Les exportations de fer du Québec explosent en Europe, mais chutent en Chine

Publié le 05/04/2018 à 11:28

Les exportations de fer du Québec explosent en Europe, mais chutent en Chine

Publié le 05/04/2018 à 11:28

Par François Normand

Le Québec est en train de changer de manière spectaculaire la destination de ses expéditions de minerais de fer à l’étranger, en exportant de plus en plus dans l’Union européenne et de moins en moins en Chine, montrent les données de l’Institut de la statistique du Québec (ISQ)

Le minerai de fer est le quatrième poste d’exportation du Québec à l’étranger après les avions, l’aluminium et les turboréacteurs. En 2017, les exportations québécoises de fer se sont élevées à 2,4 milliards de dollars canadiens.

Jusqu’en 2013, le Québec exportait plus de fer en Chine que dans les pays de l’Union européenne. Cette année-là, les expéditions sur le marché chinois avaient atteint 735 millions de dollars comparativement à 535 M$ en Europe.

La tendance s’est renversée en 2014.

 

Mais depuis, les exportations de minerais de fer sur le marché européen ont plus que doubler pour atteindre 1,2 G$ l’année dernière, ce qui en fait notre deuxième poste d’exportation sur le vieux-continent après les véhicules aériens.

Il va sans dire que l'entente de libre-échange entre le Canada et l'Union européenne, entrée en vigueur en septembre 2017, facilitera les échanges dans les prochaines années.

En Chine, les expéditions québécoises de fer ont chuté drastiquement pour s’établir à seulement à 228 M$ en 2017, soit un plancher depuis 2009.

Plusieurs explications

Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette tendance lourde.

ArcelorMittal, qui a une mine de fer près de Fermont (au Mont-Wright, l’un des plus vastes gisements à ciel ouvert en Amérique du Nord), a doublé sa production depuis 2013-2014, selon l’Association minière du Québec (AMQ).

Or, les marchés traditionnels de la minière ne sont pas situés en Chine, mais plutôt en Europe et ailleurs en Asie.

Quant à la Chine, la chute des exportations de fer dans ce marché pourrait s’expliquer en grande partie par la fermeture en 2014 de la mine de Cliff Ressources naturelles du lac Bloom, près de Fermont, qui exportait son minerai en Chine.

La minière Champion Iron a racheté la mine et l’a relancée officiellement en février.

À son apogée, la mine produira 7,5 millions de tonnes de concentrés de fer par année.

Par conséquent, les exportations de fer du Québec en Chine repartiront en partie à la hausse, car Champion exportera une partie de la production sur le marché chinois.

Par contre, cela ne devrait pas changer fondamentalement la tendance en faveur du marché européen pour les exportations de fer du Québec, car la majorité de la production de Champion ira ailleurs qu’en Chine.

Ainsi, 40% de la production (3 millions de tonnes) sera exportée au Japon. C’est la maison de commerce nippone Sojitz qui importera le fer sur le marché japonais.

Le reste de la production (4,5 millions de tonnes) sera exporté en Chine et en Europe. La multinationale anglo-suisse Glencore expédiera le minerai sur ces deux marchés.

Champion n’exclut pas non plus d’exporter un jour une partie de sa production à Taïwan et en Corée du Sud si la demande est au rendez-vous.

 

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