«La prochaine étape : une présence mondiale» - Jean-Guy Desjardins, Fiera Capital


Édition du 16 Novembre 2013

«La prochaine étape : une présence mondiale» - Jean-Guy Desjardins, Fiera Capital


Édition du 16 Novembre 2013

Par Thomas Cottendin

Jean-Guy Desjardins, de Fiera Capital, saisira les occasions qui se présentera dans les pays émergents.

Fiera Capital a accueilli Les Affaires pour célébrer son 10e anniversaire. Au cours de cette décennie, la société montréalaise présidée par Jean-Guy Desjardins s'est principalement développée grâce aux acquisitions. Fiera a récemment jeté son dévolu sur les États-Unis. En septembre, l'entreprise a acheté un gestionnaire de Los Angeles et un autre de New York. Pour la décennie à venir, Jean-Guy Desjardins caresse l'ambition d'atteindre 300 milliards de dollars d'actifs sous gestion et vise une présence mondiale.

LES AFFAIRES - Vous avez acheté Bel Air Investment Adivisors et Wilkinson O'Grady, deux gestionnaires privés américains, en septembre. Qu'est-ce qui a poussé Fiera à faire son entrée aux États-Unis ?

JEAN-GUY DESJARDINS - C'était une nécessité pour demeurer concurrentiel. Au moment où l'industrie financière se consolide, nous n'avons pas d'autres choix que de grossir pour survivre. Au cours des 12 derniers mois, nous avons mis l'accent sur les États-Unis. Mais cette prépondérance va s'estomper.

L.A. - La concurrence est très forte dans le milieu financier au sud de la frontière. Quels défis attendent Fiera ?

J.-G.D. - Notre plus grand défi est d'ordre humain, soit l'intégration des nouveaux collaborateurs. Nous avons tout ce qu'il faut du point de vue de l'offre d'investissement, de la distribution, du service à la clientèle, etc. Une de nos forces est nos meilleures pratiques, et nous devrons les déployer à l'échelle de l'Amérique du Nord.

L.A. - Votre croissance des dernières années est principalement attribuable aux acquisitions. Comptez-vous poursuivre cette stratégie ?

J.-G.D. - Notre objectif d'ici cinq ans est d'atteindre les 150 G$ d'actifs sous gestion. Aujourd'hui, nous sommes à 75 G$. Les deux tiers de la croissance que nous visons devraient provenir de la croissance interne et le tiers restant, de la croissance externe. Au cours des trois prochaines années, nous prévoyons acquérir 20 G$ d'actifs. De ce montant, 10 G$ devraient provenir de la clientèle américaine. Nous n'investirons toutefois pas dans le marché des particuliers.

L.A. - Il y a une concurrence croissante pour les acquisitions. Faut-il payer plus cher pour les actifs convoités ?

J.-G.D. - Les prix sont peut-être plus élevés, mais nous avons toujours fait nos acquisitions à escompte et nous allons continuer. Pour le moment, nous ne ciblons aucun gestionnaire à acheter, mais c'est sûr que si une occasion se présente sur les marchés émergents, nous n'allons pas la manquer.

L.A. - Quel est votre objectif dans 10 ans ?

J.-G.D. - Nous visons 300 G$ d'actifs dans 10 ans. Dans cinq ans, la question stratégique sera de savoir si nous maintenons l'accent sur la croissance externe ou si nous élargissons notre focus nord-américain. La prochaine étape est une présence mondiale ! Au début [en septembre 2011], nous avions uniquement ouvert un centre de distribution aux États-Unis où nous faisions du marketing. Si nous nous dirigeons à l'échelon mondial, nous suivrons la même approche. Nous commencerons par de la distribution et nous poursuivrons à l'aide d'acquisitions.

L.A. - L'esprit entrepreneurial est l'une des valeurs fondamentales de Fiera Capital. Comment propagez-vous cet esprit au sein de votre firme ?

J.-G.D. - Avant toute chose, le fondateur est l'exemple. Ensuite, il y a deux aspects à considérer. Premièrement, avoir l'habileté à créer une ambition sur un horizon de cinq à dix ans et à la rendre crédible. Deuxièmement, avoir un modèle d'entreprise flexible. Il faut la flexibilité de se transformer par petites touches, de façon systématique. Pour y arriver, nous devons disposer de gens exceptionnels et nous assurer de les garder.

L.A. - Quelle est votre vision de l'entrepreneuriat financier au Québec ?

J.-G.D. - Nous manquons d'ambition au Québec en ce qui a trait à l'entrepreneuriat ! Il y a beaucoup de boutiques [petites firmes]. Mais passer de 10 G$ à 40 G$ d'actifs sous gestion, ça ne se fait pas avec deux ou trois partenaires [associés]. Il y a d'important investissements en coûts fixes à faire. Pour passer à 75 G$ d'actifs sous gestion, il est nécessaire d'investir dans les ressources organisationnelles, dans l'infrastructure d'entreprise, c'est-à-dire dans les RH, l'informatique, etc., pour tout contrôler à l'interne. Mais quand une firme investit ainsi, sur une période de cinq à sept ans, les partenaires passent à côté de profits et ne se versent pas de dividendes ! Peut-être que nos entrepreneurs financiers ont l'ambition et y croient. Mais savent-ils comment réaliser cette ambition ? Chose certaine, il y a de la place pour trois ou quatre autres Fiera à Montréal !

L.A. - Les services de gestion privée font de plus en plus parler d'eux. Qu'en pensez-vous ?

J.-G.D. - On commence à parler de gestion privée lorsqu'un client dispose de plus de 5 millions dollars de patrimoine. Sur le segment des clients avec 1 M$ de patrimoine ou plus, le marché est extrêmement fragmenté. Aucune boutique ni grande institution ne domine le marché. Je pense que ce créneau restera très fragmenté pour longtemps. Il y a beaucoup de petits acteurs, ce qui est favorable aux acquisitions. Il y a tout le temps des cibles ! On nous propose des transactions toutes les semaines.

Fiera Capital en chiffres

828M$ : valeur boursière

1000 $ investi il y a trois ans vaut 2032 $

15,06 $ : cible moyenne des analystes

Ratio cours/bénéfice prévu en 2014 : 19

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