" Se conformer aux prévisions des analystes financiers est inutile " - Éric Lamarre, associé-directeur chez McKinsey

Publié le 19/02/2011 à 00:00, mis à jour le 28/02/2011 à 12:08

" Se conformer aux prévisions des analystes financiers est inutile " - Éric Lamarre, associé-directeur chez McKinsey

Publié le 19/02/2011 à 00:00, mis à jour le 28/02/2011 à 12:08

Par Diane Bérard

Les pdg affirment que le marché boursier les force à penser uniquement à court terme. Vous n'êtes pas d'accord. Pourquoi ?

Le marché, comme entité monolithique, n'existe pas. On distingue quatre types d'investisseurs. Les fondamentalistes (20 % des investisseurs) suivent une vingtaine d'entreprises et y consacrent beaucoup de recherche. Ils prennent des positions importantes et les conservent longtemps. Les traders (35 %) investissent dans plus de 200 entreprises pour une période dépassant rarement un mois. Il reste les " investisseurs mécaniques ", qui copient les indices, et les " réplicateurs cachés " qui se positionnent comme des investisseurs actifs, mais dont le portefeuille est similaire à celui de l'indice. Ceux qui influencent le plus le rendement en Bourse de votre entreprise sont donc les fondamentalistes qui, eux, visent le long terme.

Que dire de la pression des analystes financiers ?

Elle existe, certes, mais y céder n'apporte rien. La valeur de votre action est très peu corrélée au fait de confirmer ou non les prévisions des analystes. Dans 40 % des cas où l'entreprise dépasse les prévisions des analystes [dévoilées à la publication des résultats trimestriels], la valeur de l'action baisse un mois après l'annonce des résultats. Et, dans 40 % des cas où celle-ci n'atteint pas les prévisions des analystes, la valeur de l'action grimpe. En tant que pdg, vous n'avez donc aucun intérêt à sacrifier la performance à long terme - en sabrant le marketing ou le développement de produits, par exemple - pour satisfaire la pression à court terme des analystes.

Les fonds d'investissement ne sont-ils pas les pires en ce qui a trait au court terme ?

Encore un mythe. McKinsey a étudié 60 investissements réalisés par 11 grands fonds privés. Dans deux tiers des transactions, il y a eu création de valeur grâce à l'amélioration de la performance de l'entreprise. D'après mon expérience, la plupart des fonds privés entrent au capital-actions dune entreprise avec un plan de création de valeur clair et une gouvernance remarquable. Par conséquent, les pdg qui maximisent la valeur à court terme pour éviter une offre publique d'achat (OPA) non sollicitée par un fonds privé font fausse route. Une OPA signifie peut-être que l'entreprise n'a pas mis en oeuvre la meilleure stratégie de création de valeur.

CV

Nom : Éric Lamarre

Âge : 46 ans

Fonction : Directeur du bureau de Montréal

Entreprise : McKinsey & Compagnie

Éric Lamarre s'est joint à McKinsey en 1994. Il est directeur de la pratique de gestion des risques de la société pour les Amériques.

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