Crise : Obama joue la transparence

Publié le 14/01/2009 à 00:00

Crise : Obama joue la transparence

Publié le 14/01/2009 à 00:00

Par La Presse Canadienne
Le président-élu pourra ainsi vendre son programme économique et mesurer son succès à l'aune de cette situation médiocre.

Alors qu'il tente d'obtenir un consensus politique au Congrès, afin de pouvoir agir rapidement après son investiture, Barack Obama a évoqué "une crise comme nous n'en avons jamais vu dans notre vie".

La récession "pourrait persister des années et le taux de chômage passer à deux chiffres" si rien n'est fait, et le pays devrait supporter des déficits de 1000 milliards $ US "durant les années à venir", a-t-il déclaré en guise d'avertissement.

Peu d'hommes politiques ou d'économistes seraient prêts à contester le fait que l'économie est à son point le plus bas depuis au moins une génération, peut-être même depuis la Grande Dépression. Mais aussi mauvaise soit elle, la situation ne peut être comparée à la crise des années 1930, lorsque 25 à 30 pour cent des Américains étaient sans emploi.

Les prédictions alarmistes de Barack Obama sont "un moyen d'abaisser la barre et de préparer son propre succès économique", estime Wayne Fields, professeur à l'université Washington à Saint-Louis et expert de la rhétorique présidentielle. "C'est une affirmation de son intention d'améliorer les choses", ajoute-t-il.

Les conseillers du président-élu sont conscients des risques liés à un pessimisme trop prononcé. Ils affirment qu'Obama cherche à contrebalancer cet effet en soulignant la capacité du pays à surmonter l'adversité, suivant l'exemple de Franklin Roosevelt.

Dans son discours inaugural, en mars 1933, ce dernier déclarait que "seul un idiot optimiste peut nier les réalités sombres du moment". Il a aussi prononcé la phrase célèbre selon laquelle "la seule chose que nous ayons à craindre est la crainte elle-même". Il a aussi déclaré à la nation: "Notre grande tâche est de mettre les gens au travail. Ce n'est pas un problème insoluble si nous l'affrontons intelligemment et courageusement."

George W. Bush, Bill Clinton et Ronald Reagan ont eux aussi émis des avis pessimistes sur l'économie au moment d'entamer leur mandat. Mais contrairement à ses prédécesseurs, Obama a évoqué les conséquences de la crise presque quotidiennement avant son investiture, lors de discours, de conférences de presse, de rencontres avec les parlementaires et même sur le site internet YouTube.

Il a ainsi pu poser les bases de son programme de relance de l'économie de 800 milliards $ US, destiné à créer ou sauver jusqu'à quatre millions d'emplois.

Il peut aussi chercher à débroussailler le terrain afin de pouvoir concentrer son discours inaugural sur d'autres thèmes plus larges mardi prochain, suggère l'économiste Rob Shapiro, l'un de ses conseillers. "Quoi que le président-élu dise, je ne pense pas que cela va davantage effrayer les gens que la réalité de cette crise", a-t-il expliqué.

Mais le discours pessimiste d'Obama présente aussi le risque d'aggraver la récession, selon David Wyss, économiste au sein de la société de notation financière Standard and Poor's. "La confiance est cruciale. Si vous répétez suffisamment à quel point les choses vont mal, les gens le croient et cessent de dépenser, ils cessent de placer leur argent dans les marchés boursiers", explique-t-il.

"D'un autre côté, sur le plan politique, si vous devez faire face à une récession, mieux vaut l'avoir en début de mandat. Ensuite, il faut tenter de la surmonter avant l'élection suivante", poursuit-il.

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