Consulter les citoyens, une obligation

Publié le 20/11/2010 à 00:00, mis à jour le 29/11/2010 à 11:51

Consulter les citoyens, une obligation

Publié le 20/11/2010 à 00:00, mis à jour le 29/11/2010 à 11:51

" Aujourd'hui, il est utopique de penser qu'une industrie puisse s'installer quelque part sans se faire accepter par le milieu ", estime Martin Bergeron, vice-président aux opérations de Mines Aurizon. À plus forte raison s'il s'agit d'une mine à ciel ouvert. On se souviendra du tollé soulevé par Osisko lors du déplacement de quelque 200 maisons pour son projet de mine d'or à Malartic.

Car les inquiétudes fusent, notamment en Abitibi-Témiscamingue, région minière par excellence. Que faire des gigantesques fosses créées par les mines à ciel ouvert ? Comment disposer des résidus miniers ? Comment gérer la poussière, les vibrations et le bruit ? Les eskers, ces formations géologiques qui filtrent l'eau souterraine, risquent-ils d'être contaminés ?

Le cas Joanna

La minière Aurizon compte exploiter un gisement d'or à ciel ouvert, à six kilomètres à l'est de Rouyn-Noranda, près des lacs Joannès et Vaudray. Le site, baptisé Joanna, renferme au moins 1,7 million d'onces d'or. Au prix actuel du marché, les revenus potentiels de cette mine dépassent les deux milliards de dollars.

Selon ses promoteurs, la mine pourrait entrer en production d'ici deux ans et être active pendant au moins une dizaine d'années. Les investissements nécessaires sont estimés de 225 à 250 millions de dollars (M$). Pendant la phase de construction, d'une durée de 18 à 22 mois, de 300 à 400 travailleurs seront sur le site. L'exploitation occupera 200 employés.

Jusqu'ici, le projet Joanna n'a pas soulevé de vagues parmi la population ni les groupes écologistes. La cause : la minière a pris soin d'organiser une consultation publique à l'été 2009.

Selon Martine Rioux, directrice générale de la Conférence régionale des élus (CRÉ) de l'Abitibi-Témiscamingue, Aurizon incarne " un nouveau modèle de consultation. La région a besoin des mines et les gens veulent être écoutés ", dit-elle.

Près de 35 groupes de résidents, citoyens et militants écologistes ont participé à l'exercice, dont l'influente Action Boréale de l'Abitibi-Témiscamingue, créée par l'auteur-compositeur Richard Desjardins. Plus de 170 commentaires et suggestions ont été recueillis durant cette consultation.

M. Bergeron dit avoir dégagé cinq grands enjeux de ce processus. " Ces enjeux influenceront l'étude de faisabilité, qui sera complétée l'été prochain ", dit-il.

Les résidus miniers

Premier enjeu : l'usine de traitement de minerai générera des résidus contenant des substances acides que les dirigeants d'Aurizon pensaient transporter par camion au site Casa Berardi d'Aurizon, situé à quelque 100 km au nord de La Sarre. " Les participants n'ont pas été en faveur de cette solution, qui génère la circulation d'une bonne quinzaine de camions par jour. Nous réfléchissons à l'idée de créer un parc à résidus sur place, à Joanna ", indique M. Bergeron.

Un deuxième enjeu concerne les réserves d'eau souterraine, la poussière et le bruit. Les participants voulaient savoir quels seraient les impacts de la mine sur les eaux souterraines, ainsi que sur la qualité de vie des résidents des lacs Joannès et Vaudray. " Nous ferons une étude hydrogéologique qui simulera les effets de l'exploitation de la mine sur la nappe phréatique ", explique M. Bergeron. Aurizon veut également prévoir les effets du dynamitage et des vibrations. Pour ce faire, la minière réalisera des simulations spécialisées.

Les milieux humides

En raison de la réglementation environnementale québécoise, Aurizon serait tenue de compenser la destruction d'un milieu humide par la création d'un autre milieu de même type. C'est le troisième enjeu. Les participants de la consultation ont suggéré, à la place, de se pencher sur l'étude d'un esker situé à proximité. " Étant donné que l'Abitibi regorge de milieux humides, on se demande si on ne pourrait pas investir afin d'en savoir plus sur cet esker situé à environ deux kilomètres à l'est de Joanna, et sur lequel on ne connaît rien pour l'instant ", signale M. Bergeron.

La restauration du site est également dans la mire. La minière ne comblera pas la future fosse. Elle veut plutôt élaborer un plan " réaliste ". " Après la fin de vie de la mine, la route et les bâtiments seront effacés. On mettra en place des mesures favorisant la revégétalisation. Les pentes de la fosse seront adoucies en ajoutant de la terre et des résidus miniers ", dit M. Bergeron.

Enfin, il faudra mettre sur pied un comité de suivi afin de s'assurer que les dirigeants d'Aurizon répondront adéquatement aux inquiétudes des citoyens. Il s'agit d'une des préoccupations majeures des participants à la consultation. Ce comité devra regrouper des employés de la minière et des gens du milieu. Une tâche délicate, indique M. Bergeron. " Notre défi consiste à trouver des gens intéressés au développement de la mine et qui ont une vision des enjeux environnementaux et sociaux. Ce ne sera pas simple. "

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