Pourquoi les É-U veulent-ils taxer l'aluminium canadien?

Publié le 03/07/2020 à 12:53

Pourquoi les É-U veulent-ils taxer l'aluminium canadien?

Publié le 03/07/2020 à 12:53

Par La Presse Canadienne
Une petite cuve d'aluminium.

(Photo: La Presse canadienne)

Les États−Unis menacent encore une fois de déclencher une nouvelle guerre tarifaire avec le Canada sur les exportations d’aluminium, malgré l’entrée en vigueur de l’«ALÉNA 2.0», qui aurait dû insuffler un peu de stabilité au milieu de la crise économique mondiale actuelle.

Les experts se demandent d’ailleurs ce qui a bien pu piquer la Maison−Blanche, bien que l’on évoque une convergence de facteurs disparates: la COVID−19, l’arbitrage international des métaux, la campagne pour la réélection du président Donald Trump — et 16,3 milliards $ d’aluminium russe. 

«Ça n’a aucun sens», déplore Jean Simard, président et chef de la direction de l’Association de l’aluminium du Canada, en rappelant que cette décision survient au moment précis de l’entrée en vigueur de l’Accord Canada−États−Unis−Mexique (ACÉUM), qui a officiellement remplacé l’ALÉNA le 1er juillet. «C’est tellement contraire à l’esprit de l’ACÉUM.»

Il ne fait aucun doute que l’industrie de l’aluminium, et en particulier les fournisseurs canadiens, bénéficieront à long terme des exigences de l’ACÉUM pour les métaux d’origine, a estimé Doug Hilderhoff, analyste principal au cabinet de recherche sur les matières premières CRU Group, de Pittsburgh. 

«Au cours de la dernière décennie, nous avons vu la consommation d’aluminium du secteur automobile augmenter assez fortement en raison de toutes les initiatives d’allégement des véhicules», dit−il. Or, les États−Unis n’ont pas assez de capacité de fusion pour répondre tout seuls à cette demande. 

Mais les alumineries ne peuvent pas simplement fermer lorsque la demande chute, ce qui est arrivé aux producteurs canadiens — concentrés au Québec — , lorsque la pandémie a forcé les constructeurs automobiles à ralentir la cadence. Les alumineries se sont alors tournées vers la production d’aluminium primaire, plus générique, en l’expédiant aux seuls entrepôts rentables, explique M. Simard: des installations aux États−Unis.

 

L’aluminium russe

Cette «poussée» soudaine des importations canadiennes a attiré l’attention du bureau du représentant américain au Commerce — ou plus précisément de deux producteurs américains: Century Aluminium et Magnitude 7 Metals, regroupés au sein de l’Association américaine de l’aluminium primaire, proche de la campagne Trump.

«L’irruption de métal canadien a fait s’effondrer le cours et met en péril la viabilité future de l’industrie primaire américaine», écrivait l’association en mai au représentant américain au Commerce, Robert Lighthizer. «Une action est nécessaire — une action réelle, pas une simple surveillance et des discussions sans fin dans les forums internationaux.»

Un autre organisme, l’Association de l’aluminium, qui regroupe des dizaines de producteurs américains et internationaux, s’oppose aux tarifs douaniers. Cette association qualifie les fournisseurs canadiens d’élément intégral de la chaîne d’approvisionnement nord−américaine et d’un élément clé du succès de l’industrie. 

Par ailleurs, Glencore, négociant et producteur de métaux basé en Suisse, détient 47 % du capital de Century. Glencore détient aussi les droits exclusifs de vendre de l’aluminium de fabrication russe aux États−Unis. Or, elle a convenu en avril de dépenser 16,3 milliards $ au cours des cinq prochaines années pour 6,9 millions de tonnes de métal russe de Rusal, le deuxième plus grand producteur d’aluminium au monde.

Rusal, autrefois contrôlé par l’oligarque milliardaire russe Oleg Deripaska, a fait l’objet de sanctions américaines depuis l’annexion de la Crimée par Moscou en 2014 — sanctions levées en janvier 2019 dans le cadre d’une vaste restructuration qui a vu M. Deripaska abandonner le contrôle de la société.

Le représentant américain au Commerce et l’administration Trump «ne peuvent ignorer la structure des entreprises autour de Rusal et Glencore — j’en doute beaucoup», estime M. Simard, qui soupçonne la Maison−Blanche d’ouvrir un front qui pourrait être politiquement utile lors de la campagne présidentielle plus tard cette année.

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