Énergie : des titres boursiers électrisants ?


Édition du 24 Septembre 2016

Énergie : des titres boursiers électrisants ?


Édition du 24 Septembre 2016

[Photo : 123RF/pogonici]

L'électricité est l'énergie du futur, une source d'avenir propre, durable, fiable et renouvelable. Quelles sociétés permettent de miser sur cette manne ? Trois secteurs en particulier ressortent du lot : l'automobile électrique, la technologie solaire et les énergies hydraulique et éolienne. Quelques tuyaux pour être... davantage au courant !

Industrie n° 1

Véhicule électrique : coup d'oeil sur le fleuron du secteur

Il y a peu de sociétés en Bourse dans lesquelles il est possible d'investir pour miser directement sur l'essor de la voiture électrique. Plusieurs entreprises planchent cependant sur des projets associés à celle-ci, mais ces initiatives en restent souvent au stade du démarrage ou ne représentent qu'une division d'un grand conglomérat - la commercialisation de batteries pour les voitures hybrides par la société Johnson Controls (JCI, 44,28 $ US) en est un exemple.

Les géants technologiques sont par contre à surveiller. Les indices se multiplient selon lesquels Apple (AAPL, 115,57 $ US) travaille sur un véhicule électrique, sous l'appellation «Projet Titan». Depuis 2007, Alphabet (GOOG, 771,76 $ US) alloue des ressources au développement de la technologie requise pour la conception d'une voiture autonome, sans conducteur. Pourrait-elle assurer la construction de son propre modèle électrique ou agir en tant que sous-traitante technologique pour d'autres constructeurs ? L'idée circule, mais il n'y a aucune certitude.

Rob Cihra et Edison Yu, analystes de la firme Sterne Agee, croient plutôt qu'une concurrence rehaussée pourrait provenir des constructeurs automobiles traditionnels «aux portefeuilles bien garnis, dotés d'une chaîne d'approvisionnement éprouvée et d'un réseau de concessionnaires étendu». La majorité de ces derniers proposent des véhicules hybrides de plus en plus performants à leur clientèle. La Chevrolet Volt et la Toyota Prius en sont deux exemples. Or, la chute du prix du baril de pétrole pourrait inciter les consommateurs à reporter l'achat d'une voiture électrique «pure», au profit d'une hybride... ou d'un véhicule à essence.

Ces mêmes constructeurs poursuivent néanmoins l'objectif de construire des modèles 100 % électrique. Le tandem Renault-Nissan peaufine une nouvelle version de la Leaf, dont l'autonomie est actuellement de 200 kilomètres. La BMW i3, la Volkswagen e-Golf et la Ford Focus électrique fournissent actuellement une autonomie allant respectivement jusqu'à 160, 134 et 95 kilomètres. D'autres modèles haut de gamme (Mercedes, Audi et Porsche) feront bientôt leur entrée sur le marché. Sans oublier General Motors (GM, 31,12 $ US) qui proposera prochainement la Chevrolet Bolt, dont l'autonomie sera de 320 kilomètres, un véhicule lancé un an avant le Model 3 de Tesla Motors.

Tesla Motors : une route parsemée d'embûches

Le titre du constructeur américain de voitures électriques Tesla Motors (TSLA, 200,42 $ US), fleuron du secteur, s'échange déjà à 152 fois le bénéfice anticipé de 1,39 $ US par action de l'exercice 2017. Néanmoins, plusieurs difficultés se profilent à l'horizon.

Conduite semi-autonome : une technologie qui doit faire ses preuves

Tesla est sous enquête de la National Highway Traffic Safety Administration (NHTSA) pour ne pas avoir dévoilé rapidement le décès d'un client, victime d'un accident alors que la fonction Autopilot - le système informatique et électronique d'aide à la conduite permettant aux voitures Tesla de pouvoir effectuer d'elles-mêmes des manoeuvres - était enclenchée. Quelles seront les conséquences de ce troisième incident ? «Nous nous attendons à ce que cette fonctionnalité soit davantage scrutée à la loupe et qu'elle soit possiblement encadrée par une réglementation additionnelle», prévoit Kristen Owen, d'Oppenheimer.

