L'industrie forestière craint les répercussions de la grève au Canadien National

Publié le 21/11/2019 à 06:52

L'industrie forestière craint les répercussions de la grève au Canadien National

Publié le 21/11/2019 à 06:52

Par La Presse Canadienne

Une pénurie chronique de chauffeurs de camion à travers le Canada accentue l'impact de la grève des chefs et agents de train de la Compagnie des chemins de fer nationaux du Canada (CN), a indiqué mercredi le chef de la direction de l'Association des produits forestiers du Canada (APFC).

«L'APFC respecte le processus de négociation collective et le droit de grève des travailleurs, mais est préoccupée par les impacts économiques dévastateurs que ce conflit aura sur notre industrie, qui fait déjà face à d'importants vents contraires, sans oublier les impacts sur les familles et les collectivités forestières», a affirmé le chef de la direction de l'association, Derek Nighbor.

‹Ce qui aggrave l'interruption de service, c'est la pénurie actuelle de conducteurs de camion, qui entraîne des coûts additionnels, des tarifs plus élevés et une incapacité à expédier nos produits à nos clients.»

L'industrie forestière représente environ 10 pour cent du tonnage transporté par le réseau ferroviaire canadien, a-t-il précisé, ajoutant que son industrie était déjà sous le choc d'un ralentissement économique qui a entraîné plusieurs fermetures d'usines et plusieurs centaines de mises à pied en Colombie-Britannique.

L'alliance des entreprises de camionnage du Canada a estimé en 2016 que le secteur, composé d'environ 300 000 chauffeurs, devrait composer avec un manque d'environ 34 000 chauffeurs d'ici 2024.

La grève entreprise par environ 3200 membres de la Conférence ferroviaire de Teamsters Canada a débuté après que le syndicat et l'entreprise ont échoué à parvenir à un accord avant minuit, lundi soir.

Les chefs et agents de train, ainsi que les agents de triage, ont formé des lignes de piquetage mardi, empêchant la circulation de trains de marchandises à travers le pays.

À Ottawa, le ministre des Transports Marc Garneau a déclaré aujourd'hui que le gouvernement était «très conscient» de l'impact économique important de cette grève et qu'il croit qu'une solution est «très possible».

«On a rencontré le CN et le syndicat des Teamsters et on les encourage fortement à trouver une solution et o pense qu'une solution est en vue, c'est très important pour l'économie canadienne et on a offert les services de nos médiateurs. On les pousse le plus fort possible pour qu'ils trouvent une solution» a précisé le ministre Garneau après le dévoilement du nouveau Cabinet de Justin Trudeau à Ottawa, mercredi.

Un impact aussi pour l'industrie pétrolière

La société de transport Altex Energy, de Calgary, chargeait récemment environ 50 000 barils de pétrole par jour dans ses quatre terminaux de transport de pétrole brut en Alberta et en Saskatchewan, a indiqué son chef de la direction, John Zahary, lors d'une interview.

«Le CN nous a fait parvenir quelques wagons vides à notre dépôt (de Lashburn, en Saskatchewan) juste avant le début de la grève. Nous avons donc quelques jours de travail, car nous pouvons extraire le pétrole des réservoirs et le transférer dans les wagons», a-t-il expliqué mercredi.

«Mais si les wagons pleins ne partent pas et ne sont pas remplacés par de nouveaux wagons vides, nos activités vont être interrompues.»

La grève pourrait toucher les quelque 50 employés du terminal de la société si elle se prolonge trop longtemps, a-t-il précisé.

L'arrêt de travail intervient à un moment difficile pour le transport de pétrole depuis l'Ouest canadien, car la récente interruption du pipeline Keystone, dans la foulée d'un déversement dans le Dakota du Nord, a fait grimper les niveaux de stockage, a observé l'analyste Phil Skolnick, de Eight Capital.

Les rabais sur les prix du mélange de brut Western Canada Select par rapport aux prix de référence du brut américain ont tendance à augmenter lorsque l'offre excède la capacité de transport, mais ils restent relativement stables jusqu'à présent, a-t-il souligné.

Plus tôt cette semaine, la Régie de l'énergie du Canada a annoncé que les exportations de pétrole brut par chemin de fer s'étaient chiffrées à 319 600 barils par jour en septembre, une légère hausse par rapport aux 310 100 barils par jour d'août.

Mercredi, Pulse Canada et l'Association canadienne des cultures spéciales ont appelé le gouvernement fédéral à «faire tout ce qui était en son pouvoir» pour mettre fin à la grève afin de limiter les dommages causés à l'industrie et à l'économie canadienne.

«Des perturbations similaires dans les périodes creuses ont déjà entraîné, par le passé, des fermetures d'installations et des mises à pied dans notre secteur», a rappelé le président de l'Association canadienne des cultures spéciales, Quinton Stewart.

«Nous ne pouvons tout simplement pas nous permettre d'avoir la moitié de notre capacité ferroviaire hors service pendant la haute saison d'expédition. Le gouvernement doit agir maintenant pour rétablir le service ferroviaire et limiter les répercussions sur les agriculteurs, les transformateurs et les exportateurs canadiens, ainsi que sur leurs clients à travers le monde.»

L'Association canadienne du propane a fait écho à cet appel et a averti qu'il était important que les fournitures soient livrées à temps pour que les activités essentielles alimentées au propane puissent se poursuivre.

L'Association des produits forestiers n'a formulé aucune recommandation précise, mais a encouragé toutes les parties à faire de leur mieux pour mettre fin à la grève, a indiqué Joel Neuheimer, vice-président aux transports, lors d'une entrevue.

Cela inclut la convocation du Parlement avant la date prévue du 5 décembre, a-t-il précisé.

Selon lui, l'industrie forestière canadienne a une «mauvaise réputation» sur la scène internationale, car elle est incapable de commercialiser ses produits sur le marché dans les délais impartis, et la grève ne va pas améliorer la situation.

Aucune usine de produits forestiers n'a encore été forcée de fermer à cause de la grève, mais si tel devait être le cas, l'association estime que le coût pour chaque usine serait de 150 000 $ à 500 000 $ par jour.

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