L'entrevue n°182: Olof Persson, pdg, Groupe Volvo


Édition du 30 Novembre 2013

L'entrevue n°182: Olof Persson, pdg, Groupe Volvo


Édition du 30 Novembre 2013

Olof Persson dirige le Groupe Volvo depuis septembre 2011

Olof Persson dirige le Groupe Volvo depuis septembre 2011. Auparavant, ce Suédois de 49 ans a restructuré Volvo Construction Equipment en pleine crise financière. Je l'ai rencontré à la mi-novembre alors qu'il annonçait un projet-pilote, coréalisé avec le gouvernement du Québec, pour tester trois autobus électriques à Montréal.

Diane Bérard - Le Groupe Volvo ne fabrique aucune automobile, mais vous partagez la même marque que Volvo Cars. Comment ça se passe ?

Olof Persson - Volvo a vendu sa division automobile à Ford en 1999. Depuis, le Groupe Volvo s'est transformé en société mondiale de camions, d'autobus et de construction. [Depuis mars 2010, Volvo Cars est la propriété du groupe chinois Geely.] Le Groupe Volvo et Volvo Cars sont des entités distinctes qui partagent la même marque. Nous avons développé une structure formelle de collaboration avec des mécanismes de contrôle et d'ajustement. Ils assurent que la marque Volvo conserve ses attributs et sa réputation, et qu'elle évolue dans la bonne direction.

D.B. - À propos de gestion de marque, parlez-nous de cette pub, lancée le 14 novembre, où Jean-Claude Van Damme réalise un grand écart entre deux de vos camions ?

O.P. - (Rires.) Nous venons de lancer une nouvelle marque de camions en Europe. Ceux-ci regorgent d'innovations technologiques. Nous voulions frapper un grand coup au lancement. Qu'est-ce qui compte le plus pour un camionneur ? Reculer avec précision. Que Jean-Claude Van Damme, le roi des arts martiaux, demeure en équilibre entre deux camions qui reculent prouve hors de tout doute la stabilité de nos véhicules. Un pied sur chaque miroir, Van Damme reste immobile, jambes légèrement écartées, pendant que nos camions reculent. Puis, ceux-ci s'éloignent l'un de l'autre, toujours parfaitement parallèles, et Van Damme accomplit un grand écart épique. Au moment du tournage, Van Damme a exprimé sa crainte de se retrouver sur la chaussée si les chauffeurs s'éloignaient trop... Nous l'avons rassuré, il ne s'agit pas d'un système de pilotage automatique. Chaque chauffeur contrôle parfaitement les mouvements de son véhicule. Nous avons d'ailleurs laissé Van Damme conduire un de nos camions avant le tournage, pour le rassurer.

D.B. - Quel est l'impact de cette pub ?

O.P. - Vous m'en parlez, non ? Et puis, elle a été téléchargée 40 millions de fois.

D.B. - Outre des camions, que fabrique le Groupe Volvo ?

O.P. - Les camions représentent de 60 % à 65 % de nos affaires. Les équipements de chantier comptent pour 20 % et les autobus, 15 %.

D.B. - Quel lien unit vos divisions ?

O.P. - Côté vision, elles aspirent toutes à la position de leader du transport durable dans leur secteur. Côté produit, elles comptent toutes un moteur et un châssis, ce qui permet le transfert de technologie.

D.B. - Votre devise, «déplacer le monde», pose tout un défi. Se déplacer en ville tient du cauchemar. Avez-vous des solutions ?

O.P. - Nous avons déployé le projet «Cité mobilité» qui repose sur la collaboration avec les autorités municipales. Nous redessinons le transport urbain pour l'alléger. Par exemple, à Göteborg, en Suède, où se trouve notre siège social, nous construisons une ligne d'autobus électriques qui comprend des arrêts intérieurs dans les centres commerciaux. Cela perturbe moins la circulation que des arrêts extérieurs. Sans compter la réduction du nombre de véhicules sur la route, puisqu'un arrêt intérieur devient aussi pratique qu'un stationnement intérieur. Nous installons aussi le Wi-Fi et des écrans de divertissement à bord de nos autobus urbains afin d'inciter les automobilistes à laisser leur véhicule à la maison.

D.B. - Vous proposez de décongestionner les villes en utilisant, entre autres, les autobus comme locomotives pour les voitures. Expliquez-nous de quoi il retourne.

O.P. - Nous appelons cette manoeuvre «le peloton». Il existe un véhicule de tête, un autobus ou un camion, auquel vous accrochez votre voiture pour faire un bout de chemin. Votre véhicule intelligent vous permet de localiser le peloton le plus proche. Le peloton réduit la consommation d'essence tout en rendant les routes plus sécuritaires, car le conducteur du véhicule de tête sera un conducteur professionnel. Sans compter une réduction de la congestion, car les véhicules du peloton roulent très près les uns des autres. Nous testons présentement cette forme d'organisation du transport urbain. Si tout va bien, on le verra sur toutes les routes européennes d'ici 2020.

D.B. - L'investissement de 561 M$ du gouvernement Marois pour électrifier les transports du Québec, c'est de la musique à vos oreilles...

O.P. - Montréal sera la première ville nord-américaine où nous testerons notre projet d'électromobilité. En 2015, trois autobus électriques Volvo sillonneront les rues de Montréal pour un projet-pilote de trois ans. Ils seront construits par Nova Bus, notre division québécoise, à Saint-Eustache.

D.B. - Électrifier les transports en commun à Montréal n'est qu'une première étape.

O.P. - En effet, d'ici 2016 ou 2017, nous comptons étendre notre projet d'électromobilité à d'autres villes partout dans le monde.

D.B. - En septembre 2013, le Groupe Volvo a annoncé un programme de restructuration. Pourquoi ?

O.P. - La concurrence est vraiment intense. Un grand groupe comme le nôtre doit constamment revoir sa structure de coûts. Nous avons ciblé des inefficacités dans les groupes de soutien, nous allons les corriger.

D.B. - En janvier 2013, vous avez annoncé un partenariat avec Dongfeng, le plus important manufacturier de camions en Chine. De quoi s'agit-il ?

O.P. - Nos camions ont pénétré tous les marchés, sauf la Chine. Nous attendons l'approbation finale pour une participation de 45 % dans Dongfeng. Cela nous permettra de distribuer nos véhicules en Chine. Mais nous comptons aussi distribuer les camions Dongfeng à l'extérieur de la Chine.

D.B. - Le Suède est-elle vraiment le paradis ?

O.P. - Je croyais que le paradis se trouvait au Canada ! La Suède est un bon pays, certes, mais rien n'est parfait. De toute façon, vous ne pouvez pas copier notre formule. Il faut tenir compte des spécificités culturelles. En Suède, par exemple, nous sommes très pragmatiques. D'autres peuples qui le sont moins ne pourraient appliquer certaines de nos politiques.

À la une

Budget fédéral 2024: l'art de se tirer dans le pied

EXPERT INVITÉ. Le gouvernement de Justin Trudeau «s’autopeluredebananise» avec son «budget mémorable».

Gain en capital: pas une surprise

EXPERT INVITÉ. «Combien d’impôt ça va vous coûter de plus?»

L'industrie technologique mécontente des mesures sur les gains en capital

Mis à jour à 17:22 | La Presse Canadienne

L'industrie technologique est mécontente des mesures sur les gains en capital.