Les analystes ne s'en font pas pour British Petroleum

Publié le 18/06/2010 à 15:26

Les analystes ne s'en font pas pour British Petroleum

Publié le 18/06/2010 à 15:26

Par La Presse Canadienne

Photo : Bloomberg

British Petroleum a assez de pétrole dans ses réserves pour approvisionner à lui seul les Etats-Unis pendant deux ans, affiche un niveau d'endettement modeste et gagne plus d'argent qu'Apple et Google réunis. Aussi, quand la Maison Blanche lui a demandé de financer un fonds d'indemnisation de 20 milliards de dollars, les investisseurs ne se sont pas inquiétés.

"Le gouvernement américain deviendra insolvable avant BP", ironise Bruce Lanni, un analyste de Nollenberg Capital Partners. La compagnie pétrolière britannique a enregistré l'an dernier un bénéfice de 17 milliards $ US, contre 5,6 milliards $ US pour Apple et 6,5 milliards $ US pour Google. Au cours des trois dernières années, BP a dégagé une marge brute d'autofinancement de 91 milliards $ US.

Contrairement aux banques durant la crise financière, la compagnie n'est pas fortement endettée. Et ses réserves de 18 milliards de barils représentent deux fois la consommation annuelle de pétrole des Etats-Unis.

La marée noire dans le golfe du Mexique lui a coûté jusqu'ici 1,8 milliard $ US, et la facture pourrait s'alourdir considérablement. En cas de poursuites pénales, la compagnie pourrait avoir à payer des dizaines de milliards de dollars uniquement en frais de justice.

Les analystes estiment que le coût total de la catastrophe pour BP devrait se situer entre 17 et 60 milliards $ US. Mais si les prédictions les plus pessimistes sur la fuite de pétrole se réalisent, la note pourrait dépasser les 100 milliards $ US, selon une estimation de Goldman Sachs.

En vertu d'un accord passé mercredi avec l'administration Obama, BP suspendra le versement de son dividende trimestriel jusqu'à la fin de l'année, libérant ainsi 8 milliards $ US. Le groupe compte aussi vendre pour 10 milliards $ US d'actifs. Et en puisant dans ses comptes bancaires et des investissements à court terme, il pourrait lever sans difficulté 25 milliards $ US.

Par ailleurs, BP devrait dégager un excédent brut d'exploitation de 30 milliards $ US cette année si les prix du pétrole ne chutent pas. Une grande partie de cette somme doit être réinvestie dans la compagnie, mais une partie pourrait aussi servir à d'autres fins.

Le groupe possède également une grosse marge de manoeuvre pour emprunter, avec un bémol toutefois: il aurait à payer des taux d'intérêt supérieurs au marché pour l'émission d'obligations ou la souscription d'un prêt.

L'incertitude sur le coût de la marée noire a fait plonger l'action BP. L'accord sur le financement par BP d'un fonds de 20 milliards $ US pour indemniser les victimes, et les déclarations de Barack Obama, qui a affirmé que BP était un groupe "solide", et qu'il était dans l'intérêt de chacun qu'il le reste, ont semblé calmer un peu les investisseurs. Mais ils s'inquiètent toujours du montant final de la facture.

Selon de nouvelles estimations, la fuite libère jusqu'à 9,4 millions de litres de pétrole par jour, soit le triple de l'estimation d'il y a une semaine. L'action de BP a perdu 46% depuis l'explosion le 20 avril de la plate-forme Deepwater Horizon, à l'origine de la marée noire. Mais Fadel Gheit, d'Oppenheimer & Co, estime qu'elle atteindra 55 $ US d'ici la fin 2011, soit une progression de 75% par rapport à la cotation de mercredi. Une chute du prix du pétrole à 60, voire 55 $ US le baril serait "bien plus déstabilisante pour le groupe que toute plainte potentielle dans le Golfe", ajoute cet expert.

Selon certains analystes, le temps pourrait être un allié précieux pour BP. Les affaires impliquant les grandes sociétés ont tendance à traîner des années dans le système judiciaire américain, et la complexité et les enjeux de la marée noire allongeront sans doute encore davantage la procédure. BP pourra ainsi étaler ses coûts dans le temps.

Il serait étonnant que "toutes les plaintes civiles et pénales contre BP soient closes avant la fin de la décennie", estime David Logan, doyen de l'école de droit de l'université Roger Williams à Rhode Island.

Et BP pourra peut-être étaler le paiement de la facture sur une période bien plus longue. Dans le cas de l'Exxon Valdez, le pétrolier qui avait déversé 41 millions litres de pétrole dans les eaux de l'Alaska en 1989, il a fallu près de 20 ans aux tribunaux pour déterminer le montant à payer par Exxon Mobil.

 

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