La Banque du Canada n'interviendra pas pour aider les exportateurs


Édition du 21 Décembre 2013

La Banque du Canada n'interviendra pas pour aider les exportateurs


Édition du 21 Décembre 2013

Par François Normand

Stephen Poloz, gouverneur de la Banque du Canada. Photo: Bloomberg

Ceux qui croyaient que Stephen Poloz tiendrait davantage compte que Mark Carney de la réalité des exportateurs accablés par la force du dollar canadien devront déchanter. Car, même si la Banque du Canada dispose d'outils pour influencer la valeur du huard, l'ancien patron d'Exportation et développement Canada (EDC) n'a pas l'intention de les utiliser. Le marché seul doit en déterminer le cours.

En entretien avec Les Affaires à ses bureaux d'Ottawa, Stephen Poloz a expliqué que les interventions des banques centrales sur le marché des changes pour influer sur la valeur de leur devise ne donnent pas de résultats significatifs. Ces interventions consistent soit à vendre une devise pour en réduire sa valeur, soit à en acheter pour l'augmenter.

Par exemple, si elle voulait diminuer la valeur du huard, la Banque du Canada pourrait en vendre. Or, cette opération risquerait d'exercer une pression à la baisse sur les taux d'intérêt. Cet effet ne serait pas souhaitable en ce moment, car cela pourrait provoquer l'endettement des ménages, déjà pris à la gorge.

De plus, même si la Banque du Canada dispose de mesures dites de «stérilisation» pour limiter l'impact négatif sur les taux d'intérêt au pays, Stephen Poloz préfère ne pas vendre de dollars canadiens sur le marché des changes. «Ça ne vaut pas la peine. C'est le marché qui va déterminer le taux de change pour le dollar», dit le gouverneur, en précisant que la mission principale de l'institution est le contrôle de l'inflation, une stratégie dont bénéficie l'ensemble de l'économie canadienne.

Exportations canadiennes à la traîne

Bien des exportateurs seront déçus. Car la nomination de Stephen Poloz avait fait dire à plusieurs analystes, en mai, qu'Ottawa semblait vouloir changer les priorités de la Banque du Canada, et ce, pour donner un coup de pouce à nos exportateurs. Et ils en ont bien besoin, disent la plupart des analystes.

En 2008, les exportations canadiennes de marchandises dans le monde et aux États-Unis ont atteint des records, respectivement, de 483,4 et de 375,4 milliards de dollars canadiens. Malgré une reprise de nos expéditions à l'étranger depuis la récession aux États-Unis de 2007 à 2009, elles n'ont pas rattrapé leur sommet.

En 2012, les exportations totales du Canada se sont élevées à 454,7 G$ (un écart de 22,7 G$ par rapport au record de 2008), tandis que celles qui visent les États-Unis, notre principal marché, ont atteint 339 G$ (un écart de 36,4 G$).

Malgré tout, Stephen Poloz persiste et signe. Comme la performance décevante de nos exportations tient à la faiblesse de l'économie mondiale, le salut de nos exportateurs se trouve dans la reprise économique. Celle-ci commence d'ailleurs à se manifester plus vigoureusement aux États-Unis, par exemple.

Les Banques du Japon et de la Suisse sont intervenues

Quoi qu'il en soit, certains économistes, comme Jim Stanford, du syndicat Unifor, dans un récent entretien avec Les Affaires, estiment que la Banque du Canada devrait peut-être intervenir sur le marché des changes, en attendant le retour d'une croissance solide aux États-Unis, en Europe et en Asie.

Les banques centrales du Japon et de la Suisse ont d'ailleurs récemment utilisé cette stratégie pour réduire la valeur du yen et du franc suisse face au dollar américain. Les résultats sont toutefois inégaux : depuis un an, le yen s'est déprécié, tandis que le franc suisse s'est apprécié par rapport au billet vert.

Pour sa part, la Banque du Canada est intervenue sur le marché des changes, pour la dernière fois en septembre 1998, afin d'influencer la valeur du huard. La crise asiatique (1997-1998) battait alors son plein, touchant plusieurs devises dans le monde, dont le dollar canadien. Sa valeur chutait en raison de la spéculation.

Selon Stephen Poloz, il peut être justifié qu'une banque centrale intervienne sur le marché des changes lors d'une crise majeure ou d'une volatilité extrême de sa devise. «Ça envoie le signal au marché que la Banque centrale est là pour stabiliser les choses», dit-il. Mais, selon lui, le Canada ne se trouve pas dans cette situation à l'heure actuelle.

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