Hydro-Québec veut diminuer sa consommation de pétrole


Édition du 22 Avril 2017

Hydro-Québec veut diminuer sa consommation de pétrole


Édition du 22 Avril 2017

Par François Normand

Sans tambour ni trompette, Hydro-Québec a amorcé un long processus pour réduire la consommation de produits pétroliers dans ses 22 centrales autonomes et les remplacer par des énergies vertes telles que la biomasse forestière, l'éolien, voire l'énergie solaire.

Ces 22 centrales ne sont pas connectées au réseau de distribution de la société d'État. Elles sont en majorité situées sur le territoire du Plan Nord, dans les communautés de la baie d'Hudson, de la baie d'Ungava et de la Basse-Côte-Nord. Il y en a aussi plus au sud, notamment aux îles de la Madeleine et en Haute-Mauricie. Toutes ces centrales carburent aux produits pétroliers (diesel et mazout), à l'exception d'une centrale hydroélectrique située à Lac-Roberton, en Basse-Côte-Nord.

Hydro-Québec a deux objectifs pour ses réseaux autonomes. Elle veut d'abord réduire ses coûts de production et faire économiser des millions de dollars à l'ensemble des Québécois. Elle veut aussi diminuer ses émissions de gaz à effet de serre (GES) et de polluants atmosphériques. Cela dit, l'entreprise ne pourra pas complètement éliminer les produits pétroliers, souligne le porte-parole Marc-Antoine Pouliot. «Nous devons avoir une source d'énergie stable en tout temps afin de pouvoir l'utiliser si, par exemple, il n'y a ni vent ni soleil.» Plusieurs sources d'énergie verte sont intermittentes. Ainsi, lorsqu'il ne vente pas, une éolienne ne produit pas d'électricité.

Des pertes annuelles de 200 M $

L'aspect financier a grandement pesé dans la décision d'Hydro-Québec de recourir aux énergies renouvelables pour produire de l'électricité, car ces réseaux lui coûtent très cher. «Nous perdons environ 200 millions de dollars par année avec les 22 réseaux autonomes», affirme le porte-parole de la société d'État. Il précise que les coûts pour alimenter en électricité ces communautés éloignées sont systématiquement de 200 M $ supérieurs aux revenus générés par cette activité. L'écart est actuellement absorbé par l'ensemble des Québécois dans les tarifs d'électricité. Le coût de production moyen d'Hydro-Québec s'élève à un peu plus de 2 cents le kilowattheure (kWh), tandis que celui des réseaux autonomes «dépasse souvent 30 cents le kWh», souligne M. Pouliot.

Deux appels de propositions déjà lancés

Hydro-Québec a annoncé son intention de verdir ses 22 réseaux autonomes en juin 2016, lors du dépôt de son plan stratégique 2016-2020. La société d'État avait aussi alors annoncé son intention de doubler ses revenus à 27 milliards de dollars d'ici 2030 et de porter son bénéfice net à 5,2 G $.

À ce jour, Hydro-Québec a lancé deux appels de propositions, le premier dans la communauté d'Obedjiwan (en Haute-Mauricie), le second aux îles de la Madeleine. Tous les autres seront lancés d'ici 2020. À Obedjiwan, Hydro-Québec souhaite voir une centrale de biomasse forestière, car il y a une scierie dans cette région qui produit des résidus forestiers. Cette centrale devrait être mise en service en 2020. Le projet est plus complexe aux îles de la Madeleine.

En fait, la société d'État jongle avec deux options : raccorder carrément l'archipel à son réseau de distribution à l'aide d'un câble sous-marin qui partirait de la Gaspésie (une idée qui n'est pas nouvelle) ou construire une centrale d'énergie renouvelable aux îles de la Madeleine.

Tout déprendra de l'appel de propositions, explique Marc-Antoine Pouliot. Si les coûts de production d'électricité d'une nouvelle centrale (en cents/kWh) proposés par le marché sont inférieurs au coût de distribution d'électricité à partir du continent, Hydro-Québec ira de l'avant avec une production locale. Par contre, si la solution du marché est plus coûteuse, la société d'État raccordera les Îles à son réseau de distribution.

Y aura-t-il des projets solaires ?

Signe que l'énergie solaire est de plus en plus compétitive, Hydro-Québec ne serait pas surprise qu'on lui présente des projets dans cette filière. «On peut présumer qu'il y aura du solaire», affirme Marc-Antoine Pouliot.

Les Affaires a contacté trois producteurs d'énergie solaire - Boralex, Innergex et Kruger Énergie - afin d'évaluer leur intérêt à présenter des projets à Hydro-Québec, incluant des projets d'énergie solaire.

Innergex et Kruger Énergie ont refusé de commenter. Dans un courriel, l'entreprise Boralex a indiqué qu'elle ne comptait pas présenter de proposition, préférant se concentrer sur ses autres projets d'énergie renouvelable au Québec, en Ontario et en Colombie-Britannique. Par contre, elle ne ferme pas la porte, souligne la porte-parole Julie Cusson. «Nous gardons un oeil sur les différentes occasions qu'offre ce genre d'appel de propositions et nous pourrions décider d'y participer à un autre moment.»

Pierre-Olivier Pineau, spécialiste en énergie à HEC Montréal, affirme que la nouvelle compétitivité de l'énergie solaire tient à la diminution des coûts des panneaux photovoltaïques et des batteries. Cela dit, la rentabilité de l'énergie solaire n'est pas facile à estimer, précise-t-il. En fait, M. Pineau souligne que cela dépend de plusieurs facteurs : le coût (panneaux, équipements techniques de branchement au réseau, batteries, main-d'oeuvre pour l'installation, etc.), l'ensoleillement et, surtout, le prix des autres sources d'énergie. Par exemple, dans les États américains où l'électricité sur le réseau coûte 25 ou 30 cents du kWh, il est plus facile de rentabiliser l'énergie solaire. «À ce prix, oui, le solaire est compétitif, surtout qu'il produit quand la demande de pointe est à son maximum parce qu'il fait chaud et que la climatisation est allumée partout. Durant ces périodes, le réseau est très heureux d'avoir des panneaux solaires en production», dit-il.

Le contexte est toutefois différent au Québec. Les pointes de consommation sont les jours de grand froid (souvent la nuit, quand il vente). De plus, durant l'hiver, les journées sont plus courtes. Par conséquent, il y a moins d'ensoleillement et, donc, moins de production d'électricité.

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