Pharmacie: Abbott achète St Jude Medical pour 25 milliards $US

Publié le 28/04/2016 à 16:48

Pharmacie: Abbott achète St Jude Medical pour 25 milliards $US

Publié le 28/04/2016 à 16:48

Par AFP

(Photo: Bloomberg)

Le laboratoire américain Abbott va racheter le spécialiste des équipements médicaux St Jude Medical pour 25 milliards de dollars, relançant les fusions-acquisitions dans l'industrie pharmaceutique après un premier trimestre calme.

Abbott veut ainsi se renforcer sur le marché en pleine croissance des équipements médicaux et en l’occurrence des équipements cardiovasculaires au centre des nouvelles thérapies traitant des maladies artérielles et veineuses (anévrisme, varice, arythmie cardiaque...).

Selon le groupe, plus de 40% des adultes aux États-Unis seront atteints d'une ou plusieurs formes de maladies cardiovasculaires d'ici 2030. 

Abbott cherche également à accroître sa taille dans la neuromodulation, qui permet de régler l'activité nerveuse. Le groupe cherche aussi à développer de nouveaux équipements dans le diabète et l'ophtamologie.

Selon les détails de l'accord, les actionnaires de St Jude Medical vont recevoir au total 85 dollars pour chacune de leurs actions. Ce prix comprend 46,75 dollars en numéraire et 0,8708 actions Abbott, ce qui représente une prime de 37% par rapport au cours de clôture du titre St Jude la veille à Wall Street. 

Le titre de St Jude Medical (NY., STJ) a bondi de 25,57% à 77,79 dollars, s'ajustant quelque peu au prix offert, tandis que l'action d'Abbott (NY., ABT) a reculé de 7,78% à 40,42 dollars.

«Il n'y a pas de doute, elle (cette opération) crée un géant des équipements cardiovasculaires», estime Matthew Taylor, analyste chez Barclays, à même de concurrencer le leader Medtronic.

Sanofi et AbbVie à l'offensive

Abbott affirme en effet que le mariage avec St Jude va «agrandir son échelle et ses capacités au niveau mondial, diversifier son portefeuille de produits et ses sources de revenus».

Le laboratoire va loger sous le même toit ses équipements modernes endovasculaires (stents, endoprothèses, laser...) et les cathéters, pacemakers et défibrillateurs de St Jude. Les synergies attendues sont estimées à 500 millions de dollars d'ici 2020.

Au total, le chiffre d'affaires des activités cardiovasculaires va se monter à 8,7 milliards de dollars mais il pourrait croître rapidement, selon Abbott, qui affirme avoir identifié des opportunités de croissance estimées à 30 milliards.

Dane Leone, expert chez BTIG, opine et estime qu'en mettant la main sur St Jude, Abbott va «résoudre les problèmes de diversification des sources de croissance de l'activité cardiovasculaire». 

La transaction, déjà approuvée par les conseils d'administration des deux entreprises, devrait être finalisée au quatrième trimestre après le feu vert des autorités antitrust.

Cette transaction intervient en pleine consolidation du secteur de la santé aux États-Unis, chamboulé par la réforme dite Obamacare. Cette dernière met la pression sur les coûts des médicaments et équipements médicaux et force les différents acteurs à grossir pour espérer peser dans des négociations commerciales et pour mutualiser leurs dépenses en recherche et développement.

Mais après de grandes manoeuvres en 2014 et 2015, les trois premiers mois de 2016 ont été quasiment muets. Les choses semblent repartir car deux autres transactions dans le secteur ont été annoncées jeudi.

Le laboratoire pharmaceutique français Sanofi a lancé une offre publique d'achat (OPA) hostile de 9,3 milliards de dollars sur la biotech américaine Medivation, spécialisée dans l'oncologie et dont le traitement phare cible le cancer de la prostate. 

Une guerre des enchères est possible car d'autres gros laboratoires sont sur le coup et Medivation est réticent pour l'instant à se marier à Sanofi au prix proposé. 

Stemcentrx, une autre biotech développant des anti-cancéreux dont un traitement contre le cancer des poumons, est aussi sur le point d'être rachetée par le laboratoire américain AbbVie, qui a mis 5,8 milliards de dollars sur la table pour l'acquérir.

AbbVie est confronté à une rude concurrence sur son médicament phare Humira, contre l'arthrite juvénile et les rhumatismes, qui représente 14 milliards de dollars de ventes par an. Il a dû renoncer l'an dernier à fusionner avec l'irlandais Shire, pour qui il proposait 55 milliards de dollars, suite à l'offensive des autorités américaines contre les mariages d’entreprises motivés par des raisons fiscales. Cette transaction devait permettre à AbbVie de se redomicilier en Irlande, pays à l'impôt sur les sociétés plus faible comparé aux États-Unis.

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