La Chine renforce son contrôle sur l'internet

Publié le 17/10/2011 à 11:04

La Chine renforce son contrôle sur l'internet

Publié le 17/10/2011 à 11:04

Par AFP

Les autorités chargées de la propagande en Chine renforcent leurs contrôles sur l'internet, le Parti communiste (PCC), qui consacre à partir de samedi une partie de son plénum aux médias, s'inquiétant des risques de troubles favorisés par cette tribune trop libre à son goût.

Le pays comptant désormais un demi-milliard d'internautes, Pékin est de plus en plus préoccupé par la capacité de la "Toile" à influencer l'opinion publique, en maintenant par ailleurs un contrôle strict sur les médias traditionnels.

Ces dernières semaines, le chef de la propagande de la Chine, Li Changchun, qui occupe le cinquième rang dans la hiérarchie du Parti, a rencontré les patrons du plus important moteur de recherche chinois, Baidu.

A Pékin, il a aussi exhorté les hauts responsables chinois à davantage agir pour contrôler l'opinion publique, alors que le gouvernement est de plus en plus gêné par la montée en puissance des micro-blogs.

La Chine a déjà mis en place un système de censure de l'internet très perfectionné, surnommé le "Great Firewall", jeu de mot en anglais qui mélange les termes "Grande Muraille" ("Great Wall") et pare-feu ("firewall").

Mais les micro-blogs similaires à Twitter (en chinois: weibos) ont obligé les autorités à placer plus haut la barre dans les efforts pour filtrer.

Après un accident de train meurtrier en juillet, les utilisateurs des services de micro-blogage avaient ainsi envoyé des millions de messages critiquant les réactions des autorités à cette catastrophe, qui avait fait 40 morts.

Ce flot de messages avait pris les autorités par surprise, l'explosion des sites de micro-blogage rendant la censure de moins en moins efficace, ou la ralentissant. Le nombre d'utilisateurs de weibos a plus que triplé depuis la fin 2010, selon les données du gouvernement.

M. Li a également déclaré que les journaux d'Etat, dont deux ont été récemment placés sous le contrôle de la municipalité de Pékin, devraient relever le gant et "concevoir un nouveau type de champ de bataille" face à l'essor de l'internet.

Ses commentaires sont intervenus alors que la Chine a promis de sévir contre les "rumeurs" du Net --un terme souvent utilisé pour désigner les critiques du gouvernement.

De nombreuses sociétés en ligne sont privées, et le web pose de nouveaux défis au pouvoir pourtant habitué à bloquer les contenus qu'il juge politiquement sensibles.

Selon l'expert des médias chinois Xiao Qiang, les weibos représentent un vaste réseau sur lequel l'information peut être diffusée "à une vitesse sans précédent".

"Cela représente un défi considérable pour le contrôle idéologique et social du parti", assure M. Xiao, professeur à l'école de journalisme de Berkeley en Californie.

"Il y a une augmentation du nombre des troubles sociaux au sein des différentes couches de la société chinoise et dans presque chaque région et ville en Chine", poursuit-il.

"Bien que ces incidents soient localisés, ils peuvent souvent potentiellement propager les motifs de la protestation à d'autres couches de la société par le biais de l'internet, notamment par les microblogs", affirme-t-il.

Le mois dernier, le patron du géant de l'internet Sina, propriétaire du weibo le plus populaire de Chine, a déclaré que sa société avait mis en place des "mécanismes" pour contrer les "fausses informations et les rumeurs". De hauts responsables du parti communiste avaient au préalable rendu visite à Sina ainsi qu'au site de partage de vidéos Youku.

Anne-Marie Brady, spécialiste de la propagande de la Chine, ne prévoit pas de relâchement des autorités. "On peut s'attendre à ce que, dans la période qui précède la transition du leadership (au sommet de l'Etat au tournant de 2012/2013) et après le printemps arabe, le département de la Propagande centrale maintiendra un contrôle strict sur les médias chinois", a-t-elle dit à l'AFP.

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