Goldman Sachs, la banque des puissants, est «à bout de souffle»

Publié le 10/09/2017 à 09:34

Goldman Sachs, la banque des puissants, est «à bout de souffle»

Publié le 10/09/2017 à 09:34

Par AFP

Manifestation devant le siège de New York. (Getty)

Goldman Sachs, icône de la finance américaine, connaît un trou d'air marqué par la plus mauvaise performance trimestrielle de l'histoire de ses traders, soulevant des interrogations sur sa puissance au moment où les algorithmes bouleversent la finance.

Elle est «à bout de souffle», estime Richard Bove, expert chez Vertical Research. «Elle a besoin d'inspiration, d'une nouvelle équipe dirigeante, de nouvelles activités», tandis que Gregori Volokhine chez Meeschaert estime que la firme «doit se réinventer».

Signe des difficultés actuelles, l'unité regroupant le courtage du pétrole, du gaz naturel, des devises, des métaux et autres matières premières (FICC) a accusé un plongeon de 40% de ses recettes au deuxième trimestre, du jamais-vu en 148 ans d'existence.

Cette division a été, pendant de nombreuses années, la locomotive des bénéfices et pourvoyeuse des futurs dirigeants. Le PDG Lloyd Blankfein, le numéro 2 Harvey Schwartz et le directeur financier Martin Chavez y ont fait leurs classes.

Mais depuis la crise financière le rôle des intermédiaires financiers n'a cessé de diminuer face à l'explosion des fonds de placement cotés (ETF) permettant de minimiser les risques et aussi des algorithmes permettant de passer des milliers d'ordres de ventes et d'achats en millièmes de secondes. Environ 70% des volumes d'échanges sur le New York Stock-Exchange (NYSE) sont automatisés, d'après Gregori Volokhine.

À ceci se sont ajoutés un durcissement de la règlementation, notamment la règle Volcker limitant la capacité des banques à spéculer pour leur compte propre, et le fait que de plus en plus d'entreprises vont directement voir des fonds d'investissement pour financer leur développement.

«Quelque chose à prouver»

Dans ce contexte, l'intervention prévue mardi 12 septembre de M. Schwartz, lors d'un grand raout de la finance, sera suivie de près par les milieux d'affaires.

D'après une source proche du dossier, le numéro 2 de l'établissement pourrait lever les doutes naissants. Contactée par l'AFP, Goldman Sachs n'a pas souhaité commenter.

Simple coïncidence ou signal avant-coureur ? Gregory Agran, patron des matières premières, quittera la firme fin novembre après 26 ans, selon un document interne consulté vendredi par l'AFP.

«Goldman Sachs a quelque chose à prouver», indique Gregori Volokhine.

Banque des nantis et des puissants, Goldman Sachs a bâti sa réputation sur des paris audacieux mais payants et en concevant des produits financiers complexes souvent controversés. Elle a l'un des réseaux les plus influents au monde avec des anciens salariés quasiment dans toutes les sphères du pouvoir à travers le globe. Deux de ses anciens dirigeants, Gary Cohn, actuellement conseiller économique à la Maison Blanche, et Steven Mnuchin, le secrétaire au Trésor, pilotent la très attendue réforme fiscale promise par Donald Trump.

«Je ne peux pas dire que nous avons raison tout le temps parce qu’évidemment ce n'est pas le cas mais je peux dire que nous avons la réputation d'être résilient et d'avoir une bonne capacité d'adaptation»», a déclaré récemment Lloyd Blankfein à l'agence financière Bloomberg.

Goldman Sachs est persuadée que le courtage a encore de beaux jours et que ses difficultés conjoncturelles vont se dissiper avec le retour de la volatilité sur les marchés financiers et la dérégulation promise par l'administration Trump.

Prêts

En attendant, l'établissement va démarcher les grandes entreprises, qui souhaitent, d'après lui, se couvrir contre les fluctuations des devises et des prix des matières premières.

Le modèle économique de Goldman Sachs «n'est pas cassé», veut croire Kian Abouhossein, analyste chez JPMorgan, alors que d'autres font valoir que Morgan Stanley, une rivale, a, elle, réduit de 25% la taille de sa salle de marchés réservée aux matières premières, en y supprimant 1.200 emplois fin 2015. Ce faisant Morgan Stanley s'est consacrée à la gestion de grosses fortunes, activité moins risquée. Conséquence: la rentabilité a suivi car le ROE -- ce que gagne un actionnaire pour chaque dollar investi -- est passé de 6,2% début 2016 à 9,1% fin juillet.

S'il ne conseille pas à Goldman Sachs d'emprunter le même chemin, M. Bove estime que l'avenir passe par un développement dans l'activité classique de prêts.

La firme a lancé il y a peu GS Bank, qui permet d'ouvrir en ligne un compte d'épargne, et Marcus, une plateforme de crédits. Elle ne dispose toutefois d'aucune agence et ne propose ni comptes courants ni prêts étudiants.

 

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