Le coût élevé de la fibre ralentit l'industrie


Édition du 20 Février 2016

Le coût élevé de la fibre ralentit l'industrie


Édition du 20 Février 2016

[Photo : Shutterstock]

Alors que le dollar canadien aurait dû donner un nouvel essor à l'industrie forestière, le coût de la matière première, les faibles prix sur les marchés et la concurrence internationale plombent la relance tant attendue. Le coût de la fibre au Québec, le plus élevé en Amérique du Nord, est le principal défi de l'industrie, estime André Tremblay, pdg du Conseil de l'industrie forestière du Québec (CIFQ). Une étude récente, réalisée par le Groupe DDM, une entreprise indépendante de consultation en foresterie, a montré que la fibre coûtait au moins 6 $ de plus par mètre cube au Québec qu'en Ontario.

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Un exemple concret : du bois européen sera utilisé pour la reconstruction du manège militaire de Québec, car la matière première y est offerte à un coût plus concurrentiel, note Frédéric Verreault, porte-parole de Chantiers Chibougamau. «Si le gouvernement introduit de l'oxygène dans le système, en implantant une tarification plus fonctionnelle, ça permettra d'être plus compétitif et de créer des emplois», dit-il.

«Le gouvernement devra bouger s'il souhaite favoriser les investissements», ajoute Jim Lopez, pdg de Tembec, qui a fermé temporairement l'usine de sciage de Senneterre le 1er février en raison de coûts d'approvisionnement trop élevés. Pour remédier à la situation, le CIFQ a présenté des mesures afin de réduire de 10 $/m3 le coût de la fibre. Par exemple, il propose d'éliminer le prix plancher lors de mises aux enchères, de réduire la tarification énergétique pour l'industrie des pâtes et papiers et de partager les frais de construction des routes forestières avec les utilisateurs.

Après plusieurs années de revendications, André Tremblay espère que le gouvernement fera des gestes concrets en 2016.

Le prix du bois d'oeuvre chute

Sur le marché du bois d'oeuvre, on observe les prix les plus faibles des cinq dernières années, note André Tremblay. En raison du ralentissement économique en Chine, les producteurs de la Colombie-Britannique se sont tournés vers les États-Unis, rajoutant ainsi du bois sur le marché. De plus, la reprise américaine est plus lente que prévu et la concurrence internationale fait chuter les prix, dit Karl Blackburn, directeur principal des affaires publiques et des relations gouvernementales pour Produits forestiers Résolu.

Un dollar canadien faible est une bonne nouvelle pour les producteurs de pâtes et papiers, estime Jim Lopez. Mais l'industrie ne doit pas miser sur un dollar bas pour être compétitive, dit-il. Étant donné que la concurrence est internationale, plusieurs pays profitent aussi de la dévaluation de leur monnaie face à la devise américaine.

Certification FSC

Si l'industrie doit choisir entre une certification et son approvisionnement en bois, elle choisira le bois, soutient le pdg du CIFQ. Sans être une menace, c'est le constat qu'ont fait 33 industriels membres du CIFQ en novembre dernier.

C'est que la certification FSC (Forest Stewardship Council), qui vise la gestion durable de la forêt, met de la pression sur l'approvisionnement, car, en plus de réclamer des mesures de protection de l'habitat du caribou forestier, certaines communautés autochtones se servent de la norme FSC, qui exige un consentement éclairé des communautés, pour faire des revendications auprès du gouvernement du Québec, souligne André Tremblay. De plus, la norme FSC, qui est en cours de révision, crée des remous, parce que la résolution 65 vise la protection de 80 % des massifs forestiers intacts. «Cette mesure suscite beaucoup d'inquiétudes et de questionnements», note Karl Blackburn.

Jim Lopez croit que les nouvelles normes seront justes, puisqu'elles doivent satisfaire aussi bien les intervenants environnementaux que les industriels. «Certaines personnes ont peur du changement et ils anticipent le pire. Nous avons été les premiers à obtenir la certification FSC et nous n'envisageons pas de la délaisser, car c'est la meilleure du monde», dit-il.

Par ailleurs, l'entente sur le bois d'oeuvre entre le Canada et les États-Unis, qui a pris fin en octobre 2015, prévoyait une année de transition pour qu'on la renégocie. Une entente semblable à cette dernière serait acceptable pour le CIFQ. Toutefois, l'instauration de nouvelles règles (mise aux enchères de 25 % du bois public), qui ont permis l'ouverture des marchés avec l'implantation du nouveau régime forestier, devra être prise en compte. De plus, les entreprises frontalières, qui s'approvisionnent aux États-Unis et en forêt privée, devraient être exemptées de toute taxe.

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