SolarCity : loin de faire l'unanimité

Les actionnaires de Tesla ont donné l'aval à l'achat de SolarCity (SCTY, 17,10 $ US), une société spécialisée dans les technologies solaires, à un coût de 2,6 milliards de dollars américains. Selon certains observateurs, cette transaction ressemble à un sauvetage de SolarCity, ce qui soulève des questions de gouvernance en raison de la présence d'Elon Musk à titre d'actionnaire dans les deux sociétés. «L'acquisition risque de causer une distraction au moment où la direction devrait se concentrer davantage à l'atteinte de son ambitieux plan de croissance», résume Mike Levin, analyste à la Deutsche Bank. Depuis l'annonce, les analystes de la firme Oppenheimer ont, quant à eux, retiré leur recommandation de surperformance et leur cours cible de 385 $ US sur le titre de Tesla. Ils suggèrent de demeurer sur les lignes de côté jusqu'à ce que le portrait soit plus limpide quant à la capacité de l'entreprise d'atteindre la rentabilité.

Gigafactory : méga-usine, gros objectifs

La Gigafactory, cette usine de fabrication de batteries aux proportions gigantesques, située dans le Nevada, exigera des investissements de plusieurs milliards de dollars américains pour être entièrement fonctionnelle et permettre à Elon Musk d'atteindre ses objectifs de production de masse. Au dernier trimestre, Tesla n'a construit que 14 402 unités alors que l'objectif interne était d'en sortir 20 000 et que le consensus des analystes a été établi à 80 000 voitures en 2016. Plus ambitieux encore, l'objectif est de fournir 500 000 unités en 2018. Des doutes subsistent néanmoins quant à la capacité réelle future de l'entreprise de produire ses véhicules dans le délai promis. «Les cibles agressives sont dans l'ADN de Tesla. Le risque de manquer l'objectif fait partie du jeu, et nos projections en tiennent compte. Nous projetons plutôt 355 000 unités construites en 2018», nuance ainsi Mike Levin, de la Deutsche Bank.

Phase 2 : des projets et... de la pression

Dans la deuxième phase de son plan, Elon Musk envisage de couvrir les principaux modes de transport terrestre en version électrique. D'ici là, Tesla doit aussi s'assurer de développer en parallèle les infrastructures nécessaires pour promouvoir la vente des modèles commercialisés jusqu'à maintenant : les stations de recharge.

«Il est évident que tous les aspects de ce plan comprennent un très haut niveau de risque d'exécution, mais nous considérons plusieurs parties de celui-ci comme innovatrices et potentiellement attrayantes», affirme l'équipe de la Deutsche Bank, dont la recommandation se maintient à «conserver» et la cible, à 290 $ US. Par contre, le consensus moindre de la communauté financière (259,18 $ US) - qui représente néanmoins un rendement potentiel de 15 % au cours actuel de 198,30 $ US - s'explique non seulement par l'absence historique de rentabilité et de forts besoins de capitaux à venir, mais aussi par les récentes initiatives de la direction, qui nimbent le titre d'un brouillard additionnel.

Industrie N° 2

Énergie solaire : de l'ombre pour un certain temps

Une bombe a été larguée sur le secteur de l'énergie solaire le 9 août dernier. La société SunPower (SPWR, 7,72 $ US), deuxième fabricant américain de panneaux solaires en importance, a alors fortement abaissé ses prévisions pour l'année 2016, entraînant tous les titres de l'industrie dans une tourmente inégalée depuis plusieurs années.

SunPower s'attend désormais à enregistrer une perte de 175 millions de dollars américains pour l'exercice financier en cours, une volte-face inattendue par rapport aux bénéfices de 50 M$ US qu'elle prévoyait plutôt comptabiliser. Le titre a perdu plus de 30 % après la publication de ses résultats le 10 août. La direction explique que la demande pour ses projets ralentit, au moment même où la concurrence rehaussée dans le marché des panneaux solaires entraîne un fléchissement des prix. Conséquemment, les marges bénéficiaires brutes prévues, estimées à une fourchette de 13 à 15 %, varient désormais de 9,5 à 11,5 %. La société annonce aussi la fermeture d'une usine aux Philippines et la réduction de son personnel de 15 %.

