Une usine qui carbure au petit lait


Édition du 31 Janvier 2015

Une usine qui carbure au petit lait


Édition du 31 Janvier 2015

Yves Pettigrew, propriétaire de la Fromagerie des Basques.

À la Fromagerie des Basques, dans le village de Trois-Pistoles, le lactosérum ou petit lait, matière résiduelle engendrée par la fabrication du fromage, est envoyé dans un digesteur anaérobie – un système favorisant le processus naturel de dégradation de la matière organique en l’absence d’oxygène – qui valorise cette matière organique en biogaz. Cette source d’énergie renouvelable et peu coûteuse est brûlée sur place pour répondre aux énormes besoins en eau chaude nécessaire à la production.

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« C’est tout un revirement de situation. Avant, la fromagerie payait pour se débarrasser du petit lait, qu’elle envoyait chez un producteur de porcs. Aujourd’hui, c’est sa principale source d’énergie », explique Robert La Roche, président d’Atis Technologies, consultant en efficacité énergétique qui a travaillé à ce projet mis en œuvre en 2012.

La beauté des biogaz est que, plus la fromagerie augmente sa production, plus elle devient indépendante sur le plan énergétique. « En été, on connaît des excédents d’énergie, mais en hiver, quand notre production diminue, on n’est pas complètement autosuffisant », explique Yves Pettigrew, propriétaire de l’entreprise fondée en 1994, qui s’est inspiré des fromageries européennes pour ce projet. Si, un jour, la production se maintient au même niveau toute l’année, l’entreprise pourrait envisager de revendre ses surplus. « On pourrait produire de l’électricité avec une génératrice », dit Yves Pettigrew.

Récupération de chaleur

La fromagerie a aussi profité de ce projet pour revoir complètement son infrastructure énergétique, mettant à profit non seulement les énergies renouvelables, mais aussi la récupération de chaleur. Ce vaste chantier, réalisé au coût de 2,8 millions de dollars, dont 1,8 M$ était consacré au volet énergétique, a permis à l’entreprise de diminuer de 70 % sa facture énergétique, réduisant sa consommation de mazout de 70 000 litres annuellement, et ce, même si le système fournit désormais en énergie des bâtiments voisins, dont la maison du propriétaire.

En transformant 3 ML de lait par année, cette réduction équivaut à une diminution de 220 tonnes de CO2. « Et on améliore sans cesse notre performance, entre autres en cherchant le meilleur taux de pH pour maximiser la production de biogaz par les bactéries », dit Yves Pettigrew.

Autre mesure écoénergétique : on récupère la chaleur générée par les compresseurs servant à la réfrigération. « On s’en sert pour préchauffer le lait, les eaux de lavage ainsi que l’air frais provenant des systèmes de ventilation », dit Gheorghe Mihalache, ingénieur chez Atis Technologies. Des réservoirs d’eau chaude permettent de stocker cette énergie afin de l’utiliser au moment voulu. Un système complet de contrôle et de gestion d’énergie, intégré aux opérations de la fromagerie, permet également de maximiser les économies. « Ce projet en efficacité énergétique nous a permis d’améliorer nos méthodes de production, entraînant d’importants gains en productivité », souligne Yves Pettigrew.

Ce nouveau système de gestion de l’énergie a été réalisé grâce à une subvention gouvernementale de 1,8 M$. « Dans le contexte actuel où les coûts de l’énergie sont très bas, les entreprises de cette taille ne peuvent justifier des investissements massifs pour améliorer leur bilan énergétique. C’est pour cette raison que le gouvernement doit les aider afin qu’elles puissent diminuer leur empreinte écologique », conclut Robert La Roche.

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