La santé à l'ère des objets connectés


Édition du 29 Octobre 2016

La santé à l'ère des objets connectés


Édition du 29 Octobre 2016

Ghislain Demers, vice-président d’Umano Medical. [Photo : Francis Vachon]

Seulement dans la grande région de Montréal, environ 350 entreprises offrent un produit ou travaillent sur un projet en santé numérique. Portrait d'une industrie en pleine éclosion au Québec.

Les lits dans les établissements du Québec pèseront bientôt les patients, en plus d'illustrer sur un écran tactile le gain ou la perte de poids de ces derniers à l'aide de graphiques. Le produit avec lequel Umano Medical a remporté en mai dernier un contrat de 53 millions de dollars pour devenir le fournisseur exclusif de lits médicaux dans les hôpitaux du Québec possède en outre des capteurs pour détecter si un patient en sort.

Mais il y a plus : là où les infrastructures numériques le permettent, ces capteurs envoient une alerte aux infirmières du poste de garde, en vue de prévenir les chutes. Cette fonction ne peut servir pour l'instant avec les installations d'ici, mais elle a été ajoutée pour répondre à la demande de clients internationaux. Plus de 300 lits de ce type ont été connectés dans la région de Minneapolis, aux États-Unis. «Il faut être capable dans le futur de travailler avec des intégrateurs et avoir notre propre plateforme pour communiquer encore plus d'information au poste de garde», dit Ghislain Demers, vice-président d'Umano Medical, à propos des projets en R-D de l'entreprise de L'Islet.

Forte création d'emplois

Le numérique bouleverse le marché de la santé. Et Montréal souhaite tirer son épingle du jeu dans ce domaine.

Montréal InVivo a évalué que les travailleurs associés à ce créneau étaient passés de 4 894 à 5 434, de 2012 à 2014, ce qui en faisait le volet de la grappe des sciences de la vie et les technologies de la santé où il s'était créé le plus d'emplois durant cette période. Les entreprises d'ici sont surtout actives dans les sous-secteurs de la gestion de dossiers ou d'opérations cliniques, de la gestion stratégique de données, de l'imagerie et du diagnostic, ainsi que de la télémédecine et du suivi à distance des patients.

Selon Frank Béraud, pdg de Montréal InVivo, cette émergence a été favorisée par le changement de modèle d'entreprise opéré dans les grandes entreprises privées du secteur des sciences de la vie, mieux disposées à l'égard des partenariats avec des chercheurs universitaires et des PME. La mise en place d'infrastructures à la fine pointe au Centre universitaire de santé McGill (CUSM), au nouveau Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CHUM) et au Centre hospitalier universitaire Sainte-Justine «sera certainement un facteur qui contribuera à solidifier et à développer le secteur des TIC [technologies de l'information et de la communication] en santé», souligne-t-il.

De plus, l'Université de Montréal, l'Université McGill et Polytechnique Montréal ont obtenu du financement du Fonds d'excellence Apogée Canada pour des projets ayant un volet lié à la santé et aux technologies. Parmi eux, l'Institut de valorisation des données (Ivado) de l'Université de Montréal a reçu 94 M$.

Les start-up s'en mêlent

«On voit un potentiel extraordinaire dans l'application de l'intelligence artificielle dans le secteur», indique Luc Sirois, fondateur de l'accélérateur Hacking Health, qui encadre actuellement sept entreprises en démarrage spécialisées en santé numérique.

Valérie Bécaert, directrice générale de l'Ivado, en est tout aussi convaincue. Elle souligne l'existence de données, d'un système de santé et d'un accès direct aux patients dans la recherche universitaire, particuliers au Québec. «La convergence de tous ces éléments ne se retrouve pas ailleurs, même à Boston qui est superperformante dans le domaine», dit-elle.

Hexoskin, une entreprise montréalaise spécialisée dans les vêtements connectés pour les sportifs professionnels et la recherche médicale, exporte 90 % de sa production. Mais «ce n'est pas un hasard si l'on a vu le jour ici», affirme le cofondateur Pierre-Alexandre Fournier.

La présence au Québec de centres de recherche, d'une industrie des TIC «parmi les plus créatives» et de 60 % de la production canadienne de vêtements a constitué, selon lui, un «excellent terreau» pour son entreprise.

L'entreprise montréalaise Vrvana, qui devrait lancer d'ici quelques mois son casque de réalité virtuelle et de réalité augmentée, considère la santé comme un «marché porteur» et prévoit une utilisation de son appareil en télémédecine.

Les marchés publics peinent à suivre

TechnoMontréal a mis en place un groupe réunissant plusieurs acteurs des TIC en santé pour bâtir un plan stratégique sur trois ans afin de déterminer des projets à mettre en place pour le développement du secteur des TIC en santé. «Ce que je constate, au Québec, c'est la difficulté des entreprises de pouvoir tester leurs innovations dans le marché public, souligne Benoît Labbé, directeur principal chez TechnoMontréal. Le groupe se demande de quelle façon l'innovation qui est faite ici peut continuer d'être cultivée ici.»

Roger Simard ne perd pas espoir de voir se réaliser une ouverture dans les marchés publics. L'ancien pharmacien propriétaire avait démarré dans sa succursale Uniprix de Lachine un projet de suivi à distance de 40 clients âgés de 65 à 89 ans à l'aide d'une application de l'entreprise montréalaise Tactio. Déçu que l'enseigne n'étende pas ce service à plus d'une quinzaine de succursales, il a vendu dans la dernière année ses parts dans la pharmacie pour se consacrer complètement à son entreprise, Pharmacie 3.0, créée en 2014.

«La façon dont le monde de la pharmacie est organisé, c'est-à-dire par enseigne, rend l'introduction de technologies très difficiles», juge-t-il. Il souligne que les TIC dans le suivi à distance des patients remettent en question le mode de rémunération des pharmaciens et celui des professionnels de la santé payés à l'acte. Néanmoins, M. Simard met au point en ce moment une nouvelle application et souhaite implanter des systèmes dans les cliniques, les pharmacies, les services de soins à domicile ou les laboratoires d'analyse intéressés.

«Il y a de plus en plus de professionnels de la santé qui se rendent compte que des patients viennent les voir munis de dispositifs de santé connectés dont ils ne connaissent pas l'existence, dit-il. Le jour où ils reconnaîtront l'impact de ces technologies dans l'accompagnement du patient et que le gouvernement se rendra compte des répercussions sur ses dépenses en soins de santé, je pense que ça va aller de soi.»

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