Les employés d'ABI acceptent l'offre patronale après 18 mois de lock-out

Publié le 02/07/2019 à 13:34, mis à jour le 02/07/2019 à 16:22

Les employés d'ABI acceptent l'offre patronale après 18 mois de lock-out

Publié le 02/07/2019 à 13:34, mis à jour le 02/07/2019 à 16:22

Par La Presse Canadienne
Des billettes d'aluminium.

(Photo: 123rf.com)

Les syndiqués de l’Aluminerie de Bécancour, en lock-out depuis près d’un an et demi, ont finalement accepté la dernière offre patronale. Et ils l’ont fait « par épuisement », et non parce qu’ils sont satisfaits du contrat obtenu, selon le président du syndicat local, Clément Masse.

Réunis en assemblée générale, mardi à Trois-Rivières, les quelque 900 travailleurs, membres du syndicat des Métallos, affilié à la FTQ, ont voté à 79,77 % en faveur de l’offre patronale.

L’offre de la direction, présentée exceptionnellement lors d’une conférence de presse le 26 juin, prévoit que les activités de l’aluminerie reprendront le 26 juillet. Dans les mois qui suivent, 85 pour cent des employés syndiqués devraient être de retour au travail, selon ce qu’avait alors exposé le président d’Alcoa Canada, Jean-François Cyr.

« Par épuisement »

« Les gens, ce n’est pas parce que le contrat fait leur affaire qu’ils ont voté pour, c’est par épuisement. Par épuisement. On était rendu dans un combat inégal. On avait un employeur qui est riche, qui a des moyens financiers auxquels on ne peut pas se comparer », a résumé Clément Masse, président de la section locale 9700 du syndicat des Métallos, en entrevue après l’assemblée.

M. Masse identifie un autre facteur pour expliquer la désillusion des lock-outés : on était devant une multinationale « qui profite d’un contrat d’Hydro-Québec qui permet de se soustraire encore plus (de ses obligations). On est rendu au-dessus de 200 millions $ qu’ils ont économisés à cause de cette clause-là de force majeure ». Le contrat prévoit qu’un lock-out est considéré comme un « Act of God », qui permet à l’entreprise de ne pas acheter la totalité du bloc d’électricité qu’elle s’est engagée, par contrat, à acheter d’Hydro-Québec.

Et M. Masse montre du doigt un autre facteur : le fait que la direction avait prévenu que si son offre finale était refusée, elle fermerait les cuves qui restent.

Finalement, il soulève un autre facteur qui a influencé les syndiqués : le « parti-pris » du premier ministre François Legault en faveur de l’employeur, même s’il s’agissait d’un lock-out, et non d’une grève. « Il est venu mettre de l’huile sur le feu. »

Lorsqu’elle avait dévoilé publiquement son offre, la direction avait assuré qu’il n’y aurait pas de mises à pied. « Si cette offre finale et globale est acceptée, toutes les personnes actuellement en arrêt de travail auront un emploi lors du redémarrage de l’usine », avait alors affirmé M. Cyr.

Cette offre prévoit un contrat de travail d’une durée de six ans, avec des augmentations de salaire de 15,3 pour cent, avait-il ajouté.

Démission comme président

M. Masse admet qu’il avait recommandé à ses membres de rejeter cette offre, qu’il trouvait « pas respectueuse des travailleurs ». Mais ils en ont décidé autrement.

C’est pourquoi il a annoncé sur-le-champ qu’il démissionnait de son poste de président du syndicat. « Je respecte les travailleurs ; je respecte leur choix. Mais je ne pense pas que je peux être la personne qui va les aider à poursuivre, compte tenu du mandat qu’on avait demandé : on avait demandé le rejet. Compte tenu des résultats, je pense que je ne serais pas la bonne personne pour continuer à mettre en place cette nouvelle convention collective. »

Il ne démissionne pas d’ABI ; il ne prend pas sa retraite ; il continuera d’y travailler. Mais il ne présidera plus le syndicat qu’il présidait depuis 2001.

Boulet soulagé

En entrevue, le ministre du Travail, Jean Boulet, s’est montré soulagé du règlement de ce long conflit. « J’ai de la misère à cacher ma joie », a-t-il lancé, avant de « tendre la main » à tous les travailleurs pour panser les plaies du pénible conflit de travail « aux plans humain, social et économique ».

Il a offert les services de son ministère, qui a des équipes spécialisées pour amener les parties à rebâtir les ponts, à retisser le lien de confiance. « Il y a eu des fractures ; il faut réparer ça maintenant. Je peux accompagner les parties. »

Ils étaient 1030 travailleurs, lorsque le lock-out a été décrété par la direction, le 11 janvier 2018. Ils n’étaient plus que 926 travailleurs encore actifs, en mars dernier.

Il s’agit d’un des conflits de travail contemporains les plus longs au Québec. La grève chez Delastek, un fabricant de composantes de pièces aéronautiques, a duré trois ans, d’avril 2015 à mars 2018, mais elle ne touchait qu’une vingtaine de travailleurs, syndiqués auprès d’Unifor, affilié à la FTQ.

Tout au long du conflit, les lock-outés d’ABI ont reçu de nombreux appuis de tous les syndicats, même d’autres centrales syndicales _ le plus récent étant un don de 100 000 $ de la Centrale des syndicats démocratiques (CSD), la semaine dernière. Pas moins de 500 syndicats leur ont versé une aide financière, provenant du Québec, du Canada, des États-Unis, voire du Guatemala, a souligné M. Masse.

ABI est propriété à 75 % d’Alcoa et à 25 % de Rio Tinto.

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