Les Australiens s'intéressent au lithium québécois


Édition du 05 Mai 2018

Les Australiens s'intéressent au lithium québécois


Édition du 05 Mai 2018

Par François Normand

« Ce n’est pas un, mais deux projets de lithium. » – Denis Couture, directeur général de Galaxy Lithium (Canada)

La minière australienne Galaxy Ressources ne manque pas d'ambition. Elle exploite une mine de lithium en Australie tout en développant un gisement en Argentine. De plus, dans les prochaines années, la multinationale veut aussi exploiter une mine à la Baie-James et possiblement faire de la deuxième transformation de lithium dans le sud du Québec.

Fondée en 1996, Galaxy est une productrice de lithium (un métal utilisé notamment dans les batteries de voitures électriques) cotée à la Bourse australienne (ASX). Ses revenus totalisent 125,6 millions de dollars australiens (123,4 M$). Ses principaux actionnaires sont le gestionnaire américain d'actifs BlackRock et la firme australienne d'investissement Ausbil IM.

Au Québec, le projet de mine de lithium de Galaxy est situé à deux kilomètres de la rivière Eastmain et à 100 kilomètres à l'est de la Baie-James. Le gisement est près des infrastructures, souligne le directeur général de Galaxy Lithium (Canada), Denis Couture. « Notre site est tout près du relais routier du kilomètre 381 de la Société de développement de la Baie-James, et nous sommes à sept kilomètres des lignes d'Hydro-Québec », dit-il en entrevue à Les Affaires dans ses bureaux du centre-ville de Montréal. Cet ingénieur chimique compte plus de 20 ans d'expérience dans l'industrie du traitement du minerai au Québec, dans l'or et les métaux de base. Il a notamment été directeur d'usine du producteur d'or Cambior (racheté par Iamgold, en 2006).

Deux projets plutôt qu'un

Galaxy veut exploiter une mine de lithium et « possiblement » une usine pour transformer le concentré de spodumène en hydroxyde ou en carbonate de lithium. « Les projets sont toutefois déconnectés. Ce n'est pas un, mais deux projets de lithium », précise M. Couture.

La viabilité de la mine à la Baie-James n'est pas liée à la construction d'une usine de transformation, car Galaxy pourrait du reste vendre son concentré à une autre entreprise. En revanche, son projet d'usine de deuxième transformation au Québec ne serait pas viable sans la mine. Les deux projets sont tous les deux évalués à environ 200 M$, pour un total de quelque 400 M$.

Dans un premier temps, Galaxy veut construire sa mine à la Baie-James. Celle-ci pourrait avoir une durée de vie de près de 15 ans. Si l'entreprise obtient toutes les autorisations environnementales, la mine pourrait entrer en production à la fin de 2020 ou au début de 2021.

Quant à l'usine de deuxième transformation, ce projet est « probable », souligne M. Couture. Galaxy doit d'abord réaliser une étude de faisabilité. Si le projet est économiquement viable, il ira de l'avant entre 2020 et 2025.

À ce jour, la minière avait déjà investi 3,3 M$ pour préparer le site de la Baie-James. Les dépenses en infrastructures seront relativement faibles, notamment parce que la mine sera à ciel ouvert et qu'elle ne nécessitera pas la construction d'un moulin. « On fera seulement du concassé de minerai, il n'y aura pas de broyage », explique M. Couture.

Galaxy utilisera la même technologie que celle qu'elle utilise dans sa mine de lithium dans l'ouest de l'Australie (Mt Cattlin), et dont la production des cinq prochaines années sera vendue exclusivement à la Chine. Pour ce qui est de l'usine de deuxième transformation, la minière australienne est actuellement « en discussion » avec quelques parcs industriels du Québec afin d'évaluer où elle pourrait l'implanter. Selon Denis Couture, trois régions sont possibles compte tenu des caractéristiques nécessaires (accessibilité par train, offre d'acide sulfurique, électricité à bon prix, main-d'oeuvre qualifiée), soit les régions de Rouyn-Noranda, de Salaberry-de-Valleyfield et de Trois-Rivières-Shawinigan.

La production québécoise serait vendue en Amérique du Nord et en Europe à des entreprises comme Tesla, BMW ou General Electric.

Conditions de marché favorable

Au Québec, les projets de Galaxy s'ajoutent aux mines de lithium actives de Nemaska Lithium et de Nord Américain Lithium, sans parler des projets comme celui de Corporation Éléments Critiques (CEC).

Cet engouement pour le métal tient à la forte demande pour les voitures électriques (VE), qui a fait bondir les prix sur le marché. Le carbonate de lithium s'échange actuellement a plus de 20 000 $ US la tonne, alors que le cours était de 6 450 $ au début de 2015.

Le taux de pénétration des VE dans le monde demeure relativement faible malgré l'engouement pour ce type de véhicule.

Dans une analyse, J.P. Morgan l'estime à un peu moins de 2 %. La firme prévoit qu'en 2025, les ventes de voitures électriques pourraient représenter près de 4 % du marché mondial dans son scénario de base, et un peu plus de 7 % dans son scénario optimiste.

Le secteur du stockage d'énergie (power storage) stimule aussi la demande en lithium dans le monde, selon M. Couture. Il s'agit de mégabatteries comme celle de 100 mégawatts que Tesla a inaugurée en Australie à la fin de 2017.

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