Cette révision financière reflète d'ailleurs les difficultés affrontées par les principaux acteurs de l'industrie. Une offre qui est nettement supérieure à la demande, de même que la concurrence que livrent de nouvelles sociétés souhaitant faire leur place au soleil et la disponibilité de plusieurs actifs de l'ancien géant SunEdison (SEMI, 11,45 $ US) - en faillite depuis avril 2016 - entraînent une pression à la baisse sur les prix. Cela, sans compter la réglementation nébuleuse qui persiste en Chine sur l'approvisionnement en matériel destiné à l'énergie solaire, qui amène son lot d'incertitudes à l'égard des prévisions financières de l'exercice 2017.

Selon Kristen Owen, analyste de la firme Oppenheimer, l'industrie traverse «une remise à zéro des attentes et de la tarification». Une situation qui influe jusque sur le portefeuille des actionnaires !

Titres sous la loupe

Dans ce contexte incertain, l'équipe d'Oppenheimer cible trois titres qui méritent une recommandation «surperformance». First Solar (FSLR, 35,35 $ US), Canadian Solar (CSIQ, 12,14 $ US) et Sunrun (RUN, 5,52 $ US) obtiennent respectivement un cours cible de 56 $ US, 30 $ US et 8 $ US, pour un rendement potentiel respectif de 58 %, 147 % et 45 % par rapport à leurs cours actuels. Les cibles précédentes de First Solar et de Canadian Solar avaient été revues à la baisse le 25 juillet afin de tenir compte du contexte d'affaires morose qui s'annonce à court terme.

Du lot, First Solar est la mieux placée pour affronter les conditions difficiles qui prévalent dans le secteur, avec une position nette d'encaisse de 20 $ US par action. «La grande question qui reste en suspens au sujet de la société est de connaître ses plans pour déployer ses liquidités et d'estimer le rendement qui sera généré par ses investissements. Ce qui est évident, cependant, c'est que First Solar accélérera la cadence de certains projets pour générer de meilleures marges», indique Kristen Owen, analyste de la firme Oppenheimer. Les nouvelles prévisions font état d'un bénéfice par action de 3,75 $ US en 2016, au lieu des 4,36 $ US attendus.

Canadian Solar demeure un titre plus risqué en raison du fort levier financier utilisé. Les progrès associés au financement de projets au Japon et la gestion adéquate du bilan par les dirigeants, qui ont su monnayer certains actifs, suscitent un peu d'espoir au sein de l'équipe d'Oppenheimer. La prévision de bénéfice par action passe néanmoins de 2,66 $ US à 1,58 $ US pour l'exercice 2016.

Sunrun possède quant à elle non seulement une expertise financière pointue pour mener à bien ses projets, mais aussi l'avantage concurrentiel d'être exposée au marché résidentiel. «L'exposition à ce créneau signifie qu'il y a moins de risque de subir des délais dans l'exécution des projets», souligne Vishal Shah, analyste à la Deutsche Bank. La société est cependant aux prises avec une augmentation du nombre d'actions vendues à découvert, le pourcentage de celles-ci se situant désormais à plus de 23 % des titres en circulation. «Cette hausse survient parallèlement à une exécution raisonnable des opérations», nuance cependant Kristen Owen, qui maintient sa prévision d'une perte annuelle par action à 0,87 $ US.

Industrie N° 3

Énergies hydraulique et éolienne : les investisseurs veulent être dans le vent...

L'optimisme prévaut dans la communauté financière à propos des sociétés qui utilisent l'eau ou le vent pour produire de l'électricité. Plusieurs analystes considèrent que les évaluations boursières demeurent raisonnables pour la majorité de celles-ci et que c'est par leurs profils de croissance respectifs que chacune de ces entreprises se démarque de la concurrence. «Boralex (BLX, 18,37 $) et Algonquin Power & Utilities (AQN, 11,75 $) offrent la meilleure visibilité concernant les avenues de croissance à venir d'ici 2020», observe d'ailleurs Rupert Merer, analyste à la Financière Banque Nationale. L'Inde, dont l'approvisionnement en énergie repose fortement sur des usines alimentées de façon plus ou moins efficace par le charbon, reste l'une des régions du monde qui recèlent de réelles possibilités de croissance. Un fait qui n'est pas passé inaperçu aux yeux de l'analyste de l'Industrielle Alliance Valeurs mobilières Jeremy Rosenfield. «Ce marché est attrayant en raison de la forte croissance annuelle de 5 % de la demande en énergie, des politiques du gouvernement qui appuient les énergies renouvelables et de la disponibilité de cibles d'acquisition potentielles. Nous croyons que Brookfield Renewable Partners (BEP.UN, 38,15 $) y évalue des occasions de croissance», dit-il.

