôle des coûts sont des indicateurs beaucoup plus éclairants que les querelles internes de la firme. Or, il n’y a pas que Heenan Blaikie à qui le chapeau fait.

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Paul St-Pierre Plamondon est vice-président de Delegatus services juridiques, une firme de 25 avocats issus des grands cabinets et de la grande entreprise dont la mission est de servir le Québec inc. Il est également chroniqueur politique. En 2007, il a cofondé l’organisme Génération d’idées, dont la mission est d’intéresser les 20 à 35 ans au débat public.

 

 

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