Ciment McInnis n'est pas intéressée par le Fonds vert pour Port Daniel

Publié le 16/03/2016 à 16:57

Ciment McInnis n'est pas intéressée par le Fonds vert pour Port Daniel

Publié le 16/03/2016 à 16:57

Par La Presse Canadienne

Les récents propos tenus par le ministre des Ressources naturelles, Pierre Arcand, entourant l'admissibilité de la cimenterie de Port-Daniel au Fonds vert ont surpris le président-directeur général de Ciment McInnis.

En marge d'une allocution devant l'Association des MBA, mercredi, à Montréal, Christian Gagnon a balayé du revers de la main avoir l'intention de solliciter cette enveloppe mise sur pied grâce aux revenus tirés de la Bourse du carbone visant à financer des projets de réduction de gaz à effet de serre (GES).

«Du tout», a répondu celui qui est aux commandes de Ciment McInnis depuis 2012, lorsque questionné sur le sujet.

Le mois dernier, M. Arcand avait laissé entendre que la cimenterie de Port-Daniel serait admissible au financement du Fonds vert dans l'éventualité où Ciment McInnis - contrôlée par la famille Beaudoin-Bombardier - investirait dans une technologie plus verte.

Théoriquement, les émissions de GES de ce projet de 1 milliard $, financé à hauteur de 450 millions $ par les fonds publics, pourraient osciller près de 1,76 million de tonnes par année. Cela ferait de la cimenterie le plus important émetteur de GES dans la province, si elle atteignait sa production maximale de 2,5 millions de tonnes par année. 

«Nous n'avons pas été consulté sur cette déclaration, a dit M. Gagnon. Honnêtement, on a été un peu surpris.»

Étant donné que Ciment McInnis table sur un plan pour des «réductions subséquentes» de ses émissions au fil des ans, il n'est pas question, à «court ou moyen terme» d'avoir besoin de l'argent du Fonds vert, a assuré son grand patron.

Actuellement, il est prévu que le coke de pétrole et le charbon seront les principaux combustibles de la cimenterie, qui doit entrer en service au printemps 2017. Plus tard, après une période de rodage, l'entreprise envisage d'avoir recours à de la biomasse provenant de résidus de coupe de bois. 

M. Arcand avait laissé entendre que Québec allait faire pression sur Ciment McInnis pour diminuer son empreinte carbone, conformément aux cibles de réduction de GES du Québec et aux engagements pris par le Canada à la dernière Conférence des Nations unies sur les changements climatiques, à Paris.

«Je pense que le ministre (Arcand) cherche des solutions, mais nous avons déjà un plan en place», a précisé M. Gagnon 

Parmi les points abordés dans son allocution, M. Gagnon n'a pas caché que le projet avait fait couler beaucoup d'encre en plus de provoquer de nombreux débats au chapitre de l'acceptabilité sociale.

Si celui-ci estime que l'entreprise a du pain sur la planche pour changer les perceptions du public, il croit néanmoins que le projet a été «mal compris» à l'échelle nationale.

«Nous sommes souvent montré du doigt comme étant les pires pollueurs, alors que technologiquement, nous arrivons avec ce qu'il y a de mieux dans le monde, affirme M. Gagnon. Nous sommes dans un grand paradoxe.»

Il ne cache pas que l'impact environnemental de la cimenterie de Port-Daniel sera important, mais qu'elle émettra 20% de moins de GES par rapport à la moyenne des installations similaires en Amérique du Nord.

De l'avis de M. Gagnon, ceux qui critiquent le projet devraient tenir compte du portrait mondial.

"Il existe, à l'heure actuelle, des cimenteries qui ont presqu'un siècle et dont la consommation énergétique est au moins deux fois plus élevée que celle de Port-Daniel, estime-t-il. Nous allons retirer du marché l'équivalent de la production d'une usine qui a une performance environnementale terrible."

Le dirigeant de Ciment McInnis est convaincu qu'une fois en service, la cimenterie de Port-Daniel génèrera moins que la cible "théorique" de 1,76 million de tonnes de GES.

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