Malgré une hausse potentielle des taux d'intérêt aux États-Unis, les dividendes versés par plusieurs des producteurs d'énergie renouvelable sont appelés à augmenter au cours des prochaines années, bien alimentés par les forts flux de trésorerie générés par les opérations. De petites sociétés pourraient même retourner des sommes à leurs actionnaires. «Alterra Power (AXY, 6,63 $) pourrait imiter ses pairs en effectuant le versement d'un dividende», souligne ainsi Rupert Merer. La possibilité de voir une recrudescence des activités de fusions et acquisitions dans le secteur s'avère aussi un catalyseur boursier pour les sociétés susceptibles d'être courtisées par de plus grands acteurs.

En rafales, deux titres de choix pour miser sur le potentiel des énergies hydrauliques et éoliennes !

Brookfield Renewable Partners : la qualité a un prix

C'est le poids lourd du secteur et le petit protégé de Brookfield Asset Management (BAM.A, 43,54 $) qui détient 62 % de l'actionnariat. Brookfield Renewable Partners possède et dirige 250 emplacements consacrés à la production de 10 000 mégawatts d'énergie en Amérique du Nord, en Amérique du Sud et en Europe. La société pourrait profiter de l'acquisition potentielle de TerraForm Power (TERP, 13,15 $ US), elle qui détient déjà 12 % de son actionnariat. Une telle transaction lui permettrait de faire une entrée remarquée dans l'énergie solaire, un secteur auquel elle n'est que minimalement exposée. Finalement, l'investisseur peut compter sur une équipe de direction chevronnée et sur une hausse annuelle du dividende de l'ordre de 5 % à 9 %, alors qu'il procure déjà un rendement courant de 5,84 %.

Les résultats du deuxième trimestre sont tièdes - des fluctuations liées à la météo ont réduit la production -, «mais ces variations à court terme n'ébranlent pas la vision haussière que nous avons à l'égard du titre», résume Ben Pham, analyste chez BMO Nesbitt Burns, dont la recommandation se maintient à surperformance.

De son côté, Frédéric Bastien, de Raymond James, n'hésite pas à parler de «core holding» - pilier de portefeuille, donc - dans son rapport du 5 août dernier. Il accorde au titre non seulement une recommandation de surperformance, mais aussi un multiple de 14 fois le bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement (BAIIA) qu'il anticipe pour 2017, une prime sur la moyenne du secteur qui se situe à 13 fois. Pour cette même raison cependant, l'analyste de l'Industrielle Alliance Valeurs mobilières Jeremy Rosenfield préfère «attendre un meilleur point d'entrée avant d'acheter».

Boralex : encore du carburant pour progresser

Selon David Quezada, analyste à la firme Raymond James, la relative faiblesse du prix de l'action de Boralex depuis la présentation des résultats du deuxième trimestre - marqué par des conditions météorologiques défavorables, dont un régime de vent plus faible observé en France et au Canada - pourrait se révéler une occasion d'achat. La capacité de ce producteur canadien est estimée à 1 094 mégawatts et provient essentiellement de l'éolien (80 %) et de l'hydroélectricité (15 %).

D'après M. Quezada, le titre se négocie maintenant à 10,8 fois le BAIIA prévu en 2016, tandis que le secteur est à 13 fois. Son collègue Ben Pham, de BMO Nesbitt Burns, est du même avis : le titre figure dans son palmarès des 15 meilleures sélections de petites capitalisations. Selon lui, le potentiel haussier reste substantiel, vu les possibilités de croissance de la société et le repli du titre. «Nous suggérons d'accumuler les actions en fonction d'une cible de 22 $», conclut-il. Le dividende, à 0,56 $ par action (2,8 %), est appelé à croître au cours des cinq prochaines années.

 

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