La plus longue récession de l'après-guerre

Publié le 09/03/2009 à 00:00

La plus longue récession de l'après-guerre

Publié le 09/03/2009 à 00:00

Par La Presse Canadienne
Des usines qui licencient, une inflation en hausse, un chômage atteignant des niveaux alarmants, les files d'attentes aux soupes populaires qui s'allongent... la récession de la période 1981-82, sous la présidence de Ronald Reagan, a été largement considérée comme la pire aux Etats-Unis depuis la Grande Dépression des années 1930. Mais la crise que traverse aujourd'hui l'économie américaine pourrait être encore plus grave.

Le taux de chômage n'a pas encore atteint les niveaux de 1982 et le produit intérieur brut n'est pas tombé aussi bas qu'à l'époque. Les répercussions de la récession actuelle sont toutefois plus étendues et les incertitudes plus grandes qu'il y a 27 ans.

A l'époque, on savait que l'Amérique ne se dirigeait pas vers une situation aussi grave que durant la Grande Dépression, explique Murray Weidenbaum, président du Conseil économique de la Maison Blanche sous Ronald Reagan. "Il n'y a pas cette certitude aujourd'hui. Non seulement la récession est forte et étendue, mais beaucoup de gens craignent qu'elle ne dure longtemps et soit importante."

Depuis des mois, la presse américaine compare la crise actuelle avec celle qui avait commencé en juillet 1981 et s'était achevée en novembre 1982. En janvier, le secteur manufacturier a perdu 207.000 emplois sur un mois, le plus mauvais chiffre enregistré depuis octobre 82.

Février pourrait être le mois le pire, en terme de ventes, depuis 27 ans pour les constructeurs automobiles américains. Les ventes de logements neufs viennent de connaître leur plus mauvaise année depuis 1982. Et le nombre de chômeurs, qui s'élève désormais à 12,5 millions, est plus élevé qu'à l'époque.

"La plupart des gens pensent que c'est pire qu'en 1982", déclare John Steele Gordon, un historien de la finance. Même si peu d'Américains redoutent une réédition de la Grande Dépression, "cela va probablement être la pire récession de l'après-guerre".

Comme Ronald Reagan, Barack Obama tente d'entretenir l'espoir. Mais les Américains ne voient pas encore le bout du tunnel. La chute de l'immobilier et des actions a érodé leur patrimoine. Et ils craignent de perdre leur emploi, leur logement et leur épargne-retraite alors que les dépenses de santé pèsent sur leur budget.

Les consommateurs connaissent une crise de confiance et les banques restent dans une situation délicate. Le produit intérieur brut s'est contracté de 6,2% en rythme annuel au dernier trimestre 2008, le plus mauvais chiffre depuis 1982. Le taux de chômage, qui a atteint 8,1% en février, reste encore loin des 10,8% de novembre 1982, mais la récession n'est pas finie.

Les "cols bleus" ne sont pas les seuls affectés. Ceux qui sont coincés dans des logements qui valent moins désormais que leur emprunt immobilier souffrent également, de même que ceux dont le patrimoine dépend directement des performances de la bourse.

"Cette récession est plus large, profonde et compliquée que pratiquement tout ce que nous avons vu jusqu'ici", explique Mark Vitner, économiste de la société de services financiers Wachovia. "L'évolution globale des marchés du crédit a produit toutes sortes d'instruments financiers complexes", qu'il est difficile, voire impossible de "démêler", ajoute-t-il.

M. Vitner dit voir de la peur dans les yeux de ses clients. "Certains m'ont serré dans leurs bras après un entretien, ce qui est très inhabituel", confie-t-il. "Je ne leur ai pas fait miroiter une amélioration de la situation, mais ils se sentent simplement mieux en ayant une meilleure compréhension de ce qui se passe."

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