Plus que jamais, George Soros veut serrer la vis aux banques

Publié le 21/06/2008 à 00:00, mis à jour le 09/01/2012 à 08:33

Plus que jamais, George Soros veut serrer la vis aux banques

Publié le 21/06/2008 à 00:00, mis à jour le 09/01/2012 à 08:33

Par François Normand

Entrevue. Pour sortir de la crise du crédit, le célèbre homme d'affaires propose la création d'un organisme régulateur des flux financiers.

Arrogant, fonceur et franc-tireur, le spéculateur et philanthrope new-yorkais George Soros est de tous les combats, ou presque. De la dénonciation du " fondamentalisme de marché " à la critique de l'administration Bush, en passant par son soutien financier à des pays en voie de développement.

Il s'attaque aujourd'hui à la crise du crédit qui ébranle l'économie américaine et, par ricochet, l'économie mondiale. Dans un essai intitulé The New Paradigm for Financial Markets: The Credit Crisis of 2008 and What It Means, il démonte les ressorts de cette crise et propose des solutions. Sa favorite : serrer la vis aux institutions financières.

Il nous a expliqué comment cela pouvait se faire au cours d'une entrevue réalisée le 4 juin par téléphone depuis ses bureaux de New York, entre deux réunions. Extraits.

Journal Les Affaires - Pourquoi avez-vous décidé d'écrire un livre sur la crise du crédit actuelle ?

George Soros - Parce que je suis très intéressé à comprendre le monde dans lequel je vis. Et je crois avoir acquis une grande expérience, que je souhaite partager avec les gens.

JLA - À quel type de crise financière faisons-nous face actuellement ?

G.S. - Nous sommes dans la phase finale de l'éclatement d'une super-bulle du crédit qui a pris forme au début des années 1980 [sous les gouvernements de Ronald Reagan, aux États-Unis, et de Margaret Thatcher, au Royaume-Uni]. Au moment où on se parle, le dégonflement de cette super-bulle est largement derrière nous. Mais les effets sur les institutions financières et l'économie réelle n'ont pas encore été vraiment ressentis.

JLA - Vous dites que les gouvernements ont donné trop de liberté aux financiers, mais qu'on ne peut pas revenir à la situation qui avait cours après la Deuxième Guerre mondiale, alors que la finance était très encadrée. Quelle est la solution ?

G.S. - La solution, c'est d'avoir une meilleure réglementation, pas plus de réglementation. Concrètement, cela signifie qu'il faut réglementer le crédit, et pas seulement l'argent. Actuellement, les autorités monétaires ne font que réglementer la masse monétaire. Selon moi, elles doivent aussi encadrer les conditions dans lesquelles les institutions financières créent le crédit. Ce qui veut dire que les autorités doivent mettre en place des règles beaucoup plus strictes qu'elles ne le sont actuellement en matière de marges et de réserves obligatoires des banques.

JLA - La crise actuelle marque selon vous la fin d'une ère d'expansion du crédit qui aura duré 25 ans, avec le dollar américain comme réserve monétaire internationale. À quoi ressemblera le prochain ordre financier ?

G.S. - Je crois que le dollar restera la principale monnaie de réserve internationale. Mais la position privilégiée du billet vert, acceptée par les autres pays, est bel et bien terminée. La demande limitée pour le dollar américain fait en sorte que les États-Unis doivent s'astreindre à la même discipline financière que les autres pays. Pendant longtemps, les États-Unis ont pu emprunter des sommes illimitées, mais ils ne peuvent plus le faire maintenant.

JLA - À quel moment pourrons-nous savoir que la crise du crédit est vraiment passée ? Y a-t-il des paramètres à surveiller, comme l'évolution des indices boursiers qui sont souvent annonciateurs du cycle économique ?

G.S. - Si ma théorie est juste, on ne peut pas faire de prévisions. On saura que la crise est totalement terminée seulement quand ce sera effectivement le cas. Bref, de façon rétrospective. Aucun des indices que je connais ne permet de prévoir l'avenir avec certitude.

JLA - Le prix du baril de pétrole a explosé ces derniers mois. Comment voyez-vous l'avenir du marché énergétique ?

G.S. - Je pense que l'augmentation du prix du pétrole est une tendance lourde. À cette toile de fond s'ajoute aujourd'hui une bulle spéculative sur le prix du pétrole. Cela dit, cette bulle pourrait bien se dégonfler, parce que les autorités ont reconnu qu'elle existe.

JLA - Dans le contexte actuel, quels sont les meilleurs secteurs refuges pour les investisseurs qui veulent protéger leurs actifs financiers ?

G.S. - C'est une question difficile, parce que nous connaissons une période de grande incertitude et de grands changements. Par exemple, alors qu'il était approprié de vendre le dollar américain sur les marchés il y a six mois, ce n'est plus forcément la bonne chose à faire à l'heure actuelle.

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