Sama Resources : sortir de la logique «nord-sud»


Édition du 22 Avril 2017

Sama Resources : sortir de la logique «nord-sud»


Édition du 22 Avril 2017

Si l’Afrique de l’Ouest recèle un potentiel minéral énorme, c’est particulièrement vrai pour la Côte d’Ivoire.

En 1988, un jeune géologue québécois ayant le goût de l'aventure débarquait au Bostwana, en Afrique australe, pour y chercher de l'or et du nickel. Trente ans plus tard, la piqûre de l'Afrique continue de faire son effet. La curiosité du début s'est transformée en solide expertise, et Marc-Antoine Audet dirige maintenant sa propre entreprise d'exploration, Sama Resources. Son terrain de prédilection : l'Afrique de l'Ouest, plus précisément la Côte d'Ivoire et la Guinée.

Lorsque M. Audet a fondé Sama Resources, en 2008, c'était pour revenir sur ses pas, sur des terres qu'il avait foulées en Côte d'Ivoire dans les années 1990, alors qu'il travaillait pour l'ontarienne Falconbridge. À l'époque, son équipe avait découvert dans la zone de Samapleu, dans l'ouest du pays, à la frontière de la Guinée, des indices de nickel latéritique qui lui étaient tombés dans l'oeil.

«Je suis retourné sur ces terrains vierges, où j'avais déjà passé beaucoup de temps, raconte M. Audet. Dès qu'on a commencé à forer, on a découvert d'importants indices nickel-cuivre sulfurés. Un nouveau complexe géologique, totalement insoupçonné, avec un potentiel faramineux», s'emballe-t-il. Depuis 2010, la société a foré plus de 36 000 mètres, qui ont révélé, sur certaines cibles de Samapleu, des teneurs de 3 à 4 % de nickel et de cuivre. «On ne trouve pas ça au Québec, note M. Audet. Des fois, il faut être fou !»

Un secteur aurifère en pleine croissance

L'Afrique de l'Ouest recèle sans aucun doute un potentiel minéral énorme, mais c'est la Côte d'Ivoire qui a raflé en 2016 la meilleure position du continent dans le classement de l'Institut Fraser des juridictions les plus attrayantes pour l'investissement minier, se classant 17e.

Malgré la chute du cours en 2013, le pays connaît depuis quelques années une ruée vers l'or qui a attiré des investissements miniers de 170 millions de dollars canadiens (M$) en 2015, pour une production totale de 23,5 tonnes (t) d'or. C'est encore modeste par rapport aux grands producteurs de la région comme le Ghana (107 t) ou le Mali (50 t), mais cela représente tout de même une augmentation de 45 % par rapport à 2013.

Randgold Resources, Newcrest Mining, La Mancha et Endeavour Mining sont les principaux producteurs aurifères du pays, auxquels pourraient bientôt s'ajouter Perseus Mining et Taurus Gold. Le pays est également un important producteur de manganèse.

Un code minier taillé sur mesure... pour l'or

Toutefois, la surreprésentation de l'or dans la production minière du pays cause bien des maux de tête aux autres filières minérales. La Côte d'Ivoire a beau avoir modernisé son code minier en 2014, le pays n'a pas retiré la principale épine au pied des investisseurs qui, comme Sama Resources, oeuvrent dans les métaux de base.

«Le problème des codes miniers en Afrique de l'Ouest, c'est que les permis d'exploration sont attribués pour une petite période de temps, dit M. Audet. En Guinée, tu as seulement 7 ans pour faire tes travaux et demander un bail minier, et un maximum de 10 ans en Côte d'Ivoire. Malheureusement, dans le domaine des métaux de base, la moyenne de temps entre la découverte et la mise en production est de 16 à 20 ans. Ce n'est donc vraiment pas suffisant, en fin de compte, pour transformer ton permis d'exploration en permis minier.»

Les sociétés qui n'arrivent pas à déposer leur projet d'exploitation à l'intérieur de ce délai perdent leur permis et la totalité de leur investissement. Selon M. Audet, cette contrainte réglementaire explique en partie pourquoi ce sont surtout des mines d'or qui ont vu le jour dans la région : il faut beaucoup moins de temps pour développer les projets aurifères que pour réaliser les projets de métaux de base.

En Côte d'Ivoire, Sama Resources a négocié une extension de deux ans pour l'un de ces permis... mais l'épée de Damoclès menace toujours. «Je me bats tous les jours avec ces dispositions. C'est énormément de temps et d'énergie pour avoir une extension», déplore M. Audet.

La francophonie, un atout peu exploité par le Québec

A priori, on pourrait penser que la région, francophone et riche en métaux, exerce une attraction considérable sur les explorateurs québécois. Étrangement, c'est loin d'être le cas. «Les Québécois en Afrique, je les compte sur les doigts de la main, dit M. Audet. On a l'avantage de la langue, mais on n'en profite pas assez.»

Pourquoi ? Il semble qu'il ne soit guère facile de dévier des corridors d'investissement traditionnels, qui privilégient plutôt les axes nord-sud.

«Au Canada anglais, l'Afrique est vue comme un seul grand pays qui a plein de problèmes, déplore M. Audet. Par contre, l'Amérique latine est dans un couloir direct qui a beaucoup plus d'attrait pour les investisseurs miniers, et donc, beaucoup de nos géologues se retrouvent là-bas.»

Par conséquent, c'est ailleurs que Sama Resources a déniché ses investisseurs institutionnels - au Royaume-Uni notamment, ou encore en Afrique du Sud, où M. Audet a rencontré pour la première fois l'équipe de MMG Limited, groupe australien filiale de la société d'État China Minmetals Corporation (CMC).

MMG a effectué quatre placements dans le capital-actions de Sama, pour un total dépassant 5 M$. Le groupe détient d'ailleurs une participation de près de 13 %. Sama Resources est inscrite au TSX-Venture.

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