Pourquoi Nouveau Monde Graphite a besoin d'Hydro-Québec

Publié le 19/06/2018 à 06:02

Pourquoi Nouveau Monde Graphite a besoin d'Hydro-Québec

Publié le 19/06/2018 à 06:02

Par François Normand

(Photo: 123rf.com)

Le récent partenariat entre Hydro-Québec et Nouveau Monde Graphite (NMG) est vital pour la jeune minière québécoise, car il lui permettra de contester le monopole asiatique dans la production mondiale de graphite sphérique et de matériel d'anode pour les batteries lithium-ion.

«Cette entente nous permet de réaliser notre plan de match en trois étapes. On a besoin de ces licences», affirme en entretien à Les Affaires son PDG Éric Desaulniers.

Hydro-Québec accorde une licence d’exploitation à NMG qui a un projet minier Saint-Michel-des-Saints, dans Lanaudière. Cette licence lui permettra de construire une ligne pilote qui fabriquera des matériaux d’anode à base de graphite à son usine d’ici la fin de 2018.

La société d’État collaborera aussi avec Nouveau Monde Graphite pour développer des matériaux utilisés pour la fabrication de batteries lithium-ion.

«C’est un partenariat en R-D, où les nouvelles propriétés intellectuelles appartiendront à 50% à Nouveau Monde Graphite et à 50% à Hydro-Québec», explique Jonathan Côté, porte-parole de la société d’État.

Cette dernière développe des matériaux pour les batteries de véhicules électrique à l’Institut de recherche d’Hydro-Québec (IREQ).

Ce partenariat – qui se négociait depuis un an environ entre les deux parties – permettra donc à la jeune minière québécoise de déployer ses trois phases de transformation dans les prochaines années.

Première transformation : concentrés de graphite

À compter de 2021, la société commencera à extraire du minerai sur son site afin de produire 52 000 tonnes par année de concentrés de graphite. Cette phase nécessite un investissement de 180,8 millions de dollars.

La moitié de la production sera essentiellement vendue à des producteurs de briques réfractaires. Ce produit est utilisé dans les aciéries, les lubrifiants solides, les poudres métallurgiques et plusieurs petits marchés de niche (par exemple, des matériaux pour piles alcalines).

Quant à l'autre moitié de la production de concentrés de graphite, Nouveau Monde Graphite s'en servira pour produire elle-même du graphite sphérique et du matériel d'anode pour les batteries lithium-ion.

Deuxième transformation : graphite sphérique

À compter de la même année, la minière veut en effet aussi produire du graphite sphérique dans une nouvelle usine qu'elle devra construire au coût de 175 M$. Elle vendra sa production aux manufacturiers de matériel d'anode pour batteries lithium-ion, qui sont uniquement situés en Chine, comme Li-Ion, Posco Chemtech et Zhinzoom.

En juillet 2017, NMG a signé une entente avec Zhinzoom afin de distribuer à terme les produits de l'entreprise chinoise en Amérique du Nord.

La minière québécoise pourrait du reste fabriquer un peu de graphite sphérique avant 2021 dans son usine de démonstration s'il y a une demande. Comme cela serait avant l'entrée en production de sa mine, la PME devra toutefois acheter du concentré de graphite ailleurs, notamment auprès de la française Imerys Carbone & Graphite.

Sa filiale canadienne exploite une mine de graphite à Lac-des-Îles, dans les Laurentides, qui devrait cessera ses activités en 2021 en raison de l'épuisement du gisement. Imerys ne fait que la première concentration du graphite.

Troisième transformation : matériel d'anode pour batteries lithium-ion

À compter de 2022, Nouveau Monde Graphite veut fabriquer du matériel d'anode pour les batteries lithium-ion, alors que la production mondiale se retrouve dans trois pays : la Chine, le Japon et la Corée du Sud. Aucun investissement supplémentaire n'est requis pour la troisième phase.

NMG vendra sa production à des manufacturiers de batteries lithium-ion comme LG Chem, XALT Energy ou Daimler. Ces entreprises exploitent déjà des usines en Amérique du Nord, et elles comptent accroître leur production au début des années 2020 en raison de la forte demande pour les voitures électriques.

«Nous sommes bien synchronisés avec la demande qui va exploser sur le marché des batteries lithium-ion», affirmait en février Éric Desaulniers, lors d’un entretien avec Les Affaires.

Nouveau Monde Graphite fera cependant alors face à la concurrence des manufacturiers asiatiques de matériel d'anode. Cela n'effraie pas le patron de la minière québécoise.

Il estime que la société aura une structure de coûts très concurrentielle en raison du prix de l'électricité au Québec, où elle bénéficiera du tarif L d'Hydro-Québec. De 60 % à 70 % des coûts pour produire du matériel d'anode proviennent de l'électricité, selon Éric Desaulniers.

NMG aura aussi des coûts de transport moins élevés pour desservir le marché nord-américain.

Enfin, puisque sa mine sera entièrement électrifiée, la société produira du « graphite vert », une caractéristique intéressante pour les constructeurs de voitures électriques.

Actuellement, le titre de Nouveau Monde Graphite s’échange à 0,30$.

Depuis le début de l’année, l’action a perdu près du tiers de sa valeur.

Elle est aussi légèrement en recul depuis l’annonce de l’entente de partenariat avec Hydro-Québec, le 17 mai.

 

 

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